Symphonie en fumée
Dans les méandres de ses escapades avec son groupe, alors qu'ils regagnaient son foyer, Max était captivé par sa tendre compagne qu'il serrait entre ses doigts, alors qu’il avait l'autre bras enlacé autour de Gysneil.
Dans un calme empreint de satisfaction, alors que la fumée grise s'échappait de ses narines, il lançait à Gysneil : "Crois-tu que je puisse rivaliser avec les meilleurs violonistes du pays ?"
Gysneil, empreinte d'amour, répondait : "Oui, je le crois, mais tu devrais envisager d'arrêter de fumer, cela encombre ton esprit. Tu serais tellement meilleur sans cette habitude !"
"Je ne pourrais pas arrêter. Tout comme toi, elle m'apporte sérénité et contrôle. Sans elle, je me sentirais perdu. Et ce n'est pas une simple assertion. Je crois sincèrement que je serais anxieux et désorienté sans elle pour la musique", rétorqua Max d'un ton empreint de crainte.
Il faut dire que Max avait commencé à fumer dès l'âge de 14 ans par mimétisme des personnes plus âgées. Au début, la fumée le faisait tousser et il détestait le goût. Mais avec le temps, il avait appris à l'apprécier, à l’amadouer, à voir ses bons côtés et maintenant, il était devenu indissociable d’elle, tout comme son amour de toujours. Du lever au coucher, elle était toujours là, présente à ses côtés, jusqu'à la fin. Elle prenait la place de Gysneil, mais à la différence de cette dernière, elle ne se plaignait jamais du comportement de son mari.
Pourquoi s'acharner autant ?
Malgré les regards désapprobateurs de la société et de sa femme, il ne pouvait s'empêcher de s'isoler, de ressentir sa plénitude sur scène, tout en étant préoccupé par l'état de sa compagne toxique et en confiant sa vie à une substance problématique. Avec d'autres fumeurs, il satisfaisait son besoin de nicotine en dehors de la scène. Toujours insatisfait, ses papilles de s’extasier devant l’odeur de sa chérie trahissait la volonté de Max de mettre un terme à cette relation de plusieurs décennies.
Il savait que, ce qu’il faisait, était rédhibitoire pour sa santé, mais il était incapable d'arrêter et pas conscient des dangers que lui procuraient sa bienaimée. Il se disait qu'un jour, il verrait les choses autrement, mais il ne faisait rien pour changer. Il espérait échapper au destin funeste que la cigarette lui réservait s'il continuait à fumer un paquet par jour. Il en était conscient, mais il ne partageait pas le même point de vue que les militants anti-tabac. Lorsqu'il était stressé par le cumul des tâches professionnelles et de sa passion, il fumait encore plus. Il suffisait qu'on perturbât ses habitudes pour qu'il se précipitât vers son paquet de cigarettes.
En secret, il se morfondait tel une huître sortie de l’eau de ne pas pouvoir arrêter et s’imaginait une vie sans tabac bien malgré lui. Il versait parfois des larmes sur son sort. Seul, il affrontait ce terrible fléau mais était-ce la bonne solution ? Tant qu’il ne comprenait pas les dysfonctionnements relationnels de son vécu, il était trop tôt pour demander de l’aide ou trop présomptueux de faire jaillir l’alarme. Mais dépêche-toi Max l’heure tourne !
Et, pour l'instant, la cigarette ne l'empêchait pas de jouer brillamment de son instrument. Il le maîtrisait si bien qu'il était souvent ovationné par le public pour sa virtuosité. Il ne jouait pas pour l'argent, mais pour trouver un moyen de s'évader de son quotidien. En effet, il était policier, et chaque jour, il devait veiller au respect de l'ordre public et sur la sécurité des personnes. C'est ainsi que commençait l'histoire de Max et de sa dépendance au tabac.
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