Seul et unique Chapitre

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J’passais par la rue Mougins, j’allais au café du lendemain pour voir Pierrot pour un service. Il devait être dix-huit heures, p’t-être dix-huit heures trente, dans ces eaux-là, y faisait pas encore nuit, mais faisait sombre et les lampadaires étaient pas allumés.

Là, du coin de l’œil, j’vois un truc qui bouge.

J’tourne la tête, mais rien, juste une impression, et quand j'dis une impression, c’est plutôt comme un mauvais pressentiment, une sorte de frousse qui te prend les tripes et les lâche pas.

Tu sais que je suis pas du genre à avoir les miquettes, mais là, y a vraiment un truc qui me fait flipper, alors je presse le pas et j’essaye de me rassurer.

Les idées se suivent, d’abord celle d’un rat, mais énorme, et plein de vers dégueulasses, comme ça me plaît pas, j’imagine un chat, un gros gouttière pour l’attraper, mais le problème c’est que je le vois énorme, tellement grand que j’suis une souris à côté de lui.

Là, je panique et j’arrête pas d’accélérer, mais je sens bien que le machin me suit, toujours à la limite de ma vision.

Et puis je commence à avoir froid, j’transpire des rivières, tu vois le genre quand ça coule et trempe ta chemise.

Et chaque fois que je pose les yeux quelque part, j’aperçois le machin qui se barre et disparaît comme s’il existait pas, mais j’sais qu’il est là et qu’il me veut pas du bien. Tu m’connais, j’allais pas me laisser impressionner plus longtemps, alors j’prends le passage Carron, celui avec les zig, les zags et l’escalier bien raide.

Si le gros gaspard en a après moi, que j’me dis, j’allais lui faire regretter la monnaie de sa pièce. J’avance entre les murs, j’y vois pas grand-chose et je marche à pas de velours. Derrière, j’entends des sortes de crissements sur les pavés, mais j’prépare mon plan.

Au premier tournant, y a toujours les petits bruits derrière moi et j’m’arrête en tapant des pieds pour qu’il croie que je continue de grimper, pis j’attends. Plus un son, j’vois quasiment rien tellement fait noir, mais au moins, il rôde plus au coin de mon regard. Je recommence à avoir les chocottes, une sensation pas agréable qui me serre l’estomac et je lève les yeux d’instinct. J’le vois, agrippé aux pierres avec ses pattes pleines de griffes, son corps de bébé joufflu tout rouge et sa tête ronde avec des oreilles pointues et des petites cornes ridicules. Dans sa main, un gros maillet qu’il écrase sur ma caboche.

Voilà, tu connais toute l’histoire. En tout cas c’est gentil d’être venu me voir et d’m’avoir apporté des fleurs.

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