la meilleure façon de passer son temps
La situation de Max semblait prendre une tournure de plus en plus éloignée de la tranquillité qu'il désirait tant. Chaque avancée dans sa lutte contre le tabagisme était suivie de reculs désespérants, dès que sa volonté faiblissait face à la tentation.
L'horloge biologique de Max semblait être en déroute et se dirigeait inexorablement vers une fin tragique, à moins d'un secours extérieur imminent. Un hypnotiseur était perçu comme le remède le plus prometteur pour ce solide gaillard, physiquement robuste mais si désemparé face à ses propres démons.
Cependant, pour l'instant, Max devait se rendre à son travail en tant qu'inspecteur en chef. Il était plongé dans une sombre affaire de cambriolage, et il aurait aimé démêler les fils de cette intrigue coûte que coûte.
Arthur, avec un ton jovial, venait le voir à l'heure du déjeuner pour faire le point et lui annoncer fièrement une bonne nouvelle.
« Bonjour chef, un hypnotiseur du nom de Duparz Yan vous attend impatiemment à cette adresse demain à 18h. Qu’en pensez-vous ? » annonçait de vive voix l'assistant.
« Je m’en réjouis grandement. As-tu réussi à lui transmettre les détails essentiels sur mon addiction en quelques mots ? » demandait Max avec un enthousiasme éloquent, son visage illuminé par un large sourire.
« Comme je le soupçonnais, mon expérience m’a permis de lui fournir quelques informations sur votre vie privée. Et alors que je décrivais votre situation, ce monsieur m'a expliqué le contenu de la méthode et ce que vous allez y découvrir », expliquait Arthur avec conviction et pointait son doigt vers sa tempe pour désigner l’emplacement.
« Monsieur Duparz m'a interrogé à plusieurs reprises sur votre comportement face à l'addiction. Il m'a assuré que chaque individu réagit différemment et que la pratique nécessite une modification subtile de l'état de conscience », ajoutait-il.
« Aucun risque de vous voir dans un état végétatif », plaisantait Arthur, ravi de susciter un tel enthousiasme chez son interlocuteur. Max reprenait la conversation avec assurance et enchaînait sur les propos de son second.
« Entendu, tu m’as convaincu par la force de tes mots. Je vais y aller et démontrer que la cigarette a atteint sa fin dans ma vie », affirmait-il.
Arthur restait à côté de son chef et abordait le sujet du cambriolage survenu quelques jours auparavant. « Avez-vous obtenu des résultats concernant l’enquête en cours ? »
« Non, mon jeune ami. Je dois revoir la manière dont ils ont procédé et explorer toutes les pistes possibles pour dénouer cette affaire. J'ai justement rendez-vous avec les propriétaires ce matin. En leur compagnie, je pourrai obtenir plus de détails sur le butin volé et sur la manière dont leur maison a été vandalisée. Est-ce un acte isolé, une affaire personnelle, ou une nouvelle bande opérant dans la région ? Toutes ces questions tourbillonnent sans cesse dans mes pensées, notamment lors de mes nuits agitées », exposait-il.
Arthur partait fumer sa cigarette, et même si sa femme essayait de le dissuader avec quelques remontrances, il ne se laissait pas détourner par son plaisir.
« Bon, ça prend du temps. Attends-moi, je te rejoins », disait Max, pressé d'aller fumer sa propre cigarette pendant ce moment d'hésitation.
Ils se dirigeaient tous les deux vers la terrasse extérieure où des cendriers étaient disposés sur les tables, prêts à raviver la flamme de leur passion pour la fumée suffocante.
« Au fait, je ne t'ai pas dit, mon fils progresse énormément au piano et sera bientôt meilleur que son père », s'empressait de faire remarquer consciencieusement Max à voix haute, avant d'allumer son propre bâton de mort.
« C’est une superbe nouvelle, vivement que je puisse assister à un de vos concerts. On dit beaucoup de bien sur les Diner Floy », répondait Arthur, passionné et curieux du ton musical de la famille de Max.
« Tiens, prends. Ce sont des billets pour samedi. Tu pourras venir avec ta femme et votre petit ange », répondait Max, sociable et prêt à rendre service.
« Merci, je te ferai savoir si je compte venir », assurait Arthur.
Il était temps de retourner aux affaires courantes, et lorsque Max revenait à son bureau, deux personnes étaient assises, les jambes croisées et les bras croisés contre leur poitrine, l'air à la fois bronzé et paniqué.
« Bonjour monsieur, nous venons d'arriver ce matin et nous voulons déposer une plainte pour le cambriolage de notre résidence, rue des Argenels », déclarait l'homme d'une voix ferme mais désespérée, semblable à une maison ravagée par un ouragan.
« Oui, suivez-moi. Mon assistant Arthur va prendre votre déposition et m'enverra une copie pour mon enquête », déclarait Max et les conduisait d’un pas vif vers le bureau d'Arthur.
Arthur prenait la déposition, mais les déposants semblaient peu enclins à parler de la marchandise volée. Pourquoi ?
Un défaut de mémoire ? Une affaire plus secrète qu'elle n'en avait l'air ? Toutes sortes d'hypothèses traversaient l'esprit d'Arthur, son dévoué adjoint.
Après avoir rédigé le procès-verbal, Arthur rejoignait son chef et tenait une copie du document dans sa main.
Annotations
Versions