Chapitre 16-2

5 minutes de lecture

16-2

— On t'écoute, le relança Loric.

"Je vais vous rendre votre mobilité avant, vous pourrez même vous déplacer," sourit-il.

— Trop aimable, répliqua le chef, l'oeil mauvais, en se levant d'un bond.

Je me levais moi aussi, suivi des autres hommes présents.

"Vous avez tous entendu parler de Gunnard, n'est-ce pas ?"

— Euh... pas moi, intervenai-je.

— Moi non plus, à part quelques bribes sur sa folie des grandeurs, qui lui a valu d'être stoppé par les Originels à l'époque.

— Ce n'est pas aussi simple, intervint Thomas. Gunnard était effectivement un Originel au même titre que Rolf et Hakon. Comme tu le sais maintenant, leur rôle était de protéger Asilia. À cette époque, chaque Protecteur possédait tous les dons et pouvoirs, plus un qui leur était propre. Comme tu peux le deviner, celui de Hakon était d'utiliser les auras où les brumes pour les transformer en des centaines de lames redoutables. Celui de Rolf est inconnu, s'étonna-t-il en fixant ce dernier et haussant un sourcil.

— Et il le restera pour l'instant, répliqua l'interpellé avec un sourire goguenard.

— Mouais, toujours est-il que Gunnard, lui, avait la faculté de forcer les esprits à se soumettre à lui. Petit à petit, il commença à asservir la population d'Asilia à ses propres désirs, exigeant d'être vénéré comme un dieu. Au début cela passa inaperçu, mais au fur et à mesure, sa soif de grandeur lui fit commettre des erreurs, il devint moins discret et fut démasqué.

"Il avait asservi des centaines d'Asiliens, lorsque nous nous en sommes rendu compte. Nous avons alors décidé de le mettre devant le fait accompli." grogna Hakon.

— Nous avons donc provoqué une réunion, reprit Rolf. Nous l'avons sommé de stopper ses conneries et de libérer ces pauvres gens. Bien entendu, il refusa. Il tenta de nous asservir, mais il n'avait aucune chance seul contre vingt Protecteurs, ce que nous ignorions, c'est qu'il avait compris qu'il avait été découvert avant la réunion.

Le visage de Rolf se durcit à ces mots. Donnant l'image terrifiante du Guerrier qu'il était. Alric avait l'air d'un Bisounours à côté. Je comprenais pourquoi les autres générations avaient reçu moins de pouvoirs.

"Il avait préparé une attaque contre nous avec des civils sous son emprise. Il savait qu'il n'avait aucune chance face à nous, alors il s'est servi d'eux comme d'un bouclier. Nous ne les aurions jamais touchés, et il comptait sur ça pour s'échapper d'Asilia et disparaître. Les Asiliens nous attaquèrent, nous les tenions à distance mais ne ripostions pas.

Au milieu de ce capharnaüm, j'ai vu Gunnard qui tentait de sortir. J'ai donc fait signe à Rolf pour qu'il créé une brèche afin de pouvoir m'approcher d'assez près pour l'atteindre de mon pouvoir de lames, sans dommage collatéraux. Je me suis jeté sur lui et j'ai engagé le combat.

Ma rage était telle que je pris vite le dessus. Lorsque son âme le quitta, elle était devenue noire. J'étais grièvement blessé, mais lui aussi. J'ai réussi à la contenir, à appeler un Miroir et à quitter Asilia. Lorsque je suis arrivé dans ce monde, je me suis caché dans une ruine, je devais mettre hors d'état de nuire l'âme de Gunnar."

Il ferma les yeux, je n'aimais pas ce qui allait suivre.

"Mais mes forces s'étaient trop affaiblies et je perdis connaissance. Je me suis réveillé plusieurs semaines plus tard, guéri, mais Gunnar avait disparu."

— C'est comme ça que tu t'es évanoui dans la nature. Tout le monde t'a cru mort, comment as-tu pu me faire ça Hakon ? tu étais mon ami, j'aurais compris, s'énerva Rolf.

"Je suis désolé, mais la sécurité de Randi primait sur tout le reste, je ne pouvais pas prendre ce risque, et le seul regret que j'ai eu est de ne pas t'avoir fait mes adieux.

Même pas lorsque tu es venu la chercher ?

— Ce n'est pas le moment de régler vos comptes tous les deux, s'excita Loric.

— Le maître, non, non, non, ce n'est pas possible, murmura Aaron.

— De quoi tu parles ? le questionnais-je, un frisson remontant dans mon dos. Et ne me cache rien, le menaçais-je. Si tu voulais taire le fait que l'âme noire s'était échappée, c'était inutile, je le savais figure toi, alors c'est quoi cette histoire de maître ?

Aaron tourna son regard vers Hakon, blanc comme un linge.

— L'âme noire qui s'est enfuie, a parlé de son maître qui serait ravi de notre mort et de tenir Lola en son pouvoir. Il est certainement allé le voir pour lui parler d'elle et de Rolf. Ce maître, c'est Gunnar, n'est-ce pas ?

"Cela ne fait aucun doute pour moi."

NOM DE DIEU ! ! C'EST PAS VRAI ! ! DITES-MOI QUE C'EST UN CAUCHEMAR ! ! explosa le Meneur.

Seigneur, qu'est-ce que j'ai fait ? c'est ma faute, c'est ma faute ! !

Je m'effondrais au sol, la respiration coupée, les larmes ruisselant sur mes joues. Je sentis des bras m'entourer, me remettre sur mes pieds et une main caresser mes cheveux, l'autre essuyant mes larmes. Il ne s'agissait pas d'Aaron, mais de Hakon.

"Chhhuut... tu n'es en rien responsable ma chérie, c'est moi qui ai échoué au départ, tu n'as rien à te reprocher."

— Se sentir responsable de quoi, mon cœur ? qu'est-ce qu'il y a ? s'étonna Aaron, confus.

Je tentais de me reprendre. Être dans les bras de mon ancêtre me réconfortait. Je pris mon courage à deux mains et me tournai vers Loric.

— Pendant le combat contre les Maudits, lorsque l'âme noire s'est échappée par mon médaillon, Hakon, voulait lancer ses lames à sa poursuite pour la neutraliser définitivement. Mais...Mais je l'en ai empêché, je l'ai supplié de s'attaquer aux Maudits pour vous aider. C'est... c'est à cause de moi si... si... elle va pouvoir rejoindre son maître.

— Oh ! Lola, souffla Loric en s'approchant de moi, comme l'a dit Hakon, ce n'est pas de ta faute, les responsables sont cette âme noire, et...

— Ma mère, terminais-je, je la hais, je la hais ! ! JE TE HAIS ! ! hurlais-je.

Un silence lugubre s'installa avant que Loric ne reprenne la parole.

— Je crois que cette réunion est finie pour aujourd'hui. Il va falloir reprendre nos esprits et digérer tout ça, mais cette conversation n'est pas terminée, tu en as conscience n'est-ce pas, Protecteur ?

Je redressais vivement la tête et plantais mes yeux dans ceux d'Hakon.

— Mais...

"Je ne te lâcherai pas, ma chérie, tant que cette histoire ne sera pas réglée, je serai avec toi, comme Rolf avec Aaron, tu pourras m'appeler quand tu veux. D'accord ?" Je hochais la tête soulagée.

Il me reprit dans ses bras et posa un baiser plein de tendresse sur le haut de mon crâne, mes yeux s'embuèrent à nouveau.

"Je suis à votre disposition, Meneur. Pour information, si besoin, les personnes ayant participé à cette réunion pourront communiquer avec moi désormais, et inversement, moi avec chacun d'entre vous."

Nous reprîmes conscience dans la forge. La guérisseuse se précipita vers nous, le visage inquiet.

— Combien de temps nous sommes-nous absentés ? lui demande Loric.

— Environ une heure trente, tout le monde va bien ?

On se regarda les uns les autres.

— Apparemment oui, on dirait que le médaillon s'est adapté à notre présence. Lola, je crois qu'il est temps que tu l'on t'emmène visiter Asilia, lâcha-t-il.

Annotations

Vous aimez lire Lina2402 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0