Chapitre 7-3
LOLA
J’étais allongée sur le canapé, Aaron agenouillé à mes côtés. Ce qu’il m’avait raconté sur son évolution tournait en boucle dans ma tête. Ses crises semblaient tellement douloureuses, et il prenait ça avec tellement de sérénité, peut-être pas au début d’après son récit - même si je devinais qu'il ne m’avait pas tout dit - mais il l’avait accepté. Ce qui demandait de la force et du courage, ne sachant pas ce qui l’attendait. Moi je n’avais pas ce courage, je n’avais aucun pouvoir de défense ou d’attaque, j’étais juste moi, avec quelques bizarreries. Je tournai mon visage vers lui, croisai son regard et rougis. Son regard devint intense et je détournai la tête, le cœur battant plus vite. Je me raclai la gorge.
— Je suis prête.
— On y va.
Je lui jetai un coup d’œil et rougis encore plus en voyant son regard pétillant et son sourire narquois. ” Ok, tu t’es fait griller, ma vieille. ” Je poussai un gémissement intérieur. Il posa une main sur mon front et l’autre sur mon plexus solaire. Je sentis une douce chaleur entrer en moi, j’eu un sursaut d’appréhension.
— Détends-toi, me conseilla-t-il, inspire et expire doucement. Je vais essayer de te faire tomber dans un sommeil léger de façon à ce que tu m’entendes et ressentes ce que je vais te faire. Mon but étant de contracter légèrement certains de tes organes et ton travail sera de les localiser et de les relâcher, d’accord ?
— D’accord.
Au début, ce ne fut que des échecs, mais au bout de plusieurs essais je somnolais et avais conscience de ce qu'il me faisait à l’intérieur. Je me concentrais pour essayer de me détendre, mais rien à faire, plus j’essayais, plus je me contractais et plus je m’énervais. Au bout de ce qui me semblait des heures, tout s’arrêta. J’ouvris les yeux et regardai Aaron. Il avait les yeux bleu électrique et le regard fixé droit devant lui. Il cligna des yeux et me regarda. Un sourire doux étira ses lèvres et ses yeux reprirent leur couleur pâle.
— Ça va ?
— Non, j’ai été nulle, dis-je vexée. Il se mit à rire doucement.
— Tu pensais y arriver du premier coup ? il faut de l’entraînement, ton corps doit s’habituer à ce travail, il doit apprendre. Tu comprends ?
— Ouais, bah il a intérêt d’apprendre, et vite, dis-je en me renfrognant.
— Je vais préparer le petit déjeuner, dit-il en riant et se dirigeant vers la cuisine. Cela te rendra peut-être moins grognon ?
Je me retins de lui tirer la langue et lui emboitai le pas lorsque mon portable sonna. Je l’attrapai et regardai l’heure, il était neuf heures. Je n’avais pas vu le temps passer, nous étions debout depuis quatre heures du matin. Sur l’écran était marqué ” numéro inconnu ” je décrochai.
— Allô ?
— Mademoiselle DANIEL ?
— C’est moi-même.
— Bonjour Mademoiselle, je me présente, je suis Maître Navarre, le notaire de votre père, Adrien DANIEL. Il y a plusieurs années, il est venu me voir, me demandant de vous appeler le lendemain de votre vingt-cinquième anniversaire. Je n’ai pas pu vous appeler hier, j’en suis désolé. Il faudrait que vous passiez à notre office aujourd’hui, si cela vous est possible bien entendu. Il n’y en a pas pour longtemps, juste le temps de vous remettre quelque chose en main propre.
Je me sentis blêmir et mes jambes vacillaient. Un bras me prit par la taille et me fit asseoir, Aaron, bien sûr.
— Allô ? mademoiselle DANIEL ? vous êtes toujours là ?
— Oui...Oui, je suis là. À quelle heure puis-je passer ?
— À quatorze heures si cela vous convient ?
— Oui, pouvez-vous m'envoyer vos coordonnées ?
— Pas de soucis, je vous les envoie tout de suite par SMS. Alors je vous dis à tout à l'heure Mademoiselle. Oh, n’oubliez pas votre carte d’identité, s’il vous plaît.
— Je n’oublierai pas. À tout à l'heure, fis-je en raccrochant. Je regardai Aaron, perdue. Qu’est-ce que mon père est allé faire chez un notaire ? Aaron, qui me regardait avec inquiétude, avait pris ma main et caressait le dessus avec son pouce. Lorsqu’il s’en rendit compte, il rougit et m’adressa un sourire penaud en la relâchant et me dit.
— Pour le savoir, il va falloir y aller.
— Chouette, on pourrait faire les courses en même temps, fit Tobias avec un grand sourire en reprenant sa forme humaine. Quoi ? fit-il en voyant Aaron le fusiller du regard, le frigo était presque vide, insista-t-il en baissant les yeux et prenant un air malheureux.
Je levai les yeux au ciel et éclatai de rire. Je m’approchai de lui et lui donnai un baiser sur la joue. Il devint cramoisi mais eut un sourire éclatant.
— N’oublie pas le lait et les croquettes pour chat. Aaron éclata de rire. Et pour chien, fis-je en le regardant par-dessus mon épaule. Son rire s'étrangla dans sa gorge et il me jeta un regard hautain. Évidemment Tobias était hilare.
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