I
Bing ! Le son produit par le marteau sur le métal chaud, était beau, parfait. Il ravit Ai-ran qui poursuivit son œuvre avec un léger sourire. Chaque coup faisait vibrer agréablement tous ses muscles.
- Moi, je ne vois pas le problème ! Ils nous payent toujours bien et respectent leur part des contrats. C'est ça, le commerce, peu importe ce qui se passe après la transaction, ce n'est pas de notre responsabilité.
Ton raisonnement est absurde. Ce serait dire que si tu sais que tu donnes à un criminel l'arme de ses futurs méfaits tout en sachant ce qu'il va en faire, tu n'es pas complice de ce crime. Pourtant, la justice appelle ça de la complicité. Toi, tu appelles ça du commerce !
Ai-ran regarda satisfait la forme de son œuvre. Elle était parfaite, il était confiant quant au résultat. Il ne restait plus qu'à faire une trempe exemplaire...
- Tu exagères toujours. Toujours à utiliser des mots qui font peur. Oui, je ne vois pas le mal qu'il y a à faire du commerce. Surtout que de nos jours, il ne reste plus que l'empire sur le continent pour accepter de faire du commerce avec nous !
- Et alors ? Qu'elle est le besoin que l'on a à faire du commerce avec le continent. L'empire nous achète peut-être encore nos artefacts, mais regarde ce qu'ils font sur le continent. Ils ont déjà attaqué frontalement les ailés et ont des vues sur les forestiers. Tu crois qu'ils vont nous épargner encore longtemps ? À ton avis, qui vont-ils attaquer en premier, les nageurs ou nous ?
Pchiii... La réaction au contact de l'eau ne put que réjouir Ai-ran. Et son chef d'œuvre ne pouvait que réjouir son client. Il était si concentré qu'il ne percevait qu'à peine la présence de ses deux frères dans son atelier.
- Justement, si nous coopérons avec eux, il n'y aucune raison pour qu'ils nous attaquent. Si nous arrêtons de les fournir, là, ils pourraient être mécontents. Cependant, je ne vois pas pourquoi s'inquiéter, ils ne sont même pas capables de traverser la mer sans notre aide.
- Il ne saurait tarder le temps où ils trouveront comment faire. Surtout si, certaines personnes, leur donnent au nom du commerce tout ce qu'ils souhaitent. Invite les à monter sur nos navires et bientôt ils seront parfaitement capable de traversait par le propre moyen. Et toi, tu en penses quoi Ai-ran ?
L'intéressé ne répondit pas, trop concentré sur son chef d'œuvre. Pour l'instant, aucune faute n'avait été commise. Tous ses gestes avaient été d'une précision parfaite. Il avait su choisir au mieux la composition de l'alliage dont il se servait, il avait sus magnifiquement gérer sa magie.
- Pourquoi tu lui demandes ? Il s'en fout lui. Tout ce qui l'intéresse, c'est de fabriquer et toujours fabriquer. Regarde cet idiot, il donne toute son âme dans un couteau de cuisine que la vieille Hjalba lui a demandé. Il sera payé des clopinettes et son couteau servira à peine. Si seulement j'avais son talent, j'en ferais quelque chose...
- Ta gueule ! Ce n'est surement pas pour rien que c'est lui et pas toi qui as ces talents. Et je tiens à avoir son avis. Ai-ran ? Ai-ran !
- Hum...
Ce dernier ne redressa que légèrement la tête, mais ils surent qu'ils avaient son attention.
- Tu penses quoi du commerce avec l'empire ?
- Je n'accepterais jamais de commande de leur part. Ce que je fabrique ne doit pas servir à faire du mal. Je n'aime pas le commerce de toute façon.
- Tu crois que tu vis comment ? Si on ne négociait pas derrière toi ou si les gens ne sont pas suffisamment gentils pour te donner plus que tu demandes tu n'aurais pas plus de quoi vivre !
- Mais il vit très bien sans participer au commerce vers l'empire. Il ne s'intéresse peut-être qu'à sa forge, mais il a des principes.
Ai-ran était de nouveaux concentrés sur son couteau, le manipulant avec agilité et précision.
- Tu parles. Il ne se soucie que de sa petite personne, il a moins de principe que moi ! Tu crois qu'il bougerait pour sauver quelqu'un ?
- Je ne dis pas qu'il faut aller se battre sur le continent...
- Pourtant, tu y penses ! Je t'ai vu parler avec les fanatiques qui veulent aller en aide à ce qui résiste à l'empire ! Tu en penses quoi toi Ai-ran, ton frère veux aller mourir pour des inconnues.
- Bah, il fait ce qu'il veut. Je ne comprends pas ce qui te chagrine. Moi personnellement, je ne vois pas l'intérêt, ce n'est pas ma petite personne qui va changer le cours de l'histoire.
- C'est sûr que si tu restes enfermé dans ton atelier, tu vas pas changer le monde !
Énervé, Flint quitta la pièce au pas de cours. Son frère, Hlant le suivit avec un grand sourire sur d'avoir remporté la joute verbale. Ai-ran retrouva enfin le calme, ne se demandant même pas pourquoi sa patrie était venue se battre dans son atelier. Il était juste heureux de pouvoir finir son chef d'œuvre, il avait hâte de voir le visage de mamie Hjalba quand elle recevrait son nouveau couteau.
Annotations
Versions