CHAPITRE 2 - 2
Je baissai mon regard et rencontrai les yeux bleus de mon chef. Celui-ci était une force de la nature. Comme tout les Protecteurs et les Gardes, il avait un physique de combattant fait de muscles et d’assurance. Il n’était pas le Meneur pour rien. Il respirait l’autorité. Ses cheveux blonds cendrés lui arrivaient au milieu du dos et étaient attachés à la nuque par un lien de cuir. Son visage avait des traits masculins à la mâchoire carrée avec des lèvres bien dessinées. Sauf en ce moment. Ce dernier me regardait d’un air furieux. Le visage fermé, les mâchoires crispées et les lèvres pincées, il inspira profondément et ...trois...deux...un pensais-je.
— TU AS DEUX MINUTES POUR M’EXPLIQUER CE QUE C’EST QUE CE BORDEL ! ! !
Ok … il est vraiment furax … Je me raclais la gorge, plantai mon regard dans le sien puis redressai les épaules et me lançai.
— Tu savais que le Gardien n’était plus là ?
— Oui je le savais, son remplaçant est arrivé il y a trois jours. Je sais que tu allais le voir de temps en temps et j’ai laissé couler, mais là je voudrais que tu m’expliques pourquoi tu sors tous les soirs sans autorisation. La passation n’a pas encore été effectuée avec lui. Tu n’as donc rien à faire là-bas.
La passation avec un Gardien, était un rituel consistant à donner à ce dernier les pouvoirs nécessaires à la protection du passage. Seul le Meneur pouvait le lui octroyer. Avant cela, le Gardien n’avait même pas connaissance de notre monde ni du rôle qu'il aurait.
Il était donc strictement interdit de le voir avant cela.
— Euh... et c’est normal qu’une humaine se soit installée dans le chalet ? Les Gardiens ont toujours été masculins et cette femme est une « innocente ». Elle a emménagé il y a trois jours.
Un silence ahuri accueillit ma révélation. Loric et Alia avaient les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. Cela aurait pu être comique si la situation n’avait pas été inquiétante.
Loric s’ébroua et appuya sur un bouton de l'interphone de son bureau.
— ALRIC ! ! RAMÈNE TES FESSES DANS MON BUREAU ! !
— J’arrive, chef.
Cinq minutes plus tard, Alric entra dans la pièce. Il avait quitté son armure pour un jean ainsi qu’un t-shirt noir. Il portait des bottes noires de combat, il n’était pas du genre baskets. C’était un Protecteur, un guerrier avec la musculature qui allait avec. Ses cheveux noirs lui descendaient sur la nuque. Les femmes se pâmaient devant lui et cet enfoiré le savait bien.
— Aaron, répète ce que tu viens de dire.
Ce que je fis.
Alric me regarda bouche bée.
— C'est impossible ! un humain ne peut accéder à ce chalet. Il est protégé. Nous en aurions été immédiatement avertis.
— Et pourtant c’est bien le cas, mais ce n’est pas tout, dis-je en me raclant la gorge. Et je pense que ça ne va pas vous plaire.
Loric s’appuya contre le dossier de son fauteuil et croisa les bras sur sa poitrine. Il plissa les yeux en m’observant.
— On t’écoute.
Je leur racontai ce que j'avais observé. Son aura aux couleurs étonnantes ainsi que l’entité qui tournait autour d’elle et qui avait tenté de l’attaquer.
Loric devint livide. Ses yeux s’assombrirent d’inquiétude.
— Nom de dieu ! c’est pas vrai ! ! s'écria-t-il en se levant de son fauteuil.
Il fit les cent pas dans son bureau. Alric, Alia et moi le regardâmes, surpris.
— Loric ? demanda doucement Alia, qu’est-ce qui se passe ?
Loric s’arrêta et se planta devant Aaron.
— Est-ce que tu as touché cette femme ? c’est important, réponds-moi, me dit-il comme je gardais le silence.
— Eh bien quand cette chose l’a attaquée, j’ai peut-être apposé la main sur elle pour tenter de la défendre et de savoir ce que c’était ? fis-je d'une voix hésitante.
Loric ferma les yeux.
— Merde ! souffla-t-il. Merde...merde... merde…! ! Pourquoi es-tu resté la surveiller au lieu de venir nous avertir ? demanda-t-il en rouvrant les paupières et m’observant attentivement.
Je rougis.
— Je ne sais pas, fis-je en me passant la main dans les cheveux. Mon instinct me disait de ne pas la laisser seule. Mais qu’est-ce qui se passe !
Loric ne répondit pas mais demanda.
— Est-ce qu’elle t’as vue ?
— Non.
Loric se tourna vers Alric.
— Je veux tout savoir sur cette femme, et sur sa famille. Tout, même les détails, date anniversai…
— Aujourd’hui. L'interrompis-je. Je l’ai vue se le souhaiter à elle-même ce soir, elle vient d'avoir vingt cinq ans. Elle s’appelle Lola. Elle possède un site internet qu’elle utilise pour vendre ses créations. C’était inscrit sur son fourgon.
Il inspira profondément tout en se tournant vers Alric.
— Je veux que toutes les sorties vers le monde des humains soient interdites jusqu’à nouvel ordre et que tous ceux à l’extérieur rentrent immédiatement. Double la garde à chaque passage ainsi que les rondes.
— Quoi ? ? firent Alric et Aaron.
Alia mit ses poings sur ses hanches et fusilla son mari du regard.
— Il va falloir que tu t’expliques, et vite ! dit-t-elle.
— Je vais le faire mais je dois voir quelqu’un avant. Je veux les Protecteurs dans deux heures dans la salle de défense, et toi aussi Aaron.
— Et moi aussi ! fit Alia d’un ton n’admettant aucun refus.
Loric hocha la tête en signe d'acquiescement, s’approcha d’elle et lui donna un baiser. Il tendit la main, fit apparaître un miroir et disparut dans une brume bleue au travers de ce dernier.
Tout le monde resta abasourdi. Tout à coup un couinement se fît entendre. On se retourna vers la fenêtre, une pluie torrentielle venait de se mettre à tomber.
— Euh...Loric est vraiment contrarié, fit Alia en regardant les trombes d'eau qui tombaient.
— Tobias, sors de là ! Tout de suite ! dit Alric d’une voix furieuse. Sinon je t’attrape par la peau du cou.
Un chat au pelage beige foncé entra par la fenêtre. Il était trempé, lui donnant un air misérable et surtout dépité. C’est bien connu que les chats détestent l’eau. Son allure eut au moins le mérite de détendre l’atmosphère. Je ricanais, Alia sourit mais Alric grogna.
— Transforme-toi et tu as intérêt à avoir une très bonne raison d’être là.
Un éclair bleu illumina le chat qui laissa la place à un jeune homme. Il portait un jean et un t-shirt qui avaient l’air trop grand pour lui et des baskets vertes. Il avait les cheveux d'un blond roux étrange coupés courts, des yeux bleus malicieux et une allure d’éternel ado dégingandé. Une allure qu’il gardera jusqu’à son évolution, qui devrait arriver dans un peu plus d'un an.
Son regard vira à l’inquiétude lorsqu’il croisa celui d’Alric.
— Peut-on savoir ce que tu faisais planqué derrière cette fenêtre ? fit Alric d’un ton doucereux, les bras croisés.
Tobias baissa la tête et me jeta un coup d’œil en coin. Au bout d’un moment il redressa le menton et regarda Alric dans les yeux.
— Je savais que Aaron allait avoir des ennuis, je voulais savoir à quel point pour lui apporter mon soutien.
— Et c’est en nous espionnant que tu pensais le soutenir ?
— Hum… j’ai vu cette fille. Je me demandais moi aussi pourquoi personne ne s'était rendu compte que quelque chose clochait au chalet.
— Quoi ? ? fit Alric tu es toi aussi allé là-bas sans autorisation ? Les deux Dupond et Dupont vous me les casser sérieusement tous les deux. Vos conneries commencent à bien faire. Tobias, dégage, on reparlera de ça plus tard, nous on a du boulot.
Tobias sortit sans demander son reste tout en me lançant un clin d’œil discret. Je levai les yeux au ciel. Tobias était mon meilleur ami, mais il avait tendance à se mettre dans des situations pas possible. (Oui, je sais, je suis pas mieux que lui, mais je me soigne)
— Allons-y, trouvons qui est cette femme.
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