Chapitre 15-3
Lola
Je me réveillai doucement, tournant la tête je me retrouvai plongée dans les magnifiques yeux bleus d'Aaron. Je mis quelques secondes à me rappeler ce qu'il s'était passé, la bataille, les Maudits, Jordan... je me redressai vivement, le cœur battant.
— Jordan !
— Chhhut, mon ange, il va bien, tout le monde va bien, ne t'inquiète pas.
Il me prit dans ses bras et se colla à moi, m'apaisant.
— J'ai dormi combien de temps ?
— Quelques heures, tu étais épuisée, comment te sens-tu ?
— Bien, je crois. Je vais prendre une douche, et, je meurs de faim.
— D'accord, je vais voir Tobias, il a dû te préparer quelque chose. Il t'a veillée comme une mère poule pendant que j'étais occupé. Il t'adore, tu sais.
— Moi aussi je l'aime, lui répondis-je, émue.
Je me levai, mais Aaron m'attira vers lui pour me donner un baiser fougueux et passionné auquel je répondis avec ferveur. Puis il me relâcha, frustré, lorsqu'il entendit quelqu'un gratter à la porte, puis l'ouvrir doucement. Tobias, bien sûr, il le fusilla du regard ce qui amena à l'intrus un sourire bien trop innocent sur le visage. Je me mis à rire et m'esquivai vers la salle de bain.
J'étais affamée, et mes souvenirs étaient confus. Je sentais que je devais me rappeler de quelque chose de très important, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Une douche m'éclaircirait les idées.
Immobile sous le jet brûlant, je repassais le film du combat entre l'âme noire et Aaron, puis je me souvins de ce que l'entité disait ."Mon Maître me récompensera enfin des sacrifices que j’ai fait quand je lui dirai que j’ai tué un Guerrier tel que toi, ainsi que son hôte, tout en lui ramenant ce Portail. Il va enfin pouvoir se venger des Originels." Je sentis mon sang se glacer et ma respiration se couper avec l'impression d'avoir reçu un uppercut lorsque d'autres souvenirs me percutèrent de plein fouet. "Inspire... expire... inspire... expire..." m'exhortai-je.
Je sortais de la douche, me séchai et m'habillai aussi vite que possible puis déboulai dans le salon, paniquée.
— Aaron ! ! Oh mon Dieu ! ! AARON ! ! criais-je, la peur me nouant le ventre.
Aaron, qui préparait un plateau, lâcha celui-ci qui se fracassa au sol et accourut vers moi. Il me prit dans ses bras alors que j'éclatai en sanglots en tremblant de tous mes membres.
— Qu'est-ce qu'il t'arrive mon coeur, me demanda-t-il, affolé. SANDRA ! ! Parle-moi Lola, que se passe-t-il ?
Je sentis une main douce se poser sur mon front, mon corps se détendit, ma respiration se calma, mettant fin à ma crise de panique. Je me redressai tandis qu'Aaron prenait mon visage en coupe et essuyait mes larmes avec ses pouces.
— Ça va aller ? me murmura-t-il.
— Oui, ça ira.
Je regardais autour de moi, tout le monde m'observait, inquiet. Je croisai le regard du Meneur qui me dévisageait, tendu. J'aperçus Thomas, assis en tailleur dans un coin, en transe. Je fronçai les sourcils et demandai.
— Qu'est-ce qu'il fait ?
— Il cherche des informations, me répondit Loric.
Son regard se fixa sur Aaron, qui serra les mâchoires. "Bon, ils me cachent quelque chose, mais s'il s'agit de ce à quoi je pense, ils ne sont pas au bout de leurs surprises," pensai-je, un frisson remontant le long de ma colonne vertébrale.
— Je dois te parler Loric.
— D'accord, mais uniquement lorsque tu te seras nourrie, me rétorqua-t-il en croisant les bras.
Je soufflai, agacée, mais face aux regards autour de moi, j'abdiquai et m'installai à la table. Tobias, qui avait préparé un nouveau plateau, le posa devant moi en me donnant un baiser sur le haut du crâne, un clin d'œil en plus.
J'entamai mon repas, mes nerfs à fleur de peau, mais j'étais vraiment affamée.
— Laissez-nous ! ordonna Loric.
Tout le monde s'éloigna sauf, bien sûr, mon B'Shert, le visage démontrant qu'il resterait là où il se trouvait. Je souris alors que le chef soupirait.
— Alors, que voulais-tu me dire, Lola ?
— J'ai... J'ai des choses à vous révéler, hésitai-je. Nous devons nous réunir, mais à l'abri des regards et des oreilles. Seuls peuvent-être présents toi, bien sûr, Aaron, Thomas, Jordan et Alric. Sandra devra se tenir prête à intervenir... , ainsi que des Protecteurs si besoin. Ensuite tu décideras qui pourra être dans la confidence. C'est très important, et vital.
Aaron et Loric se raidirent, me scrutant attentivement. Je perçue du coin de l'œil Thomas se lever, blanc comme un linge, tremblant et titubant. Je me précipitai vers lui et lui murmurai à l'oreille.
— Je sais ce que tu as peut-être trouvé, ne dis pas un mot pour l'instant, je vais tout vous expliquer, d'accord ? s'il te plaît.
Il planta ses yeux dans les miens pendant de longues secondes, puis hocha la tête en signe d'assentiment. Je soufflai de soulagement.
— Thomas ? l'interrogea Le chef.
— J'ai l'impression que Lola a des choses à nous dire, je vais attendre pour savoir si ses révélations corroborent les miennes. Et si c'est le cas, que la Destinée ait pitié de nous, termina-t-il le regard braqué sur moi et suffisamment bas pour que je sois la seule à entendre.
Loric décida de nous réunir dans la forge après qu'Aaron le lui ai montré. Je le sentais anxieux, et frustré, car je refusai de lui dire quoi que ce soit, sachant qu'il m'aurait empêché de faire ce que je devais faire. Il m'en voulait, il savait que j'étais terrorisée à travers notre lien, et cela le mettait en rogne.
Son regard sur moi me montrait qu'il était prêt à me jeter sur son épaule pour m'emmener loin de ce qui se tramait, mais je n'avais pas le choix, en fait je ne l'ai jamais eu depuis que l'âme noire avait investi mon être alors que je n'étais même pas encore née.
Je m'approchai de lui, hésitante. Adossé à l'un des murs de la forge, le visage fermé, les bras croisés sur sa poitrine, ses yeux se plantèrent dans les miens, lançant des éclairs. Je m'apprêtais à faire demi-tour, perdue, lorsque je l'entendis jurer.
— Merde ! viens là, murmura-t-il en attrapant mon bras pour m'attirer contre lui. Je suis désolé, mon ange.
Les larmes me montèrent aux yeux, et je restais blottie contre sa poitrine tandis qu'il me berçait.
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