Chapitre 14-2
14-2
Le jour commençait à tomber, tout le monde semblait sur les dents. J’étais terrorisée, mais déterminée. Ce soir, ce cauchemar devait se terminer. Assise sur les marches du perron de ma terrasse, j’observais les gens qui m’entouraient. Ils étaient ma famille, ma famille de cœur.
Les jumeaux s’entraînaient avec Alric et Délia. Les Protecteurs avaient revêtu leurs armures et Délia était en tenue de combat, tout en cuir. Elle m’avait expliqué que le cuir était là pour la protéger des lames, plus efficace que des vêtements en tiisu en situation de combat.
Loric discutait avec Jordan et Sandra, ces derniers devant être prêts à intervenir en cas de besoin. Je frémissais, je souhaitais de toutes mes forces que l’on s’en sortirait indemnes.
Tobias s'avança timidement vers moi.
—Je ne te dérange pas ?
—Bien sûr que non, assieds-toi près de moi.
Il s'exécuta, croisant les bras sur ses genoux. Je sentais qu’il voulait me dire quelque chose, mais ne le pressais pas et attendais.
—Je suis heureux qu’Aaron t’ai trouvée, il est tellement rare que l’un d’entre nous trouve son ou sa B’Shert, et je suis aussi heureux que ce soit toi.
—Mais ?
—Mais j’ai tellement peur, avoua-t-il en croisant mon regard. Il est tout pour moi, après la mort de nos parents, nous avons été élevés ensemble, il est devenu mon frère, et j’ai peur de le perdre. Promets-moi qu’il va s’en sortir, promets-moi que vous allez vous en sortir tous les deux. Il est tout ce qu’il me reste, et toi tu es ma petite sœur maintenant.
Je voyais bien qu’il luttait contre ses larmes. Il détourna la tête, mais pas assez vite pour que je ne vois pas ses yeux s’embuer. C’est à cet instant que je compris l’importance de leur évolution. Il était effectivement plus âgé que moi d’un peu plus de trois ans, mais il n’avait pas encore acquis la pleine maturité d’un adulte. Je sentis ma gorge se serrer. Je prenais son visage entre mes mains et le regardais droit dans les yeux.
—Je ne peux pas te faire cette promesse. Il essaya de se dégager mais je l’en empêchai. Par contre, je peux te jurer que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que nous nous en sortions indemnes. Tu es mon grand frère désormais, et je ne compte pas te lâcher aussi facilement. D’accord ?
Il me fixa dans les yeux puis se jeta dans mes bras, laissant libre court à ses larmes. Je levai la tête tout en lui caressant les cheveux et rencontrai le regard intense du Meneur. Un message tacite passa entre nous, il inclina la tête. Il prendrait soin de Tobias, je lui souriai.
“Est-ce que ça va ?”
Je sursautai, puis reconnut la voix d’Aaron.
“Je crois que oui, où es-tu ?” Je tournai la tête et l'aperçut se dirigeant vers nous.
“Je faisais un peu de ménage dans la forge. J’ai médité avec Rolf. Tobias a enfin craqué ? ”
“Tu savais que ça allait arriver ? “
“Bien sûr, je le connais par coeur. Sous ses airs de trublion, la mort de ses parents lui a laissé un sentiment d’abandon, même si nous étions trop jeunes pour nous rappeler d’eux. Il te considère comme sa petite sœur, et moi son frère, ce que je suis devenu d’ailleurs. La peur de redevenir orphelin, ne pouvait que surgir. Dis-lui que j’arrive, il n’apprécierait pas que je le voit comme ça.”
—Ah ! Aaron arrive, prévins-je Tobias, l’air de rien.
Il se redressa brusquement, s’essuya les yeux et reprit contenance. Même s’il ne pouvait cacher ses yeux rougis. Mon B’Shert se tint face à lui.
—Tobias, tout va bien se passer, tenta-t-il de le rassurer. Rolf sera avec moi et c’est un Originel, je ne pouvais avoir meilleure aide.
—Je sais, je suis désolé, je devrais vous soutenir au lieu d’agir comme un enfant. Je suis plus vieux que vous après tout, c’est moi qui devrais vous rassurer et non l’inverse.
—Oooh, je pense que tu te rattraperas dans un peu plus d’un an, plaisanta Aaron en lui donnant une claque sur les épaules.
Il se tourna vers moi.
—Tu es prête ?
Je me penchais pour embrasser Tobias sur la joue avant de me lever et de me couler entre ses bras qu'il referma autour de moi.
—Je suis prête.
Il prit mon visage entre ses mains et plongea son regard dans le mien.
—N’oublie pas, nous serons toujours en contact avec toi, d’accord ? Je t’aime ma B’Shert.
—Je t'aime Aaron.
—Tout est en place, nous informa Loric, en tenue de combat, dont nous nous étions rapprochés.
En effet, ils avaient installé au sol des tapis en bambou surmontés de fins matelas, je levais les yeux vers lui, dubitative.
—Les combats peuvent aussi se faire dans le confort, non ?
Aaron ricanai, je ne relevai pas. Par contre, je remarquais des Protecteurs qui m'étaient inconnus m'observant avec curiosité. Je haussais les sourcils en interrogant Loric du regard.
—J'ai préféré faire venir des renforts. Avec ce Nolan qui rôde peut-être comme un fantôme, je ne prendrai aucun risque. D'autant plus que vous serez exposés et vulnérables.
—Très bien. Commençons.
Tout le monde bougea. Aaron et moi nous allongeâmes sur les matelas. Les jumeaux, Max et Alric se positionnèrent autour de notre "zone de combat", tandis que Jordan s'agenouillait près d'Aaron.
Ce dernier appela Rolf, je le sentis au bourdonnement qui me parvint. Les quatre nouveaux Protecteurs poussèrent des exclamations de surprise, les yeux ronds comme des bille avant qu'Alric ne leur donne l'ordre de patrouiller. Ils sifflèrent et devant mes yeux ébahis, des Miroirs apparurent, ouvrant un passage à des destriers. Ils s'approchèrent de leur maître respectifs, avant que ceux-ci ne grimpent sur leur dos, hommes comme bêtes revêtirent leurs armures, avant de se diriger vers les bois.
Loric, se tenait légèrement à l'écart, aux côtés de Sandra prête à intervenir si besoin. Quant à Tobias et Thomas, ils avaient reçu l'ordre de rester à l'abri dans le chalet, non sans protester.
Tous les combattants étaient en mode guerrier. J'avoue qu'ils étaient impressionnants, même les jumeaux avaient quitté leur air espiègle pour des visages durs, concentrés et prêts à en découdre.
Je sentis Aaron me prendre la main. Je me tournai vers lui et lui adressai un sourire rassurant, même si l'angoisse me vrillait les tripes.
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