Ils s’inclinèrent, la main sur le cœur, pour me saluer le regard curieux et je leur souhaitai la bienvenue. Je commençais à me rendre compte qu’apparemment seuls les Protecteurs et le Meneur possédaient un physique de guerrier, car même si les nouveaux venus étaient musclés et en excellente forme physique, ils n’étaient pas aussi imposants. Ces derniers écarquillèrent leurs yeux lorsqu’ils se tournèrent vers Aaron.

— Ça y est, tu as terminé la première phase de ton évolution, fit Thomas avec un grand sourire.

— Mais, c’est impossible, bafouilla Sam. Il n’a pas l’âge.

— Alric t'expliquera, le coupa Loric avec un signe de la main. Lola, Alban et Sam vont installer des détecteurs afin de repérer immédiatement toute intrusion dans le chalet. Les Protecteurs qui vont rester à l’extérieur en seront avertis instantanément. De plus, une barrière d’énergie sera déployée, créant un dôme de protection sur le chalet. J’ouvris la bouche, mais avant de pouvoir parler, il reprit en plissant les yeux, ce n’est pas négociable.

Les deux hommes se mirent au travail.

— Lola, il faudrait que Thomas puisse visionner ce que votre père vous a fait parvenir, l’y autorisez-vous ? je pense qu'il pourra trouver des éléments pouvant vous éclairer sur certains points. Ce dernier haussa un sourcil.

— D’accord, fis-je après un instant de réflexion. Je lui indiquais le poste informatique et il s’y installa.

Lorsque Thomas termina le visionnement, il se tourna vers moi et me dévisagea intensément. Il était pâle et un peu fébrile.

— Il faut que j’entre dans LA mémoire, dit-il à Loric.

Ce dernier fronça les sourcils, mais acquiesça. Thomas s’installa en tailleur sur le sol dans un coin du salon et ferma les yeux. Une légère brume bleue l’enveloppa et son corps se figea.

— Mais qu’est-ce qu’il fait ? demandai-je, confuse. C’est quoi “LA” mémoire ?

— Thomas est notre bibliothécaire. Le don qu'il a reçu à son évolution, est celui de notre Histoire depuis son commencement. “LA” mémoire, est la bibliothèque de notre passé ainsi que de notre présent et fonctionne comme telle. Tout est classé, référencé, classifié et mis à jour, mais dans son cerveau. Il lui suffit d’une date, d’un mot clé ou d’un événement pour qu’il trouve tous les renseignements sur sa recherche.

Je le regardais, bouche bée.

— Une grande partie de ses références, ont été retranscrites sur des livres par tous les bibliothécaires qui se sont succédés, poursuivit Aaron, donc nous avons aussi une fabuleuse bibliothèque réelle sur ASILIA.

— Nom de Dieu ! c’est pas vrai ! c’est impossible ! Thomas était sorti de sa transe, et me fonçait dessus.

Alors que je me redressais, “légèrement” inquiète, Aaron se leva comme un ressort et se plaça devant moi en grognant et montrant les dents. Loric et Alric se levèrent en même temps que lui.

— THOMAS ! ! STOP ! ! tonna Loric.

L’ordre claqua alors qu’Aaron, d’une main, prit le bibliothécaire, qui continuait d'avancer, à la gorge et le souleva de terre.

— Qu’est-ce qui te prend ? aboya ce dernier à Thomas qui essayait de se débattre.

— Lâche-le Aaron, demanda Loric. Celui-ci le relâcha et le toisa.

Thomas était devenu blême et sa respiration était rapide.

— Je...Je suis désolé, mais quelque chose ne va pas, se justifia-t-il. Que sais-tu de ta lignée, Lola ? me demanda-t-il en me tutoyant pour la première fois.

— Rien, pourquoi vous m’agressez ? fis-je méfiante et hargneuse.

— Je te présente toutes mes excuses. Je ne voulais pas m’en prendre à toi, mais les renseignements que j’ai récoltés me semblent tellement inconcevables. Je dois te demander, est-ce que tu as une tache de naissance derrière l’oreille ?

Je me raidis et touchai mon oreille gauche par réflexe.

— Comment le savez-vous ?

— A-t-elle la forme d’une ...barque…? est-ce que je peux la voir ?

— Oui, répondis-je en déglutissant.

Thomas s’approcha de moi, Aaron grogna sourdement, mais le laissa faire. J’entendis Loric hoqueter. Me tournant vers lui, je vis son visage se durcir à la vue de ma tache de naissance et son regard me transpercer. Je sentis la colère et la peur m’envahir. Qu’est-ce qu’il se passait encore ?

— Mais quoi ? qu’est-ce que ça veut dire ? comme ils ne répondaient pas, je pétais un câble. J’en ai ma claque de tout ça !! Foutez-moi la paix !!

Je partis au pas de charge dans mon atelier. J’avais envie de casser quelque chose, il fallait que je me défoule. Au moment où j'ouvrai la baie vitrée pour sortir, Aaron débarqua. Mais ce n’était pas le moment pour m’emmerder.

— Lola, qu’est-ce que tu fais ?

— Fous le camp, je vais prendre l’air, seule !

— Certainement pas, fit-il en s’approchant.

— Dégage ! Il m’attrapa par la taille et me souleva au moment où j'allais lui refermer la porte vitrée au nez. Et là je craquais, je me mis à le frapper avec mes jambes, il me retourna vers lui et mes poings s’abattirent sur sa poitrine.

— Calme-toi Lola ! CALME-TOI MERDE !! fit-il en grognant et le regard dur.

— LÂCHE-MOI !! LÂCHE-MOI PUTAIN !!

Il me collait contre le mur et plaquai durement ses lèvres sur les miennes. J’essayais de le repousser, mais il ne bougea pas d’un millimètre. J'essayais de le mordre mais il me mordit plus fort. Il exerçait sa dominance sur moi, son baiser devint exigeant, et au bout d’un moment je cessais la lutte et y répondit avec ferveur. Mon coeur battait fort mais plus pour les mêmes raisons. Son baiser se fit plus sensuel et je fondis contre lui, passant mes bras autour de son cou. Il mit fin au baiser et posa son front contre le mien. En silence, il mit un bras sous mes genoux et l’autre derrière mon dos et me porta hors de l’atelier comme si je ne pesais rien.

Dans le salon, le silence régnait. Thomas ouvrit la bouche mais Aaron s’exclama.

— Non ! ça suffit pour ce soir ! Lola a besoin de repos.

Thomas voulut insister mais Loric lui fit signe d’arrêter.