Chapitre 6-3
Tobias était à genoux, un saladier dans les mains, le visage tout rouge et une matière gluante dégoulinant sur sa tête et son visage. Thomas le toisait, l’air furax, les bras légèrement écartés, son costume sombre inondé de la même matière. Lorsqu’il entendit mon rire, il riva son regard furieux sur moi. Au lieu que cela l’arrête, celui-ci empira. Aaron essaya de rester stoïque mais ses épaules commencèrent à tressauter, et il craqua. Il se mit à rire à gorge déployée. Thomas croisa les bras en nous fusillant du regard, attendant que l’on se calme. Tobias, lui, se relevait et tentait de se diriger vers l’évier en essayant tant bien que mal de ne pas glisser, tout en contournant Thomas de manière à garder une distance de sécurité.
Une fois calmée, je demandai.
— Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Aaron gloussait toujours.
— Eh bien Tobias, a eu la merveilleuse idée de vouloir faire une omelette, seulement en se lavant les mains il a foutu de l’eau partout, et lorsqu’il s’est déplacé pour mettre les œufs dans la poêle, que j’avais mise à chauffer, il a glissé et s’est retrouvé les quatres fers en l’air, mais le saladier vide puisque TOUT A ATTERRI SUR NOUS ! ! termina Thomas en aboyant sur Tobias.
Je mis ma main sur ma bouche pour éviter de rire à nouveau, mais c’était vraiment difficile. Lorsque je vis le visage piteux de Tobias commencer à devenir hilare, je me dis qu’il valait peut-être mieux éloigner Thomas.
— Je vais vous emmener à la salle de bain pour voir ce que l’on peut faire, tout en jetant un œil d’avertissement à Tobias. Tobias, tu pourras prendre une douche après si tu veux bien. Et nettoyez moi ça. Je pense qu’ensuite des sandwichs feront très bien l’affaire, dis-je en regardant Aaron. Il me fit un clin d’œil et je prenais le bras de Thomas.
Arrivé dans la salle de bain, Thomas stoppa net devant le miroir. Il se tourna vers moi et me dit.
— Les miroirs bleutés comme celui-ci servent de passage pour notre monde. Les natifs d’Asilia comme moi n’en ont pas besoin, puisque nous les créons selon nos besoins, mais des personnes comme vous peuvent les utiliser. Nous vous montrerons comment lorsque vous serez prête.
— Je ne sais pas si j’y serai prête un jour, ou même si je voudrais l’être, murmurai-je.
— Je suis certain que vous le serez, Lola. Il suffira de vous faire confiance. Et de faire confiance aux bonnes personnes.
— La confiance ? Même mon père n’en a pas eu envers moi, dis-je d’un ton amer.
— Il n’avait pas le choix, et il a tout fait pour vous protéger, mais il ne pouvait rien vous dire.
Je décidai d’arrêter là notre discussion. Je lui passai de grandes serviettes moelleuses pour la douche, mais pour son costume, je grimaçai en lui disant que je ne pouvais pas le passer au lave-linge et qu’il devrait se contenter des serviettes. Son air horrifié me fit sourire, mais il me répondit qu’il s’en arrangerait.
Je retournai dans la cuisine, et vit Aaron en train de faire des sandwichs pendant que Tobias, l’air renfrogné, était assis sur l’un des tabourets. Il se tourna vers moi et dit.
— Aaron refuse que je l’aide !
— Ah oui ? Pourquoi cela ne m’étonne pas ? lui rétorquai-je. Aaron ricana.
— Je...Je…ok, je suis maladroit, mais j’y peux rien, c’est pas ma faute, dit-il me regardant avec un air de chien battu.
Je me tournai vers Aaron et lui demandai.
— Ça marche à chaque fois le coup du Caliméro ?
— Eh oui, fit Aaron, surtout avec ceux qui ne le connaissent pas. Je reniflai.
Thomas revint de la douche enroulé dans une grande serviette, l’air renfrogné. Tobias ouvrit la bouche pour parler, mais la referma en voyant son regard d’avertissement. Je réprimai un sourire tandis qu'Aaron se focalisait sur les tomates qu’il coupait en rondelles. Tobias prit sa douche et je mettai ses vêtements au lavage. Il revint avec le même air renfrogné que Thomas, vêtu de la mêˆme façon que son aîné. Nous nous installâmes pour manger.
Je voyais bien que mes “ invités “ me jetaient des coups d’oeil furtifs. Je savais que je procrastinais. À la fin du repas, je poussai un soupir.
— Ok, expliquez-moi pourquoi vous voulez me protéger et de quoi, utilisant ma serviette pour m'essuyer la bouche et en m’adossant contre ma chaise.
— Les Asiliens, ont la capacité de voir les auras qui entourent les personnes, m'expliqua Aaron. Selon leur couleur nous savons si ce sont des “ innocents “ ou pas. La tienne est particulière puisqu’elle a plusieurs couleurs pastel ainsi que des étincelles dansant dedans.
Je m'imaginai entourée d’un arc-en-ciel avec des lucioles dansant la gigue. Je secouai la tête. “ non mais sérieux ? en fait la camisole c’est peut-être pas une mauvaise idée, reprends-toi idiote “. Je ricanai et Aaron me regarda en plissant les yeux. Je me raclai la gorge.
— Hum...Qui sont les innocents ? et les autres sont quoi ?
— Les “ innocents” sont les personnes possédant une belle âme. Même un voleur ou quelqu’un qui a tué peut être un innocent, si les raisons de ses actes sont légitimes. Je haussai un sourcil, il sourit. Par exemple, quelqu'un volant pour pouvoir se nourrir ou nourrir ses enfants. Un autre peut tuer en légitime défense. Dans ces cas, leur aura restera colorée. Les autres, son regard se durcissant, ont une aura grise et qui noircit au fur et à mesure de leur corruption. Ce sont les meurtriers, les violeurs, les nuisibles, les malfaisants. Nous les appelons les âmes noires. Elles attaquent les âmes “ innocentes “ pour les corrompre. Elles se nourrissent d’elles, puisqu’elles sont faites d’énergie.
— Et quel rapport avec moi ? je sentais que ça n’allait pas me plaire.
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