Chapitre 2 - 1
2 - 1 RA fait
AARON
Je me matérialisai de nouveau dans les bois où l’environnement différait quelque peu du monde des Terriens. La flore, semblait identique à celle des humains, mais ses tapis de fleurs aux couleurs luminescentes, ainsi que ses plantes élégantes et ses forêts majestueuses, la rendait beaucoup plus luxuriante. La voûte céleste elle-même dévoilait des étoiles plus étincelantes.
Des oiseaux volaient entre les branches, si gracieux avec leurs longues plumes légères aux couleurs pastels, apportant également leur luminescence à la nuit.
Notre monde, Asilia, vivait d'énergie. Celle-ci venait de toutes les âmes qui y circulaient. Certaines restaient ainsi, virevoletant autour de nous, produisant les vents, les nuages et l'atmosphère. D'autres créaient les matières végétales, les nourrissant, tels que les plantes, les arbres ou la terre. Chaque élément de notre univers naissait de cette façon. Et enfin les énergies des âmes des défunts de notre peuple, les Asilien, c’était leur essence que nous recevions lors de notre évolution et qui fusionnait avec nous, nous offrant leurs dons et pouvoirs.
Tout à coup, j’entendis des bruits de sabots. Je levai la tête et vis s'approcher trois cavaliers.
— Merde ! Voilà les ennuis.
— Aaron ! Le chef veut te voir tout de suite ! !
— Et pourquoi ça ?
Le cavalier haussa les sourcils.
— Peut-être pour savoir pourquoi tu enfreins les règles depuis une semaine ? Tu pensais qu’il n’en saurait rien ?
Aaron grogna.
— Bah ouais, dis-je en marmonnant.
Le cavalier secoua la tête avant de dire.
— On t’accompagne.
— Alric, je connais le chemin !
— Oui, mais moi je te connais aussi et il est hors de question que tu te barres en douce.
— Et pourquoi ferais-je une chose pareille ? Les cavaliers ricanèrent. Pfff ! ! D’accord, je vous suis.
Je me retrouvais encadré comme un prisonnier.
— Non mais sérieux ?
— Avance et tais toi.
En silence, je suivis les Protecteurs, des guerriers entraînés au combat, formés pour protéger les "innocents. "
De vraies armoires à glace, ils possédaient un casque intégral et une armure, crées avec une matière souple et légère qui semblait transparente et vivante. Mais aussi solide que du kevlar. Ces protections se composaient d'énergie. Les Protecteurs pouvaient les endosser ou les occulter d’une simple pensée. Leurs destriers entraînés au combat et aux situations de danger, portaient les mêmes cuirasses, les faisant apparaître ou disparaître - étant en symbiose avec leurs maîtres - en même temps que ces derniers.
Ils étaient armés jusqu’aux dents. Alric, le chef des Protecteurs possédait une épée attachée dans le dos, ainsi que des dagues cachées un peu partout sur lui.
Je le savais puisque je les fabriquais. Ma réputation en tant que forgeron dépassait les limites de notre canton. Mes lames étaient recherchées dans mon monde. Je forgeais, adaptais, et gravais chaque arme pour un combattant spécifique. Je travaillais les métaux, n’importe lequel, et voir ces lames portées par ces hommes me rendait fier.
On traversa le village et nous arrêtâmes devant un grand portail en fer forgé. Des Gardes bloquaient l’entrée mais s’effacèrent à l’approche des cavaliers. En m'apercevant, ils me regardèrent puis levèrent les yeux au ciel en secouant la tête.
Avec l’impression d’être un gamin emmené au bureau du proviseur pour se prendre une soufflante, je soupirai en lançant un regard noir aux Gardes.
Derrière le portail, les cavaliers prirent la direction des écuries alors que je me tournais face à la magnifique demeure du Meneur. Elle possédait trois niveaux. Les deux étages supérieur, construits en bois massif avec des fenêtres et des balcons de forme gothique intégrés, surplombaient le rez-de-chaussé. Fabriqués en pierre de taille dans les tons beiges, il était percé de larges baies vitrées. Malgré les apparences, il s’agissait d’une véritable forteresse.
J'admirai l’architecture de la maison lorsque la porte d’entrée s’ouvrit.
Une femme de petite taille aux cheveux blonds tressés, habillée d’une robe bleue légère à fleur s’avança vers moi. S’arrêtant sur le perron, elle posa les mains sur les hanches.
— Tu comptes rester là longtemps ? ou faut-il te ramener par la peau des fesses ?
— J’arrive ! j’admirai ta demeure.
— Oui, bien sûr. Je pense plutôt que tu essaies de retarder l’inévitable.
— C’est vrai aussi, avouais-je avec un sourire charmeur.
— Tu sais qu’il est furax ? Il va t’arracher les yeux. J’espère que tu possède des arguments en béton, argua-t-elle d’une voix dure. Toutefois son regard exprimait la malice et la compassion.
— Je crois… je déglutis. Je crois que mes raisons sont importantes…
— Alors allons-y.
Alia la compagne du Meneur de la région, semblait fragile avec son allure de poupée, sa petite taille, sa peau pâle et ses yeux en amande d’une étonnante couleur lavande. Sa bouche sensuelle s’étirait la plupart du temps sur un sourire bienveillant. Mais si son regard lançait des éclairs et s’adressait à vous mieux valait faire profil bas. Elle possédait une force de caractère étonnante, et indispensable pour pouvoir vivre avec le Meneur.
Après être entrés dans la maison, nous traversâmes un hall et nous arrêtâmes devant une très belle porte en bois massif, ouvragée d’arabesques sur toute sa surface.
Alia toqua.
— ENTREZ ! ! aboya la voix tonitruante du Meneur.
Alia grimaça et poussa la porte. Je me demandais si en effectuant un rapide demi-tour et en courant très vite et très loin, je pouvais éviter de me faire botter les fesses. Mais à la place, je levai le menton et entrai à la suite d’Alia. Elle traversa la pièce et contourna un énorme bureau en granit noir, et posa sa main sur l’épaule de l’homme qui lisait un document, installé dans un fauteuil en cuir. Elle semblait minuscule à côté de lui.
Je regardai autour de moi. Deux canapé en cuir noir se faisaient face, séparés par une table basse en verre et acier, donnant une allure très masculine au bureau. Une large baie vitrée, à gauche de la pièce inondait celle-ci de lumière. Jouxtant cette dernière, je distinguai une petite salle de réunion avec un petit bar d’angle. Des bibliothèques qui montaient du sol au plafond encadraient une cheminée situé au milieu du mur de droite. Derrière le Meneur, des étagères et des placards emplis de documents et dossiers. Ici et là, des plantes aux fleurs pastels diffusaient leurs fragrances subtiles accompagnant celui du cuir.
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