Chapitre 4-2

Au-dessus de mon poignet, se trouvait un tatouage qui montait juque la moitié de mon avant-bras. Il était de couleur bleu cobalt et représentait un arbre majestueux. J'interrogeais Jordan du regard.

— Il s’agit du Chêne, fit-il en regardant Thomas, qui confirma d’un signe de tête. Ce symbole représente la Force. C’est le premier don qui a commencé à apparaître lors de ton évolution et dont nous avons été témoins. Ton tatouage s’est imprimé à ce moment-là.

— Notre hypothèse, continua Thomas, est que d’autres symboles suivront au fur et à mesure des dons et pouvoirs qui se révèleront à toi.

— Mais pourquoi vous n'en avez pas vous ?

— Nous ne savons pas, fit Thomas, nous pensons que c'est lié à l'Originel, mais pas à quoi. Il faut que je fasse d'autres recherches.

Je méditais ses paroles. Tout à coup j’eus envi d’être seul afin d’assimiler tout ça, il fallait que je réfléchisse. Ma vie se trouvait sens dessus dessous. Je devais mettre de l’ordre dans mes idées.

Alia dut suivre mes pensées car elle se leva et dit.

— Nous allons te laisser te reposer, en posant une main sur ma joue. Est-ce que tu as faim, Aaron ?

Je me rendis compte que je mourrais de faim.

— Oui, et j’aimerais aussi prendre une douche.

— Je m’occupe de ton repas et tu as tout ce qu’il te faut dans la salle d’eau. Allez ! tout le monde dehors !

— Mais….

— Mais rien du tout, Loric, dit Alia les poings sur les hanches. Foutez-lui la paix pour l’instant. Il appellera quand il en aura besoin. Allez ! Dehors !

Je vis Tobias se diriger vers la porte avec les autres du coin de l’œil.

— Tobias ? Est-ce que tu veux bien rester ? demandais-je avec appréhension, est-ce que j’étais toujours son ami ? allait-il me rejeter ?

Il me fixa du regard et j’y vis un tel soulagement, que je sus qu'il se posait les mêmes questions que moi. Il se tourna vers Loric qui lui signifia son accord d’un signe de tête.

Nous retrouvant seuls, le silence s'installa.

— Je vais prendre une douche, je reviens.

Je partis dans la salle d’eau, me déshabillai et me glissai dans la cabine de douche. Le jet d’eau brûlante sur mon corps me fît un bien fou, je restais dessous un long moment, me vidant la tête.

Lorsque je sortis, un plateau-repas m’attendait sur la petite table. Je m’y installais et commençais à manger.

— Comment tu te sens ? me demanda enfin Tobias.

— Perdu et terrifié, lui répondis-je. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je terminais mon repas et retournais m’allonger sur le lit.

Tout à coup Tobias sauta dessus. Je sursautais et lui jetais un regard noir.

— Tu ne comprends pas ? Moi je comprends que tu vas devenir un surhomme et que je vais pouvoir me pavaner auprès des guignols de notre âge avec mon garde du corps personnel. Plus personne ne viendra me chercher des noises, et à toi non plus d’ailleurs. C’est génial ! ! Et les filles ! elles vont se battre pour qu’on les remarque.

Le torse bombé, le regard malicieux et un grand sourire plaqué sur son visage, il s’allongea à côté de moi en croisant les bras sous sa tête.

Je savais ce qu’il faisait. Il essayait de me changer les idées. Et ça marchait, je commençais à sourire et lui balançait un de mes oreillers sur la tronche, qui s'ensuivit bien sûr d’une bagarre à coup de ces derniers et qui se termina avec une pluie de plumes voltigeant dans tous les sens.

Après avoir repris mes esprits et la maîtrise de moi-même grâce à Tobias, je retournai au bureau de mon chef - non sans m'être pris, ainsi que Tobias, une énorme soufflante par la Guérisseuse en voyant l'état de la chambre - Sandra voulait me garder en observation mais je refusais et me montrait assez déterminé pour qu’elle me laisse sortir.

J'avais beaucoup discuté avec Tobias, et j'avais pris des décisions. J’étais prêt. Je toquais à la porte du bureau de Loric.

— Entrez ! fit celui-ci.

J'entrais accompagné de mon ami. Loric, Alric, Thomas, Jordan et Alban étaient installés dans la petite salle de réunion. Loric regarda Tobias d’un air intrigué puis se tourna vers moi.

— Asseyez-vous. Comment te sens-tu ?

Je pris place sur l'une des chaises, Tobias se plaçant debout derrière moi. Je lui jetais un œil et vit son menton levé et son air déterminé. Je levais les yeux au ciel. " Tu te prends pour mon garde du corps ? maugréais-je." Il me fit un clin d'oeil. " Connard ".

Loric et Alric le regardèrent d’un air amusé.

— Mieux, merci.

— Et qu’est-ce que Tobias fait ici ? demanda Loric les sourcils levés.

— Je souhaite qu’il assiste à ce qui va suivre. Thomas es-tu d’accord pour aller voir Lola cet après-midi ?

— Euh.. oui bien sûr. Mais toi, te-sens tu prêt ?

— Oui, je le suis, Loric m’a demandé de veiller sur elle et c’est bien ce que je compte faire.

Alric inspira fort pour dire quelque chose, il n’était apparemment pas d’accord, mais je ne lui laissait pas le temps de le dire.

— Non, Alric, j’ai pris ma décision, il faut que je le fasse. Et Tobias vient avec moi.

Alric s’étrangla à moitié et dit.

— Mais vous êtes tous cinglés ma parole !! hurla -t-il. Pourquoi veux-tu qu’il t’accompagne ?

Jordan nous observa Tobias et moi les yeux plissés.

— Je sais pourquoi, et je pense que c’est une très bonne idée, fit-il un sourire en coin.

— En quoi est-ce une bonne idée ? demanda Loric en le regardant, curieux.

— Aaron et Tobias se connaissent très bien. Ils ont grandi ensemble et ont une confiance totale l’un envers l’autre. De ce fait, si Aaron sent qu’il perd le contrôle pendant son évolution, Tobias est le plus à même de pouvoir le gérer et le stabiliser.

— C’est ce que je pense, et c’est pourquoi je souhaite qu’il vienne avec moi. Je ne le laisserai pas se mettre en danger. S’il se passe quelque chose, il viendra immédiatement chercher la cavalerie, dis-je en observant Tobias intensément.

Tobias acquiesça de la tête.

— Et comment comptez-vous vous approcher d’elle ? demanda Alric. Vous allez lui dire quoi pour justifier votre présence ? “Salut, on s’incruste chez vous pour vous protéger parce qu’une entité très méchante veut vous posséder ? ” grogna-t-il.

— Nous en avons parlé avec Thomas, répondit Loric, en me regardant avec fierté, il va falloir lui dire la vérité d’ici peu. De toute façon avec son “réveil” elle n’aura pas le choix. Elle va se poser des questions sur ce qu’il lui arrive. Elle aura besoin de réponses. En attendant vous irez là-bas comme des humains lambda. Vous prendrez le passage de la route et emprunterez une voiture pour aller chez elle. Quant au reste vous improviserez.

En effet, nous avions une armada de véhicules pour aller dans le monde des humains et se fondre dans la masse. Hors de question de débarquer chez elle à travers un miroir.

Se tournant vers Alban, il lui dit.

— Tu vas équiper Aaron et Tobias d’un PC et d'un téléphone portable, afin de pouvoir communiquer avec eux à tout moment. Je veux aussi qu’ils soient armés un minimum, on ne sait jamais. Et je veux un rapport chaque jour, c’est clair ?

— Oui chef.

Jordan haussa les sourcils.

— Mais ils ne sont pas entraînés.

Tobias trouva tout à coup le sol très intéressant et je regardais Jordan d’un air innocent. Loric nous fixa en plissant les yeux, et je baissai la tête en rougissant.

— Ça, je n’en suis pas persuadé.

— Ouais, je confirme, fit Alric en m'épinglant du regard. Alban ricana. Vous pensiez vraiment qu’on était pas au courant de ta “salle” d’entrainement au sous-sol de ta forge ?

Nous le regardâmes avec des yeux ronds.

— Tu...Tu savais ? Mais...Mais pourquoi t’as rien dit ? fis-je abasourdi.

Loric nous regardait d’un air amusé. Alric haussa les épaules.

— Nous avions toujours un œil sur vous lors de vos entraînements. Nous étions prêts à intervenir en cas de problèmes. En fait, vous vous débrouillez plutôt bien pour des jeunes, dit-il avec ironie.

Tobias et moi le fusillèrent du regard.

— Tu nous espionnais ? fit Tobias outré.

— Tu crois qu’on allait vous laisser utiliser des armes sans vous surveiller ? répondit Alric d’un ton sec. C’était soit ça, soit mettre fin à vos activités. Tu aurais préféré quoi ?

Tobias ne répondit pas.

— Bien ! fit Loric. Jeunes hommes, il est temps de faire vos bagages.