Chapitre 12-2

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12-2

J'ouvris tout doucement les yeux, gênée par la lumière. J'avais le corps engourdi, et un marteau-piqueur perçait un trou dans mon cerveau. J'entendis gémir à côté de moi, je tournai doucement la tête et croisai le regard désorienté d'Aaron. Nous étions tous les deux allongés dans mon lit.

— Vous êtes réveillés, chuchota la voix de Tobias, qui assit près de nous, se leva d'un coup et hurla en sortant en trombe. ILS SONT RÉVEILLÉS !!

— Nom de Dieu !! grogna Aaron en se tenant la tête. Il a besoin de faire autant de bruit ? Puis, il me regarda et me sauta dessus en prenant mon visage entre ses mains. Tu vas bien ? Il fit passer ces dernières fébrilement sur tout mon corps. Tu n'es pas blessée ?

— Non, à part un mal de crâne carabiné, je crois que ça va. J'ai l'impression d'être dans le brouillard.

— Ça, ça ne m'étonne pas, dit-il, l'air renfrogné.

— Pourq...Seigneur, elles m'ont dit que tu pouvais nous entendre, tu vas bien ? m'inquiétai-je.

— Oui, ça va, mais je ne vous ai pas seulement entendues, j'étais là, enfin je veux dire, j'étais avec vous mais pas vraiment, une brume bleue m'entourait, et je ne pouvais pas bouger, c'était bizarre. Mais qu'est-ce qu'on fait dans ton lit ? Que s'est-il passé ?

À ce moment-là, Loric toqua à la porte et entra avec Sandra, suivi de Jordan et Thomas. Tobias et Alric restèrent à l’entrée de la chambre. Le chef était pâle et avait les traits tirés, comme tous les autres d'ailleurs, notai-je en les regardant tour à tour.

— Vous avez des têtes de déterrés, fit remarquer Aaron.

Loric renifla d'un air dédaigneux, mais un intense soulagement se lisait sur son visage.

— Evidemment qu'on a des sales têtes, vous êtes restés inconscient trois jours, trois putain de journées sans réussir à vous réveiller, grogna-t-il.

On le dévisagea, bouche bée. J'ouvrais la bouche pour parler lorsqu'une douleur fulgurante me vrilla le cerveau. Je criai alors que des flashes passaient devant mes yeux. J'entendis Aaron crier de douleur à côté de moi. Cela s'arrêta d'un coup. Mon corps était couvert de sueur.

Sandra se rua sur nous, et posa ses paumes sur nos fronts. Une chaleur bienfaisante circula dans mon organisme, je me détendis.

Elle nous autorisa à nous lever après s'être assurée que nous allions à peu près bien, insistant sur le fait que nous mourrions defaim, la faisant lâcher prise. Nous prîmes une douche bienvenue et nous nous dirigeâmes vers la cuisine. Tobias nous servit un véritable festin, les cernes sous ses yeux attestant de l'inquiétude qui l'avait rongé.

Mon mal de tête était toujours là, atténué par les soins de Sandra, mais je le sentais. Jordan nous regardait Aaron et moi, puis fixa mon pendentif en fronçant les sourcils.

— Et si vous nous expliquiez ce qu'il s'est passé ? lança-t-il. Pourquoi ton collier n'agit-il plus sur nous ?

Je baissai la tête pour regarder mon médaillon avant de me rendre compte qu'il avait raison. Je croisai son regard perplexe.

— Je ne sais pas, enfin je le sais mais c'est comme si mon cerveau était bloqué, je ressens une pression dans la tête, Maya m'a fait quelque chose, mais ça ne veut pas sortir.

— Maya ?? s'étonna Loric, abasourdi, tu as vu Maya ?

— Hum...je crois qu'il vaut mieux que je commence depuis le début.

Je leur racontais donc mon voyage au pays de ma lignée dans un silence religieux. Aaron m'avait rapprochée de lui et avait passé un bras autour de ma taille. Je sentais la tension monter dans la pièce au fur et à mesure de mon récit. La mienne monta en flèche lorsque j'abordais le rôle de l'âme du Protecteur perdue lors du combat avec Maya. Je gardais pour moi le fait que cette dernière avait fortement suggéré que l'âme d'Aaron devait être celle qui combattrait. Je m'y refusais, je ne pouvais pas prendre le risque de le perdre. Je n'osais pas le regarder, la peur risquant de me submerger. Bien sûr, il le ressentit et resserra son étreinte avant de poser ses lèvres sur ma tempe. Je terminai en levant les yeux sur Sandra et Jordan.

— Que s'est-il passé lorsque j'ai mis le collier ?

— Toi et Aaron avez perdu connaissance exactement au même moment. Nous n'arrivions pas à vous réveiller, nous expliqua Sandra, le regard hanté. J'ai eu tellement peur, nous vous avons transporté dans ta chambre et surveillés nuit et jour. Thomas a fait des recherches pour tenter de savoir ce qui vous arrivait dans sa bibliothèque, mais il n'a rien trouvé.

Ce dernier posa la main sur son épaule pour la rassurer.

— Tu as fait ce que tu pouvais, c'est une situation inédite, nous n'avons aucune référence pour nous guider, et c'est très frustrant d'ailleurs, termina-t-il, dépité. Mais pourquoi Aaron a-t-il été affecté, est-ce à cause de votre lien ?

— Oui, j'étais avec elle...là-bas, répondit-il, frissonnant. Nous devons faire le tri des révélations que Maya a faites. Nous avons des décisions à prendre, fit-il en me regardant droit dans les yeux. Je détournai le regard. Lola, fit Aaron, le regard déterminé, si tu ne le fais pas, c'est moi qui le leur dirait.

Loric posa sur moi un regard suspicieux en plissant les yeux.

— Il faut absolument que je me souvienne de ce que Maya m'a transmis, pourquoi je n'y ai pas accès ? demandai-je, éludant ses sous entendus.

— Je pense pouvoir te répondre, fit Jordan, nous observant l'un après l'autre. D'après ce que j'ai compris, les femmes de ta lignée ont été initiées, si je puis dire, à leur histoire à partir de leur vingtième année. Elles ont donc dû être entraînées, hors ce n'est pas ton cas. Ton cerveau ne sait juste pas comment faire. Mais moi, je peux t'aider, je suis un Éveilleur, je devrais donc être capable d'enlever ce blocage.

— Alors fais-le maintenant, j'ai l'impression que ma tête va exploser. Couinai-je en me frottant les tempes.

— Lola ! me rabroua Aaron.

— On se calme, intervint Jordan, chaque chose en son temps, Lola est en souffrance, il faut que je l'aide.

Je me sentais en effet de plus en plus mal. Aaron me souleva dans ses bras alors que je vacillais sur ma chaise.

— Je suis un imbécile, se fustigea Aaron en m'emmenant dans ma chambre à grand pas. Pardonne-moi mon cœur.

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