CHAPITRE 1 - 1

5 minutes de lecture

CHAPITRE 1-1

1ère relecture faite

LOLA

Eh bien voilà ! je fêtais mes vingt-cinq ans, seule avec une coupe de vin blanc pour me souhaiter mon anniversaire…Bon anniversaire Lola ! disai-je au ciel en levant mon verre.

J’aimais ma solitude. Les gens me dépeindraient comme quelqu'un d’asociale, j'appellerais plutôt cela de la timidité, un manque de confiance en moi. Les séquelles invisibles de traumatismes subits par ma génitrice.

Donc je me trouvais installé sur la terrasse de ma petite maison où j’avais emménagé trois jours plus tôt. Située au milieu de nulle part, mon premier voisin vivait à environ cinq kilomètres de chez moi, étonnant non ? Étant seule, les démménageurs travaillèrent d'arrache pieds pour tout ranger, sauf les éléments très personnel qui m'appartenaient. Comme ma lingerie par exemple, inutile de l'exposer à des inconnus.

Je l'avais acquis trois mois plus tôt, un vrai coup de cœur. Étonnement, pas une seule personne ne s'intéressa à ce bien, ce qui me convenait. Je recherchais une maison sur internet et je reçu un mail avec des photos du chalet et une proposition de vente.

Je la visitais, accompagnée d'une femme qui me servit de guide, mais je ne me rappelais que très peu d’elle, bizarre. Je tombais sous le charme de ce chalet et signais le contrat d’achat dans la foulée. Avec le recul, n'ayant sollicité personne, cela me semblait étrange, mais les papiers étant en règles, je ne m'inquiétais pas outre mesure.

Je laissais mon regard errer autour de moi, j’adorais mon chalet en rondins à un étage. Une terrasse en bois l'entourait et une petite toiture la surplombait. Celle-ci m'offrirait de l’ombre l’été et m'abriterait des intempéries l’hiver.

Mon refuge - c’est ainsi que je le ressentais - se situait sur un terrain entouré de bois dans une vallée luxuriante. Au bas de la pelouse descendant en pente douce face à l'entrée du chalet, en entendait le chuchotement d'un cours d’eau qui serpentait au travers d'arbres disséminés tout le long du ruisseau.

La nuit reprenant ses droits, une chouette commençait à ululer et une autre lui répondit. Un renard glapissait non loin.

J'aimais ses sons nocturnes, je me sentais bien, apaisée. Et pas si seule que ça à ces moments-là.

Je me resservais un autre verre lorsque je perçus un mouvement du coin de l'œil, je tournai la tête et vit une ombre se déplacer juste à trois mètres de moi. Je haussai les épaules, car je savais qu'il s'agissait d'une illusion.

Ces visions m'arrivaient souvent, depuis toujours en fait, donc je n’y prêtais pas d'attention. D’après un spécialiste, cela ressemblait à des hallucinations CBS (Charles Bonnet Syndrome) qui atteignent en principe les personnes âgées ayant des problèmes de vue. Or prenant en compte mon âge ainsi que l'absence de soucis oculaires, et ne trouvant pas d’où venait cette bizarrerie, je l'avais occulté.

J'appréciais la douceur de la nuit, ainsi que le ciel dégagé qui montrait son tapis d’étoiles scintillantes. Ici, la pollution lumineuse n’entachait pas cette vue grandiose.

Je cherchais d’instinct la Grande Ourse. Vers l'âge de huit ans, mon père m’appris à reconnaître cette constellation. Dès que je voyais des étoiles, je sondais le ciel pour la trouver et pensais à lui. Sa mort, survenue cinq ans auparavant m'attristait toujours autant.

Loyal envers ma mère, malgré le mal que lui et ses filles subirent par sa faute, les gens voyaient en lui de la faiblesse, plutôt que sa bontée et sa gentillesse d’âme.

AARON

À la lisière des bois, un chat au pelage beige à poils longs marchait avec nonchalance, la queue bien droite, avec cet air hautain commun à tout les félins. Je l’attrapai par la peau du cou pour l’amener à hauteur de mes yeux. Il feula et gronda mais sans sortir les griffes.

Je grondai à mon tour en secouant le pauvre animal comme une poupée de chiffon.

— Tobias ! ! mais qu’est-ce que tu fous bordel de merde ! ! qu’est-ce que tu fais là d’abord ?

Lâche-moi, Aaron ! ! je me promenais, ça te pose un problème ?”

Incapable de parler sous sa forme animal, il utilisait la télépathie.

— Je répète ! qu’est-ce que tu fous ici ? grognais-je en montrant les dents.

D'accord, je te suivais.

Je plissai les yeux.

— Je te demande pardon ?

Je te suivais, répéta-t-il en feulant. Écoute, je te vois partir en catimini du village pour aller je ne sais où depuis quatres jours. Les autres commencent à se poser des questions. Bientôt, tu vas te retrouver avec les Protecteurs sur le dos. Malgré ta discrétion, ils vont s’apercevoir que tu traverses tous les soirs.”

— Merde ! Tu ne leur a rien dit ?

Tobias se renfrogna et me jeta un regard mauvais.

Tu doutes de ma loyauté ?”

— Désolé, marmonnais-je penaud. Puis la colère revint au galop. Mais pourquoi t’être approché d’elle au risque qu'elle te voit espèce d’imbécile !

Tobias me lança un regard condescendant.

Pas sous ma forme éthérée ! ! Maintenant, lâche-moi crétin ! !”

— Mouais. Mais je crois qu’elle t’as vu, arguais-je en le laissant tomber.

Tobias feula en se réceptionnant tant bien que mal.

Impossible, tu sais que sous cette forme nous sommes invisibles aux yeux des humains. D’ailleurs pourquoi viens-tu ici ?”

— Parce je savais que le Gardien devait céder sa place à un nouveau, je voulais donc lui faire mes adieux, mais il est déjà parti, sans aucun remplaçant. Eux seuls peuvent accèder au chalet. Je voudrais savoir pourquoi et de quelle façon cette femme se retrouve ici, ainsi que la raison pour laquelle personne ne semble au courant de l’absence de Marc. Quelque chose cloche, et je veux découvrir quoi.

Euh… il s'agit plutôt du boulot des Protecteurs, tu aurais dû les alerter dès le début, non ? ”

Je secouais la tête. Je savais que les Protecteurs devaient être avertis, mais quelque chose m’en empêchait. Mon instinct me soufflait qu'avant de le faire, il fallait que j'en sache plus. La jeune femme m’intriguait.

Trois jours auparavant, lorsque je l'aperçue pour la première fois, je me figeais à la vue d'un camion de déménagement devant le chalet.

De temps en temps, j'allais rendre visite à Marc. J'aimais discuter avec lui du monde des humains, curieux et avide d'entendre les histoires passionnantes qu’il me racontait.

Cette maison se transmettait de Gardien en Gardien depuis des générations, choisis pour empêcher les intrus de s'approcher du passage. En aucune façon, un humain ne pouvait l’habiter. Je m’apprêtais à aller prévenir les Protecteurs, lorsque je remarquais une jeune femme qui sortait d’un fourgon garé derrière le camion de démménagement.

Elle semblait avoir une silhouette gracieuse et svelte, une taille moyenne, ainsi que des cheveux courts d’un brun lumineux. Je me situais trop loin pour voir ses yeux et son visage mais son aura m'intriguait. Elle affichait des couleurs flamboyantes, un véritable arc-en-ciel, mais j’y voyais aussi des ombres grises. Et ça, ça ne me paraissait pas normal, pas normal du tout. D'où ma décision de l’observer pour comprendre ce qui clochait.

— Oui, je sais. D’ailleurs, je me demande pourquoi personne ne semble s'interroger sur cette présence et l'absence de Gardien. Pourquoi le Meneur n'a envoyé aucun Protecteur pour savoir ce qu'il se passait ?

D'accord, c'est étrange, mais que comptes tu faire ?”

— Pour l’instant attendre, j’aviserai ensuite.

Ok, je vais rentrer et essayer de savoir si quelqu'un sait se qu'il se passe.”

— Tiens moi au courant.

Tobias s’enfonça dans les bois et disparu.

Annotations

Vous aimez lire Lina2402 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0