Chapitre 16-3
Aaron
Lola ne répondant pas, je me tournais vers elle, et la voyais figée. M'approchant doucement, je remarquais son regard fixe, vide, j'en eus la chair de poule, tout à coup sa respiration se modifia, devint difficile et sifflante.
— Lola ? ... Lola ! ... Sandra ! !
Sandra s'empressa à ses côtés et posa sa paume sur son front puis sur son cou.
— Son pouls est faible, allongez-la, je crois qu'elle va perdre connaissance. Elle est en état de choc, il lui faut de l'oxygène, et vite !
— Aaron, emmène-la à la clinique sur Asilia, je vais les prévenir, ordonna le Meneur. Je m'occupe de tout ici.
— Demande-leur de se préparer pour une urgence respiratoire, précisa la Guérisseuse.
Sans attendre, j'ouvrais un Miroir puis prenais Lola dans mes bras avant de traverser. Le fait d'avoir du sang Asilien, lui permettait de passer sans aucun problème.
Cela faisait deux jours, deux jours qu'elle était sans connaissance.
"Ça va aller, Aaron, avec ce qu'elle a encaissé en une journée, il ne faut pas s'étonner à ce que son corps ait lâché, elle a subi plusieurs traumatismes en quelques heures. Maintenant, elle est à l'abri et en sécurité."
Je tournais comme un lion en cage dans sa chambre, je passais et repassais mes mains dans mes cheveux pour me calmer, je finis par m'asseoir sur le siège près de son lit en lui prenant la main.
— Je sais bien, Rolf, ce qui me met en rage, c'est que je pensais que tout était fini, que nous allions pouvoir vivre en paix, mais ce n'était qu'un minuscule aperçu de ce qui nous attend. Elle n'est pas préparée à cela. De plus, j'essaie de joindre Hakon, mais il ne répond pas, il nous a pourtant dit que c'était possible !
"Je pense que tant que Lola sera inconsciente, il ne pourra pas communiquer avec nous et inversement, il faut attendre."
Je m'étais assoupi près d'elle lorsque sa main serra la mienne. Je me redressai d'un bond et la regardais, ses yeux étaient fixés sur moi et elle me sourit. Mon cœur bondit dans ma poitrine, je me penchai sur elle et posais mes lèvres sur les siennes en un baiser tendre exprimant mon soulagement.
— Salut toi.
Sa voix était légèrement rauque et voilée.
— Comment te sens-tu ?
— Je vais bien, où sommes-nous ? demanda-t-elle en regardant autour d'elle.
— Nous sommes à l'hôpital d'Asilia.
Elle écarquilla les yeux, puis un immense sourire éclaira son visage. Mon cœur se gonfla d'amour pour elle.
— Oui, Asilia. Tu es en sécurité ici, personne ne pourra te faire du mal.
— Que m'est-il arrivé, combien de temps ai-je perdu conscience ?
— Après notre réunion, tu es entrée en état de choc, tu es ici depuis deux jours, mon cœur.
Elle tenta de se lever, mais je l'en empêchai.
— Aaron, je vais bien, je veux juste prendre une douche et sortir d'ici.
— Pas avant d'avoir eu l'aval de Sandra, arguais-je.
J'appuyai sur la sonnette près du lit. Sandra arriva rapidement. Elle ausculta Lola, et l'autorisa à sortir. Après avoir pris une douche située dans la chambre, puis enfilé des vêtements que Tobias avait pensé à prendre chez elle avant de rentrer, merci Tobias, nous nous dirigeâmes vers la sortie. Je m'arrêtai avant de franchir la porte d'entrée. Je me sentais comme un adolescent à son premier rendez-vous. En tant qu'Asilien ça ne remontait pas à si longtemps, mais je n'avais jamais ressenti cette insécurité qui me taraudait à cet instant. J'avais toujours été sûr de moi auprès des filles, mais elle n'était pas une fille quelconque, elle était ma B'Shert.
— Lola, nous allons voir le Meneur, il nous a demandé de passer dès que possible, mais si tu n'en as pas envie, pas de problème, on attendra, il comprendra. Ensuite, je vais t'emmener chez moi, où tu vas séjourner, tu es d'accord ? ce n'est pas très grand, mais ça m'appartient.
Elle m'observa quelques instants et je commençais à danser d'un pied sur l'autre. Si elle ne répondait pas dans la seconde, j'allais perdre tous mes moyens. J'étais pathétique.
— Je ne concevrais pas d'être hébergée ailleurs que chez toi Aaron. Allons voir Loric. Mais j'espère qu'il a prévu de quoi me nourrir, je meurs de faim.
Je fondis sur sa bouche comme un affamé. Le soulagement m'ôtant un poids à l'estomac. J'ouvris la porte et nous sortîmes. Au bout de quelques pas, Lola s'arrêta net. Je me tournais vers elle et la vis, les yeux écarquillés et bouche bée. Je regardais autour de moi et compris sa surprise. J'observais notre environnement avec ses yeux à elle, un regard neuf sur mon monde et sourit. Notre soleil dardait ses rayons sur notre nature. Notre village était construit dans une forêt d'arbres centenaires, dont la canopée nous apportait ombre et fraîcheur. Les maisons étaient disséminées un peu partout. Je gonflais le torse.
— Comme tu le vois, les maisons possèdent des toitures végétalisées, conçues de façon à retenir l'eau. Les plantes y poussant favorisent la biodiversité de la flore, et de la faune, et absorbent les polluants, les poussières et certaines particules fines. Ils fournissent une excellente isolation thermique et phonique. Pour la maison en elle-même, on utilise le bois, la terre crue, la chaux, l’argile, le chanvre, la paille... Euh... hum, je m'emballe un peu là, non ?
Je me sentis rougir en la voyant me regarder en souriant.
— Tu es tellement enthousiaste en parlant de ton monde, et avec raison au vu de ce que j'aperçois, c'est merveilleux.
— Oui, ce monde l'est, viens, allons chez le chef.
Nous marchâmes le long d'une route pavée, croisant des véhicules donnant l'impression de flotter, des oiseaux aux couleurs chatoyantes et aux longues plumes volaient au-dessus de nous. Des enfants jouaient sous la surveillance des adultes qui regardaient Lola avec curiosité qui elle-même ne s'en rendait pas compte, occupée à enregistrer tout ce qu'elle voyait. Tout à coup elle s'arrêta en fronçant les sourcils.
— Il y a un problème, mon cœur ?
— Je ne sais pas, je... j'ai l'impression de ressentir des frôlements sur moi, c'est... bizarre.
— Ah ! Ah ! cela n'a rien de bizarre mon ange, il s'agit simplement des âmes qui viennent te frôler soit par curiosité, soit pour te souhaiter la bienvenue. Tu n'as rien à craindre.
— Vraiment ? c'est fantastique ! !
Son enthousiasme me fit chaud au cœur. Je la serrais contre moi avant de nous diriger vers la demeure de Loric.
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