Chapitre 10-2
— Mes parents étaient des B’Shert, des âmes sœurs ou des alter-égo, si tu préfères, voyant son incompréhension. Dans ton monde, ce n’est qu’une légende, mais chez nous c’est une réalité. Malheureusement, il est rare que l’on trouve sa Destinée, le plus souvent la rencontre ne se fait jamais. Mes parents eux s’étaient trouvés, ce qui leur est arrivé est d’autant plus une tragédie. D’après nos propres croyances, les Destins qui se sont trouvés, restent ensemble même après leur mort, mais il n’y a rien qui étaye cette conviction. Contrairement à beaucoup de légendes concernant ce soi-disant mythe, un couple de Destinée ne possède pas une moitié de son âme et l’autre moitié chez l’autre. Elles sont entières chez chacun d’eux et lorsqu’elles se trouvent se lient pour l’éternité.
Je fixais intensément Lola. Son regard plongea dans le mien, interrogatif, puis une lueur d’étonnement, d’incrédulité puis de compréhension étincela dans ses yeux. J’attendis sa réaction, la peur au ventre. Je ne savais pas comment je réagirais si elle me repoussait. Notre lien était indéfectible, elle pourrait le nier, le combattre, mais en aucun cas l’ignorer. Nous en souffririons tous les deux.
— Je suis ta B’Shert, n’est-ce pas ? je hochais la tête, tétanisé. Je...je crois que je me doutais qu'il y avait quelque chose, murmura-t-elle. Comme tu le sais, j’ai une sœur jumelle, je suis connectée à elle. Et j’ai senti une connexion avec toi lorsque tu m’as serré la main à notre rencontre. Je suis tombée dans les vapes d’ailleurs, fit-elle en se renfrognant. C’était à cause de ça non ?
— Oui, lorsque nous nous sommes touchés, nos âmes se sont reconnues.
Elle resta silencieuse, mais son regard était doux. Elle reposa son visage contre ma poitrine. Mes battements de coeur ralentirent. Elle ne me rejetait pas. Un sentiment d’allégresse et de plénitude m'envahit. Je caressai ses cheveux et posai un baiser sur le haut de sa tête.
— Dors ma douce, une grosse journée nous attend. Je la sentis sourire contre ma peau et elle s'endormit.
Au cours de la nuit, elle subit une nouvelle attaque. Étant lovée contre moi, je la sentis presque immédiatement. Je tentai de réveiller Lola, sans succès, son corps se couvrit de sueur. Je la retournai sur le dos et agenouillé sur le lit à côté d’elle, je fis appel à mon pouvoir, comme la veille.
— Lola, détends-toi comme je t’ai montré, mais je doutais qu’elle m'entende. L’attaque était plus virulente à chaque nuit. Lola ! bats-toi ! criai-je. Elle sursauta, puis commença à se débattre. Calme- toi, respire profondément, rappelle-toi nos exercices. Elle inspira profondément et expira. Je sentais sa peur. Encore ! fis-je. Encore !
Je vis ses organes commencer à se détendre. L’âme noire battit en retraite. La fureur m'envahit. Je voulais détruire cette chose. Je donnai un coup de poing rageur dans le mur derrière le lit. La porte s’ouvrit à la volée. Je grognai contre l’intrus, Alric, encore. Son regard attentif fit le tour de la pièce avant de se focaliser sur moi. Après quelques secondes, il ressortit en refermant la porte.
— Aaron ? fit la voix de Lola, rendue rauque par sa lutte.
— Lola ! m’écriai-je en la prenant dans mes bras. C’est fini, mon coeur, il n’est plus là.
— Jusqu’à la nuit prochaine, dit-elle la voix pleine d’amertume.
— On l’aura, on trouvera un moyen. Je te le promets. Tu m’as entendu, n’est-ce pas ?
— C’était comme un écho, confirma-t-elle, je savais que c’était toi. Je me suis focalisée sur ta voix. Nous avons réussi, ajouta-t-elle en posant sa paume sur ma joue. Elle me regarda intensément, puis approcha mon visage du sien et me regarda droit dans les yeux. Embrasse-moi, me dit-elle.
Et là, je perdis pied. Je pris ses lèvres avec ferveur et la déshabillais comme elle le fit pour moi. Nous fîmes l’amour avec tendresse puis avec passion. Nos âmes dansèrent ensemble en atteignant l’apothéose dans un flash de lumière bleue. Puis une brûlure se manifesta au niveau de ma nuque, me faisant hoqueter. Lola eut la même réaction, elle avait dû ressentir la même chose.
— C’était quoi ça ? fit-elle, inquiète.
Je tournai sa tête pour voir sa nuque. Mes yeux s’écarquillèrent, me regardant du coin de l'œil, elle se tourna vers moi.
— Quoi ? qu’est-ce qu’il y a ?
J’ouvrai et refermai ma bouche sans pouvoir sortir un son. Puis un sourire s’épanouit sur mes lèvres.
— Aaron ! gronda-t-elle.
— C’est la marque d’union, lui répondis-je.
— La quoi ? demanda-t-elle, ahurie.
Je soulevai mes cheveux afin qu’elle puisse voir ma nuque. Lui jetant un coup d'œil, un peu inquiet de sa réaction, elle fixa son regard sur ma marque, bouche bée.
— Il s’agit d’un “ noeud Pérenne " ou “entrelacs”. Il n’a ni début ni fin, il est le symbole de l’union qui survit au temps et à l’espace.
Les yeux de Lola s’emplirent de larmes. Paniqué, je ne savais pas quoi faire. Ne voulait-elle pas de ce lien ? puis une détermination inébranlable s’insinua en moi. Je la regardai droit dans les yeux.
— Lola, tu es ma B’Shert, rien ni personne ne pourra changer ça. Je ne te laisserai pas renier ce lien, la colère montait en moi. Nous nous appartenons, et je me battrai, même contre toi pour que tu acceptes ça, je…
— Je ne serai plus jamais seule, dit-elle les larmes coulant sur ses joues. Oh ! Aaron, je ne renierai jamais ce lien, et je suis tellement heureuse que ce soit toi.
Ma gorge se serra douloureusement. Je n’étais plus seul moi non plus. Nous nous endormimes dans les bras l’un de l’autre.
La lumière du jour nous réveilla. Nous prîmes notre douche ensemble, puis nous habillèrent avant de sortir de la chambre main dans la main, en se dirigeant vers la cuisine, affamés. Tout à coup, un bruit de verre brisé juste derrière nous nous fit bondir.
Je me retournai et vis Alia, bouche bée, venant de lâcher une tasse à café.
— Alia ?
Elle nous regarda tour à tour, puis bondit sur Lola pour la serrer dans ses bras. Cette dernière me regarda complètement éberluée et tétanisée avant qu’Alia ne la relâche pour faire la même chose avec moi.
— C’est la femme de Loric, murmurais-je à l'oreille de Lola lorsqu’elle m’eut relâché.
— Je suis tellement heureuse pour vous, s’exclama-t-elle, les yeux brillants.
— On peut savoir ce qu’il t’arrive, Alia ? demanda Loric.
— Oh ! chéri, ils ont la marque !!
Je me sentis rougir, et Lola était écarlate. Elle frotta sa nuque et Loric voyant son geste compris.
Il se rua sur moi et me percuta pour une étreinte plutôt virile, j’en eu le souffle coupé. Il se tourna ensuite vers Lola qui fit un pas en arrière.
Il s’approcha d’elle et la prit doucement dans ses bras.
— Bienvenue dans la famille Lola, lui dit-il, la voix enrouée par l’émotion.
Lorsqu’il la relâcha, elle avait les yeux embués.
Des cris de joie éclatèrent derrière moi. Alric, Tobias et les autres Protecteurs se ruèrent sur nous, je me préparai à l’impact alors que Lola avait l’air dépassée. Thomas, lui, fut plus mesuré et hésitant. La culpabilité se lisant sur son visage, effaça les relents de colère que j'avais encore envers lui. Je m'approchai de lui et lui donna l’accolade, Lola lui sourit. Une fois qu'on nous lâcha la grappe, je demandais.
— Vous avez tous dormi ici ? demandai-je, curieux.
— Non, fit Loric, je suis rentré avec Thomas, Alban et Sam et sommes revenus ce matin, Alia voulait absolument rencontrer Lola.
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