Chapitre 6-2
LOLA
Okkkkk ! J’avais fait entrer des cinglés chez moi. Je regardais Aaron, des yeux ronds comme des soucoupes et la bouche grande ouverte. Et j’étais au milieu de nulle part. Sans savoir me défendre. Même si j’appelai les flics, le temps qu’ils arrivent, que m’arriverait-il ?
J’entendis un bourdonnement. Je tournai la tête de tous les côtés pour savoir d’où ça venait, et...il venait de Tobias ? Je le fixai alors qu'une lueur bleue l'entourait. Je reculai d’un pas. Un flash de la même couleur s’imprima sur mes rétines, m’éblouissant. Cela dura à peine une seconde. Lorsque ma vue redevint normale, je vis un chat beige au milieu de mon salon à la place de Tobias.
— Que...? ? je regardai, tour à tour, les deux hommes et le chat, mon corps s’engourdit, je me senti tomber et se fut le noir complet.
J’entendais quelqu’un parler, mais de loin. Pourquoi j’étais allongée ? J'avais la bouche sèche. Les voix se firent plus claires.
“ Elle est plus solide qu’elle en a l’air, tu disais. Elle possède une grande force mentale, tu disais. Et bien moi je vois une fille qui va être traumatisée à vie ! ! Crétin ! ! “ vociferait Tobias. “ Tais-toi, idiot, elle revient à elle.” répondit Aaron.
— Lola ? Lola, je sais que vous êtes réveillée.
Aaron était assis près de moi au bord du canapé où j'étais allongée. Il me tenait la main. Tout à coup, tout me revint en mémoire. L’attaque et l’éclair bleu qui avait fait valdinguer mon agresseur à travers la pièce. Et Tobias, le chat. Je me redressai comme un ressort et me recroquevillai dans le coin de mon canapé.
— Qui êtes-vous ? ou plutôt, qu’êtes-vous ? demandai-je. J’aurais dû être terrorisée, mais ce n’était pas le cas. J’avais peur, bien sûr. Mais je sentais au fond de mes tripes qu’ils ne voulaient pas me faire de mal. Je croisai le regard d’Aaron. Son visage reflétait la culpabilité. Je me tournai vers Thomas et Tobias, qui avaient la même expression.
J'essayais de me détendre et reprenais contenance. Je fis signe à Aaron de s'asseoir à côté de moi. Il haussa les sourcils, surpris, puis un sourire doux étira ses lèvres et il s’installa près de moi. Mon cœur battit plus vite. Ce jeune homme me perturbait, je ressentais des choses bizarres près de lui.
Thomas, les coudes posés sur ses genoux et les mains jointes, sourit à son tour et prit la parole.
— Nous sommes des Asiliens. Notre monde est un refuge…
J’écoutais Thomas me parler de leur monde ASILIA et de leur rôle de protection pour toutes les âmes qu’ils recueillaient. Ils m’expliquèrent ce que mon père était et donc ce qu’ils supposaient que je sois. Je l’interrompais et demandai.
— Et cette histoire d’hallucinations ? et mon père, pourquoi il m’a rien dit ? et mes cauchemars, ça veut dire quoi ? et cette attaque c’était qui et pourquoi ? et cet éclair bleu ?
J’avais tellement de questions que ma tête tournait. J’étais dans le déni de ce qu’ils me racontaient, mais en même temps, je n’avais pas imaginé ce que j’avais vu, et c’est peut-être pourquoi je l’acceptais sinon cela voulait dire que j’étais bonne pour la camisole.
Thomas reprit la parole.
— Vos hallucinations, sont en fait des âmes qui vous ont reconnue en tant que Passeuse. Je ne sais pas pourquoi elles vous sont apparues dès votre plus jeune âge. En principe, elles auraient dû commencer à vous apparaître le lendemain de votre vingt-cinquième anniversaire. Le rôle de votre père était de vous préparer à vos vingt ans, malheureusement il n’a pas pu le faire. Ensuite l’instinct fait le reste. Vous les escortez jusqu’au passage que vous ouvrez afin qu’elles puissent passer chez nous.
— Je vais prendre l’air, dis-je en me levant, un peu sonnée.
— Euh...est-ce que tu aurais quelque chose à grignoter ? me demanda Tobias, les yeux pleins d’espoir. J’ai un peu faim.
Son air candide me tira un sourire.
— Il y a ce qu’il faut dans la cuisine, servez-vous.
Une fois dehors, je m’assis sur les marches de mon perron et levai la tête vers le ciel. Comme d’habitude, je recherchai la Grande Ourse et pensai à mon père. Qui était-il ? L'homme que je connaissais et aimais devenait un inconnu. Pourquoi n’avoir rien dit ? Pourquoi nous avait-il laissé vivre un enfer avec ma mère ? Tout s'effondrait autour de moi, et il y avait encore tant de réponses à découvrir. Et ma sœur, avait-elle un rôle dans tout ça ? Est-ce que j’allais la perdre elle aussi ? Je laissai des larmes silencieuses s’écouler sur mes joues. Ma vie venait de basculer et je n'avais plus aucune maîtrise dessus.
Une main se posa doucement sur mon dos et Aaron s’assit à mes côtés. Je ne l’en empêchais pas. Je posais ma tête sur son épaule, et il mit son bras autour des miennes et me laissa pleurer en silence.
Nous restâmes longtemps ainsi, dans le silence. Mes larmes avaient séchées depuis un moment lorsque Aaron se déplaça pour me regarder dans les yeux et me dire.
— Je suis désolé de ce qui t’arrive, passant au tutoiement, mais nous sommes là pour t’aider et te protéger, d’accord ? je hochais la tête. Bien, excuse-moi mais moi aussi j’ai faim, ça te dit ? son sourire et la lueur espiègle dans ses yeux me firent sourire.
— Oui, ça me dit. J’hésitai puis dis. Merci. Il resta silencieux, mais pressa mon épaule et se leva. Il me tendit la main pour m’aider à me lever et nous rentrâmes dans la maison.
Lorsque je regardais vers la cuisine, je me stoppai net, les yeux ronds, puis éclatai de rire. J’entendis Aaron à mes côtés dire d’un ton dépité.
— Mais c’est pas vrai ! ?
Annotations