Chapitre 3-2

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Une atmosphère pesante s’installa, des hoquets de stupeur jaillirent autour de la table. Une fois passés, un brouhaha commença à se répandre. On ne s’entendait plus parler.

SILENCE ! ! hurla Loric en tapant du poing sur la table. Tout le monde se tut. Thomas, continue je te prie.

— Vous avez un mois avant que les aptitudes de Lola ne soient fonctionnelles à cent pour cent. Le problème étant que son père est mort depuis quelques années, elle n’a probablement aucune idée de ce qu’elle est. Le secret étant gardé par le Passeur ou la Passeuse génitrice jusqu’aux vingt ans de l’enfant. Elle ne sait donc pas à ce qui l’attend. De plus, l'âme noire a déjà tenté de prendre le contrôle de Lola, dit-il en me jetant un coup d'œil. Si elle réussit, cette entité va soumettre son âme pour en prendre possession en s’implantant par des cauchemars. Assimilant son mal-être à ces derniers, elle ne se rendra compte de rien. Il faut absolument protéger cette femme et anéantir l’entité avant qu’il ne soit trop tard. Si elle prend le contrôle du Portail, elle aura le moyen d’entrer chez nous avec qui elle veut et nous attaquer.

— Bien, fit Loric. Nous avons un mois pour anéantir cette chose. Il est possible qu'elle n'agisse pas seule. Alric, tu laisse les défenses renforcées, puis tu envoie des Protecteurs se renseigner sur le père de Lola et cette mégère de mère en appui avec Alban ici. Alric hocha la tête. Pour l’instant, je veux tout le monde dehors sauf Thomas, Alric, Alia et Aaron.

Je me redressai en écarquillant les yeux. Loric plongea les siens dans les miens. Son regard était déterminé mais aussi rempli de compassion. Je déglutis péniblement. Qu’est-ce qui allait me tomber sur le coin du nez ?

Lorsque tout le monde fut sorti, le silence devint assourdissant. Loric avait la tête baissée, les sourcils froncés et apparemment rassemblait ses idées. Alia avait le regard inquiet, passant de Loric à moi. Alric était fixé sur le chef, les sourcils relevés et le regard plein d’interrogations. Thomas trouvait apparemment le dessus de la table très intéressant.

L’inquiétude en moi avait atteint des sommets. N’en pouvant plus, j’ouvrais la bouche pour interpeller mon Meneur.

— Chef ? Ma voix était plus un croassement qu’autre chose, je me senti rougir.

Loric releva la tête et me regarda intensément.

— Aaron, je te charge de la protection de Lola. Je veux que tu la surveilles vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Tu ne la lâches pas d’une semelle.

QUOI ?? Firent Alric et Alia d’une même voix.

Trop abasourdi pour dire quoi que ce soit, je regardai Loric, bouche bée. Seul Thomas ne bougea pas d’un cil, pas étonné apparemment par la demande de Loric, alors que les autres s’étaient levés, moi restant assis tétanisé.

— T’es malade ? fit Alia, Aaron n’est pas un combattant, il ne peut pas faire face à cette...cette...chose ! ! dit-elle des éclairs dans les yeux.

— Tu ne peux pas envoyer un non évolué pour une telle mission, c’est du suicide ! ! renchérit Alric, fou de rage.

Loric avait beau être le Meneur, il était aussi le meilleur ami d’Alric, et ce dernier ne se gênait pas pour se permettre de lui hurler dessus.

— Aaron s’est connecté à elle, murmura Loric.

Tournant vivement leurs têtes vers moi, les regards d’Alric et d’Alia s’ancrèrent au mien.

— Mon dieu, fit Alia, ce n’est pas possible, dit-elle tout bas.

— Euh… ça veut dire quoi ? demandais-je.

— Tu le sauras bien assez tôt, répliqua Alric. Je me renfrognais. Puis se tournant vers Loric, il lui dit. Ça ne change pas le problème, il est trop jeune. Son évolution ne se fera que dans deux ans, d’ici là il ne peut protéger qui que ce soit.

Je le fusillais du regard. Tant que cette fichue évolution n’était pas arrivée, les jeunes de moins de trente ans comme moi étaient considérés comme de grands ados. Un minimum de pouvoirs, un minimum de force, bref un minimum de tout. Et je n'appréciais pas qu’on me le rappelle.

— Désolé, fit Alric d’un air contrit.

— C’est pourquoi je l’emmène voir l'Éveilleur pour la déclencher.

Silence. Nous étions tous sous le choc, à part Thomas et Loric.

— C’est une blague ? fis-je en regardant mon chef. Mais à son regard je vis que non. Je me mis à manquer d’air et à trembler, je sentais la panique m’envahir.

Un déclenchement d'évolution n'avait jamais été tenté. En effet, un “jeune” était préparé six mois avant celle-ci, physiquement et psychologiquement et pour une bonne raison. Le corps à ce moment-là recevait une puissance phénoménale.L'être dégingandé acquierait en très peu de temps le physique d’une personne adulte, ainsi que des dons ou pouvoirs que le psychisme devait être prêt à assimiler.

Alric posa sa main sur mon épaule et m’envoya des ondes calmantes, cela faisait partie de ses dons.

C’EST HORS DE QUESTION ! ! hurla Alia en se levant et renversant sa chaise. JE NE TE LAISSERAI PAS FAIRE ! !

Alric avait l’air ahuri.

— Nous n’aurons peut-être pas le choix, fit doucement Thomas qui était resté silencieux jusque là. Il me regarda d’un air compatissant. Si l’intuition de Loric est bonne, nous en aurons confirmation cet après-midi. Aaron et moi allons faire une petite visite à cette demoiselle.

Alia fusilla son mari du regard.

— Est-ce que tu te rends compte que ce que tu veux lui faire n’a jamais été tenté ? en connais-tu les conséquences ?

Loric la regarda droit dans les yeux et répondit.

— Je n’ai pas pris cette décision à la légère, sans demander l’avis de l'Éveilleur. Il est catégorique pour dire que cela est faisable. Et nous n’avons pas le choix.

Il voulut prendre Alia dans ses bras, mais elle le repoussa puis traversa la salle à grandes enjambées et sortit en claquant la porte. Loric se frotta le visage en soupirant.

Fixant Loric dans les yeux, j’attendis la suite. J’étais complètement perdu et terrifié. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Loric me retourna mon regard, le sien était triste et fatigué.

— Tu auras certaines de tes réponses cet après-midi. En attendant, allons voir l'Éveilleur. Il va t'expliquer certaines choses importantes. Est-ce que tu me fais confiance ?

Je le dévisageais un long moment. Loric était un bon Meneur, il prenait soin des siens. Il sacrifierait sa vie pour chacun d’entre nous. Alors oui j’avais confiance en lui. Je hochais donc la tête en signe d’assentiment.

Il posa sa main sur mon épaule.

— Merci mon grand. Je sais que c’est dur à encaisser, que tu ne comprends pas tout, mais ça viendra. Allons-y. Alric tu viens avec nous.

En sortant de la salle, il fit un signe de tête à Alban qui attendait à l’extérieur. Celui-ci nous observa, curieux, et fronça les sourcils en regardant mon visage qui devait être décomposé avant de reprendre son poste. Je n’avais toujours pas dit un mot.

— Je crois que j’ai besoin d’un verre, fit Alric. Ces simples mots eurent l’effet de détendre l’atmosphère.

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