Harmonies de la dépendance : La symphonie de Georges

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Après ces mots empreints d’une grande moralité parentale, épris par la musique de son fils, il décidait de partir dans le salon plein d’émotions sublimes. Pourtant, Max était piégé par son envie insoutenable de parcourir une fois de plus les tréfonds de son désir d’une tirée nicotinique.

Après avoir salué sa femme et confié sa totale soumission aux désirs en lui, il s’absentait une dizaine de minutes dans la véranda en proie à la dure décision de s’intoxiquer les poumons une fois de plus.

Il tirait le paquet entamé de sa blouse usée et transpirante de la stature de son corps et imaginait le réflexe qu’il effectuait à chaque moment de pause cigarette.

Le même rituel chaque heure le contraignait tel un animal asphyxié à un débat épique entre la raison soumisse et sa volonté d’un avenir plus radieux pour ce fumeur de plus de 20 ans et d’un paquet par jour.

Pourtant, derrière son apparence confiante durant ces heures de gloire, son désir était voilé par une fragilité intérieure, solitaire et sérieuse. De temps à autre, un profond ras-le-bol le traversait, mais jamais il n'osait envisager que sa santé mentale pourrait s'améliorer s'il parvenait à se libérer de cette prise de conscience oppressante de son addiction. La manipulation de cette aura négative altérait ses moments de joie retrouvée à chaque cigarette et faisait place à une culpabilité immédiate pour ne pas réussir à revenir en arrière.

La raison présumée ne le titillait pas à l'instant. En fait, cette justification s'évanouissait comme la brume matinale.

Il était profondément troublant de constater que son subconscient était submergé par sa dépendance au tabac. Celui-ci semblait accessible, analysable, secouable, mais finissait toujours par piquer, mordre et soumettre même la volonté la plus retorse. Aucune victoire ne semblait pouvoir venir à bout des symptômes de cette dépendance.

Pourtant, au plus profond de lui-même, Max continuait à céder à son habitude avec parcimonie et aspirait désespérément à s'en libérer définitivement.

À présent, les inhalations toxiques le privaient de sa douce mélodie intérieure, remplaçait ses notes de bonheur par des accords lugubres et sombres et rappelait des temps d'asservissement à l'addiction.

Ainsi, ce fumeur s'accordait, selon ses envies, une ou plusieurs doses de nicotine et chaque inhalation l'éloignait un peu plus de la réalité.

Voici en résumé quelques-unes des motivations de son addiction.

Ainsi, le succès futur de son fils en tant que pianiste de musique classique lui procurait énormément de satisfaction et renforçait ses moments de bonheur et d’émotions positives. Les situations d’une telle complexité le plaçaient dans un état propice à chercher du réconfort dans la nicotine. Une dose plus ou moins forte de cette substance le faisait perdre contact avec la réalité et étouffait son aura d’homme sûr et confiant, démoli par son désir ardent de se confronter à la cigarette.

Mais ce n’était pas la seule raison. Bien que mon objectif fût de décrire avec précision les moments de faiblesse de Max, il est clair que, par exemple, l’expression de ses émotions sincères et authentiques lors d'une conversation animée de tensions multiples le conduisait souvent, après celle-ci, à saisir automatiquement son briquet et à faire flamber son petit vice.

Pourquoi ? Le souvenir des moments désagréables, par ci par là, le hantait et le persuadait qu'inhaler la fumée lui permettrait de se sentir plus à l'aise avec ses émotions.

Lorsque Max s'adonnait à une activité plaisante, il basculait instantanément d'un état de confort à un combat intérieur entre le désir de résister à son vice et la tentation de s'accorder un moment de répit bien mérité. Les tâches quotidiennes, telles que la marche, le changement d'ampoules ou le maintien de relations familiales et amicales, semblaient toujours le ramener à son addiction, malgré lui.

De plus, la peur jouait un rôle prépondérant dans sa vie quotidienne. Confronté à des situations stressantes, la peur le plongeait dans l'obscurité et le poussait à recourir à la cigarette pour calmer son anxiété. Bien qu'il aspirât à se libérer de cette dépendance, la peur l'entravait dans son progrès et le ramenait invariablement à son point de départ.

Pour toutes ces raisons, et bien d'autres encore enfouies dans son subconscient, Max, prisonnier de son addiction, menait une existence terne et solitaire mais un soleil radieux pointerait un jour le bout de son nez aux vues des réalisations effectuées jusqu’à aujourd’hui.

Après avoir apaisé ses envies avec le goût amer du tabac, il décidait d'appeler ses deux vieux amis, Georges et Thomas, eux aussi fumeurs mais plus insouciants et plus jeunes.

Le téléphone portable sur sa véranda vibrait méthodiquement d’un son mélodieux lorsque Max composait le numéro de téléphone de ses deux compères, fidèle parmi les fidèles amis de ce dernier. Une voix familière retentissait et Max s’exclamait : « Allo, Georges, comment vas-tu ? » Georges répondait : « La routine d’une vie mondaine. Max, tu es chez toi en ce moment ? » « Oui », répondait Max d’une voix surprise. « Attends-nous, nous arrivons ! » Georges raccrochait précipitamment et les deux frères sortaient de la pénombre leur bolide rouge sang.

Max se demandait, un peu à l’emporte-pièce, ce que ces deux amis lui réservaient pour 21h30, heure prévue de leurs entretiens. Max attendait fébrilement, mais, tout aussi impatient et curieux, de leur venue alors qu’il s'adonnait, une fois n’est pas coutume, à une nouvelle inhalation de cigarette, la 20ème de la journée, une habitude indissociable de son désir précipité d’en finir avec la vie.

Ses amis arrivaient, la pédale du champignon appuyé à fond, quinze minutes plus tard, un temps record. Ils avaient roulé à vive allure et avaient commis quelques infractions au passage, telles que brûler un feu rouge. Alors qu’il se garaient dans le hall d'entrée, ils évitaient le lourd tracas de descendre dans les garages souterrains. Ils savaient qu'ils ne resteraient pas longtemps.

Au seuil de la porte, Max et Gysneil, inséparables, les accueillaient à bras ouverts et leur demandaient d’un ton chaleureux et empli de bonnes intentions : « Que nous vaut votre visite à une heure aussi tardive ? »

Les deux amis répondaient et accompagnaient leur excuse d'une pirouette : « Excusez-nous, mais nous devions finaliser notre prochain spectacle et Thomas a eu une idée géniale que je me devais de partager avec vous. »

Ils entraient avec entrain, Euriphate déjà endormi dans ses rêves de grandeur. Thomas prenait l'initiative avec enthousiasme : « J'aimerais avoir votre avis sur le début de cette mélodie que j'ai intitulée « Comme un rêve ». »

Il prenait sa basse et entonnait un son musical plein de promesses et de rêves. Elle résonnait juste et ravivait les cœurs assombris par la mélancolie des hôtes. Ainsi, il entamait :

« À mes merveilleux amis,

Vous m’avez tiré de la misère

Pour me faire découvrir les affres d’une vie mondaine.

J’ai tant pleuré la perte de mon humble confort,

Mais j’ai gagné de nouvelles perspectives sur le monde.

Je ne regrette pas le temps passé,

Mais je me languis de mes caprices,

Grandioses et virevoltants.

Aujourd’hui, je me nourris

Du rêve de préserver mon chez-moi,

Fait de rêves parsemés de beaux paysages. »

Thomas ajoutait non sans une curiosité de ces hôtes : « Qu’en pensez-vous ? N’est-il pas opportun d'introduire notre prochain spectacle par une si belle mélodie ? »

Max, alors qu’il reprenait le ton enjoué de la conversation, répondait : « Oui, en effet, c’est une très belle mélodie. Nous devons réfléchir à la manière de l'intégrer dans notre spectacle. Tiens, venez fumer une cigarette sur la véranda. J'ai quelques révélations à vous faire. »

Le trio, accompagné de Gysneil, non fumeuse, se retrouvait dans la véranda.

Alors qu’ils prenaient des bouffées de nicotine, Max prenait la parole : « J’ai décidé de faire appel à un hypnotiseur pour me débarrasser de cette habitude de fumer. »

« C’est une blague, n'est-ce pas ? » répondaient les deux compères.

« Non, c’est sérieux. J’en ai assez de toujours être esclave de cette dépendance à la nicotine », déclarait Max d'un ton déterminé.

« Comme tu veux, mais souviens-toi de notre promesse : si tu réussis, nous arrêterons de fumer aussi », faisaient les deux compères.

« D’accord, rendez-vous mercredi après-midi. J’ai une demi-journée de travail. Nous pourrons réfléchir ensemble et intégrer le début de la mélodie que tu nous as partagée », proposait Max.

« Pas de problème », répondaient Thomas et Georges et saluaient les résidents avant de retourner chez eux, à 20 km de là.

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