6. Amadeo de Dianne
Arto est déjà là quand j'arrive. Je me dirige vers lui à grands pas. Il est de dos, alors il ne peux pas me voir. Aussi, j'avance calmement dans sa direction attendant d'être assez proche de lui pour pouvoir le surprendre. Malheureusement, il s'est aperçu de ma présence, et il se retourne violement vers moi, un sourire de vainqueur aux lèvres. Mais avant même que mon meilleur ami n'ai pu se réjouir de ma surprise, je tends ma jambe et le fait tomber au sol, son derrière rebondissant sur le sol tapissé de mousse. Il a de la chance, ça ne doit pas faire si mal.
N'étant pas foncièrement mauvaise, je lui tends la main pour l'aider à se relever, ce qu'il accepte de bonne grâce. Avant d'avoir pu le remettre sur pieds, il se penche en arrière ce qui me fait basculer en avant. Je me retrouve allongée sur lui. Nous nous regardons un instant avant de nous esclaffer.
Un raclement de gorge se fait entendre et me fais sursauter. Arto se dégage vivement et se relève en époussetant ses vêtements, les joues en feu. Je fronce les sourcils avant de tourner la tête vers la source du bruit.
C'est un grand jeune homme, les cheveux blonds, les yeux bleus. C'est ce style d'homme qui fait tourner n'importe quelle tête mais qui n'arrivera jamais à se marier s'il n'est pas riche. En l'observant de plus près, je remarque qu'il lui manque quelque chose, un petit bout d'âme peut-être.
- Oh eh !
Je finis par me rendre compte, grâce au cri d'Arto, que je fixe ce jeune homme depuis un petit moment. Je détourne le regard mais ne rougis pas. Les rougissements, se sont pour les jeunes demoiselles en quête de fiançailles et qui estiment que la couleur sur leurs joues leur donne un avantage. Non, la seule fois où j'ai rougis... et bien je ne l'ai jamais fait.
Arto se tourne vers moi, près à enfiler le rôle de présentateur.
- Ella, je te présente mon cousin, Amadeo de...
Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il est coupé dans son élan.
- Amadeo de Dianne.
Je ne connais pas ce nom mais bizarrement le ton qu'il a pris me fais penser que ce n'est pas un petit bout d'âme qu'il lui manque mais bien un cœur.
Arto se tourne vers moi :
- Et voici...
Cette fois-là, c'est moi qui lui coupe la parole.
- Cendrella, je m'appelle Cendrella.
Du coin de l'œil, je sens Arto se demander à quoi je joue. Avant qu'il n'ouvre la bouche pour dire une bêtise, je l'attrappe par le coude et le tire derrière moi un peu à l'écart.
- Mais qu'est-ce qui t'a pris d'emmener un étranger dans notre coin à nous ?
Je chuchote mais on entend dans ma voix la colère aussi fort que si je lui avait hurlé dessus.
- Et bien, on a fait un combat et j'ai sorti ta botte secrète et il m'a demandé qui me l'avait appris et je l'ai ammené ici.
Tout cela explique tout ceci. Je me tourne alors vers ce Amadeo avec un sourire forcé.
- Bienvenue dans mon repère, monsieur de Dianne.
Nous nous mettons en garde et le combat commence. À première vue, c'est un très bon attaquant. Mais, il a un problème dans sa garde. Je le laisse se sentir supérieur car les hommes adorent cela (et certaines femmes aussi quand on y pense). Et puis, au moment où il commence à se relacher, je l'attaque par surprise, bloquant mon fleuret sur son cou. Un sourire s'attarde sur son visage.
- Tu ne m'avais pas mentis, Arto. Elle est douée.
J'enlève mon épée et lui tend une main pour l'aider à se relever. Il l'accepte mais une fois debout, il ne la retire pas. Ses iris bleus se plantent dans les miennes.
- Nous devons partir. Retrouvons-nous au bal du prince, nous pourrons discuter plus amplement.
Amadeo s'incline pour déposer un baiser sur mes doigts puis lui et Arto disparaissent dans les feuillages lointains.
Annotations
Versions