Chapitre 11-2

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11-2

Je sursautai et retirai ma main du coffret comme si je m’étais brûlée. Aaron était blême, son visage exprimait la colère et l’inquiétude. J’entendais toujours des cris venant du salon. Quoi encore ?

— Aaron… demandai-je en me levant. C’est quoi cette dispute, et qui est là ? entendant une voix inconnue.

— Tu devrais venir, me répondit-il en soupirant, avant qu’Alric ne fasse une connerie.

Il me prit la main et me guida hors de la chambre. En arrivant dans le salon, je me figeai devant la scène qui se déroulait face à moi, n’en croyant pas mes yeux.

Loric et Max tentaient de faire lâcher prise à Alric, qui avait une main autour du cou d’une femme que je n’avais jamais vue et qu’il tenait clouée au mur à vingt centimètres du sol. Son visage exprimait une rage pure et terrifiante. L’inconnue tentait de desserrer son emprise, ses yeux lançant des éclairs. Un peu plus grande que la moyenne, c'était une très belle femme avec de longs cheveux noirs attachés en queue de cheval, elle était habillé en cuir "elle se prenait pour Lara Croft ?" mais son visage dur atténuait la délicatesse de ses traits.

— ALRIC ! LÂCHE LÀ, BORDEL !! lui aboyait Loric, sans succès.

Je sentis l’air ambiant refroidir, me donnant la chair de poule. Loric avait relâché le Protecteur fou furieux et faisait un geste de la main dans l’air. Une brume bleu commença à tournoyer en prenant de la vitesse, un vent violent se leva dans le salon fouettant chaque personne présente. Aaron se raidit.

— Oh merde ! ce fut tout ce qu’il dit, avant de me plaquer au sol.

J’essayais de le repousser pour comprendre ce qu’il se passait, mais je pus juste lever la tête au moment où une bourrasque souleva Alric, l’envoyant valser à travers la pièce et percuter le mur près de la baie vitrée avant de retomber au sol.

Alric se releva d’un bond et s’approcha de Loric, ivre de colère.

— Tu veux me défier ? le provoqua ce dernier en se mettant nez à nez contre le Protecteur, le visage dur et froid.

Tout le monde retint son souffle. Alric soutint son regard un moment avant de fermer les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, il recula d’un pas et baissa la tête en signe de soumission avant de sortir du chalet. Loric reprit un visage impassible et l’atmosphère redevint normale. Aaron poussa un soupir de soulagement et se redressa en me tendant la main pour m’aider à me relever.

— Je croyais que votre peuple était pacifique ? lui chuchotai-je.

— Il l’est, mais cela n’empêche pas les bagarres et le besoin d’un encadrement, surtout avec les combattants. C’est dans leurs gènes, ce ne sont pas des enfants de chœur.

— Ouais, je vois ça, et je comprends maintenant pourquoi Loric est un Meneur, il est terrifiant.

— Oui, personne ne prend le risque de le défier, même Alric ne pourrait le battre.

— Eh bien, merci pour l’accueil, vraiment sympa.

Je me tournais vers la femme qui venait de s’exprimer d’un ton condescendant. Loric gronda alors que Max et l’un des jumeaux l’encadraient en lui lançant des regards noirs.

— Peut-être que si vous n’aviez pas forcé la porte en vociférant comme vous l’avez fait, cela se serait mieux passé, non ? lui cracha Loric.

— Vous êtes qui vous ? lui lançai-je, hargneuse.

— Je suis heureuse de pouvoir enfin te parler, Lola, fit-elle en tentant de s’avancer vers moi.

Un mur de testostérone se dressa entre elle et moi. Excédée, je le contournai pour faire face à l’inconnue.

— Je ne vous permets pas de me tutoyer, et je vous ai posé une question.

— Je m'appelles Délia, et j’étais une amie de votre père, expliqua-t-elle en se renfrognant. J’étais chargée de votre protection jusqu’à vos vingt-cinq ans. Et si mon entrée a été un peu théâtrale, c’était pour vous empêcher de toucher au collier avant de vous avoir parlé.

Ma respiration se bloqua dans ma poitrine.

— C’est vous qui m’avez fait acheter ce chalet et m’avez enlevé ces souvenirs de ma tête ? Vous êtes la chasseuse ?

Ses yeux me fixèrent et elle releva le menton en me toisant. Je sentis la moutarde me monter au nez.

— C’était pour votre bien.

Je me jetai sur elle et lui balançai mon poing dans la figure. J’allais recommencer, mais un bras puissant m’attrapa par la taille pour m’en empêcher.

— De quel droit avez-vous trifouillé dans mon cerveau, espèce de garce ! Je fulminais et me débattais.

— Votre père m’avait demandé de ne me faire connaître que lorsque le moment serait venu.

À la mention de mon père je me calmai. Je la regardais d’un œil suspicieux.

— Comment savez-vous que j’ai récupéré le collier ? vous m’avez suivie ?

— Oui, votre père m’avait parlé du coffre de banque. Lorsque je vous est vue sortir de l’agence, j’ai su que vous l’aviez récupéré. Je devais vous empêcher de toucher le collier avant de vous avoir parlé.

— Comment avez-vous passé la sécurité ? demanda Loric d'un ton rogue.

— Je suis une Chasseuse, se justifia-t-elle, comme si c'était une évidence pour elle.

— Comment avez-vous connu mon père ? lui demandai-je, méfiante.

— Est-ce que je peux vous parler seule à seule ?

— NON ! firent Loric, Thomas et Aaron à l'unisson. Je leur lançai un regard torve.

— Non, même si c'est à moi de décider, lançai-je, tout en défiant les "Mâles" qui eurent la bonté de paraître gênés. Asseyez-vous, continuai-je en me tournant vers Délia.

J'entendis la porte s'ouvrir et Alric entra et s'adossa au mur près de l'entrée. Loric lui jeta un regard d'avertissement, Alric lui répondit par un léger signe de tête en croisant les bras sur sa poitrine.

— Je répète ma question, comment avez-vous connu mon père ?

Délia prit une profonde respiration avant de répondre.

— Vous devez être au courant d'une partie de l'histoire de Maya ? je confirmai d'un hochement de tête. Lorsqu'elle a disparu, reprit-elle, les Chasseurs ont été chargés de la sécurité de ses descendants au fur et à mesure des générations. J'étais chargée de celle de votre père, et nous sommes devenus amis.

Ma gorge se serra et l'animosité qui m'animait s'accentua.

— Alors où étiez-vous lorsqu'il s'est fait tuer ? cinglai-je.

— Comment a-t-il été tué ? me demanda Aaron, d'une voix douce.

— Mon père a été tué d’une balle de vingt-deux Long Rifle dans la tête, une semaine avant notre vingtième anniversaire à moi et ma jumelle. C’est le tueur lui-même qui a appelé la gendarmerie. Sa version disait qu’il l’avait rencontré dans un bar alors qu'il ne l'avait pas vu depuis plus de quinze ans. Le tueur l’aurait invité chez lui pour fêter leurs retrouvailles. Je n’y ai jamais cru. Même s’il s’était disputé avec ma mère et était sorti pour se calmer, il ne serait jamais allé chez quelqu’un comme ça. Soit disant que mon père et son compère burent trop et l’alcool aidant, commencèrent à se disputer, et mon père aurait éssayé de le frapper. Le tueur aurait alors prit son fusil, qui comme par hasard était chargé, et lui aurait tiré dessus pour se défendre. Hors, mon père a été retrouvé mort assis tranquillement à une table. Ça n'avait pas de sens.

— Il s'est fait piéger par un Maudit, murmura Délia. Votre père se calmait effectivement en se promenant dans la rue. Un Maudit lui a bondi dessus et ils ont disparu en une fraction de secondes. Je n'ai rien pu faire. Votre mère avait dû les prévenir de sa sortie. L'humain qui l'a tué pour eux était une de leur future recrue, il fallait que le meurtre de votre père passe pour un fait divers. Le tueur a passé quatre ans en prison, il était redevable aux Maudits et a donc ainsi payé sa dette. Maintenant il doit être parmi eux, cracha-t-elle.

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