Chapitre 5-2
Thomas, qui s’était approché d’Aaron se tourna vers moi, le regard inquiet.
— Peut-on l’allonger quelque part ?
Ne comprenant pas ce qu’il se passait, j’ouvrai et fermai la bouche sans réagir.
— Lola ! !
Son ton péremptoire me fit sursauter et réagir.
— Oui ! oui, il y a une sorte de petite chambre dans l’appentis avec un lit d’appoint.
Je me précipitai pour ouvrir la porte et les dirigeai vers une petite pièce à droite de l’entrée. J’ouvris la porte, et Tobias, aidé de Thomas, allongea Aaron sur le petit lit.
Il tremblait de tous ses membres et serrait les dents si fort que je les entendais grincer.
— Qu’est-ce qu’il a ? demandai-je, affolée. Je peux faire quelque chose ?
— Pourriez-vous lui apporter quelque chose à manger, s’il vous plaît ? demanda Thomas, alors qu’il s’était dirigé vers le petit lavabo installé dans un coin de la pièce, et y mouillait une serviette de toilette.
— Tout de suite ! fis-je en filant droit vers la cuisine trouver de quoi grignoter.
J’étais en train de préparer un sandwich dans ma cuisine lorsque j’entendis un cri de douleur.
Je lâchai le couteau que j’utilisais en faisant un bond. La peur me tordait le ventre. “Seigneur, mais qu’est-ce qu’il a ? "
Je faillis tout lâcher pour aller voir Aaron mais me repris, sachant que Thomas et Tobias étaient auprès de lui. Je finis le sandwich, pris deux barres chocolatées et un jus de fruit, puis me remise à courir vers l’appentis. Je m’arrêtai net à la porte de la petite chambre. Aaron semblait souffrir le martyr. Tobias le maintenait en place alors qu’il se tordait de douleur. Mon coeur se serra. Je ne supportais pas de voir quelqu’un souffrir, mon empathie avait toujours été exacerbée. C’était aussi l’une des raisons pour laquelle je m’isolais des autres.
Je m’approchai doucement, et là, tout partit en vrille. Je perçus du coin de l'œil un mouvement derrière moi.
— C'est pas vraiment le moment pour les hallucinations, bougonnais-je.
Thomas leva vivement la tête vers moi.
— Quoi ? qu’avez-vous dit ?
— Rien. J’ai des hallucinations de temps en temps. Rien de méchant, je…
Tout à coup mon hallucination me fonça dessus. Eh ! mais qu’est-ce que...Je reculai en trébuchant.
Aaron hurla.
— COUCHEZ-VOUS ! !
Au lieu de ça, je me figeai. Un bras s’enroula autour de ma taille et me jeta au sol. C'était Tobias. Alors que l’hallucination se jetait sur moi, j'entendis un bourdonnement, et levai les yeux au moment où un éclair bleu atteignit ma "vision", l’envoyant valser contre le mur près de la porte où elle glissa au sol. Elle “clignota” avant de se solidifier. Un homme avait pris forme et grimaçait de douleur, l'air surpris. Il se releva en un éclair et fondit sur moi. Je me recroquevillais mais il ne me toucha pas.
Il était grand, avec une peau d'albâtre. Ses cheveux noirs de geai étaient détachés et lui arrivaient au milieu du dos. Il était mince mais musclé. Mais ce sont ces yeux qui me terrifièrent. Ils étaient rouge, rouge sang. Il se mit à sourire et se pencha vers moi en susurra à mon oreille.
— Je me suis fait surprendre, mais la prochaine fois, je me serai préparé. À bientôt ma belle, me dit-il d’une voix doucereuse avant de disparaître.
Je restais tétanisée, en état de choc. Quelqu’un me parlait, mais de loin. Mes yeux restaient fixés sur l’endroit où s'était tenu l’homme.
— Il avait les yeux rouges, murmurais-je. Pourquoi il avait les yeux rouges ?
Tout à coup, je me mis à trembler, de plus en plus fort.
On me parlait toujours, mais la voix n’atteignait pas mon cerveau. Quelqu’un me secoua mais je ne réagis pas.
Tout à coup on me gifla.
Et là, je hurlai.
Je reculai sur les mains et les fesses jusqu’à buter contre un mur. Je pliai les genoux et les entourai de mes bras en posant ma tête dessus et je pleurai.
Je faisais un cauchemar, j’allais me réveiller. C’était un putain de cauchemar.
Une main se posa sur mon épaule. Puis la voix de Aaron, inquiète.
— Lola ?
Je ne répondais pas. C’était un cauchemar. Si je ne réponds pas, il s’arrêtera, non ?
— Lola ? regardez-moi. S’il vous plaît.
Je pense que c’est la douceur de sa voix qui me fit lever la tête. Je plongeais dans ses yeux bleus. Il était accroupi face à moi.
— Vous n’avez rien ? demanda-t-il.
— Non...Non...Je ne crois pas. J’ai fait un cauchemar, c’est tout. “ bien sûr, j’ai fait un cauchemar éveillé, reprends toi bon sang ! ” Qu’.. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tout à coup je me souvins de son état avant … avant.
Je me redressai et l'observai attentivement. Il avait les yeux fatigués et cernés. Il était blanc comme un linge et en sueur. Je me rendis compte qu’il tremblait lui aussi.
— Vous devriez être allongé, lui fis-je remarquer d’un ton sévère. “ Moi, dans le déni de ce que j’avais vu ? Pas mon genre. ”
Je tournai la tête et regardai autour de moi. Tobias, était assis à côté de moi contre le mur. Il était blême, la tête vers l’arrière, reprenant son souffle. Il me lança un regard essayant de paraître neutre, mais une lueur de peur y dansait.
Thomas, lui, faisait les cent pas. Une colère noire irradiait de tout son être. Il discutait au téléphone, enfin non, il ne discutait pas, il aboyait. Mais ce qui me perturba le plus, c’était l’énorme trou dans la cloison près de la porte. Je dirigeai mon regard vers Aaron.
— Il faut qu’on parle, me dit-il gentiment.
Je secouai la tête.
— Non, je veux juste que vous partiez, murmurai-je.
— Lola, il faut q…
— NON ! ALLEZ VOUS EN ! ! MAINTENANT ! ! criai-je en bondissant sur mes pieds.
Je me dirigeai d’un pas rapide vers la sortie lorsque Thomas me dit.
— Vos hallucinations n’en sont pas, et vos cauchemars vont empirer si l’on ne vous aide pas.
Je m’arrêtai net. Et me retournai lentement vers lui.
— Qu’est-ce que vous avez dit ?
— Il faut qu’on parle, me répondit-il, le regard déterminé.
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