Prologue

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 Les deux roues d’une charrette chargée de barriques remplies d’eau et d’autres denrées tournaient comme peuvent le faire les rouages du temps. Charrette tractée par un âne qui, de temps à autre, s’arrêtait pour brouter quelques caducs et autres carex d’une plaine similaire aux toundras terrestres. L’animal avait visiblement avancé sans qu’on ne lui en donne l’ordre, comme s’il avait fui le groupe de nomades qui l’avait chargé comme un mulet, comme si sa vie en dépendait, comme si le destin l’avait porté sur ce chemin de graviers le temps qu’il se déroule quelque chose d’intéressant. Pour cela, il fallut attendre que le vent du Nord souffle plus fort et que le début de la nuit tombe sur cette étendue presque désertique où soudain haut dans le ciel apparut un immense volatile nocturne.

Un genre de prédateur à faire peur à quiconque oserait s’aventurer la nuit sur ce plateau du nom de la Vallée des Guerres. Nom donné en raison du nombre de guerriers s’étant affrontés ici-bas. Jusqu’à ce que cet immense volatile ressemblant à un aigle royal, mais dont la taille en était vingt fois supérieure, s’était mis en chasse de ce pauvre âne qui dès qu’il entendit le cri strident de l’aigle résonner en tout lieu se pressa et du pas, il passa au trot. La peur se lisait dans son regard de jais le faisant hennir et souffler mais il était loin, bien loin de savoir que personne, non personne n’échappe au Gardien de cette Vallée et que son sort il fallait qu’il l’accepte comme l’on peut se sacrifier pour un autre.

Quand l’aigle se mit soudain à piquer dans sa direction, au lieu de galoper, l’âne s’arrêta comme s’il avait accepté de donner sa vie pour qu’il puisse vivre au-delà de la sienne. C’est ainsi que commence cette histoire avec l’envol d’un vernaculaire qui s’est offert au plus grand prédateur volant du continent Idrézian.

Bien loin de là durant la même nuit, Craven, un homme grand fin qui portait une longue veste sombre, trouée de part et d’autre comptait le nombre de charrettes, se rendit compte que l’une d’elles manquait à l’appel. Puis il recommença à compter en prenant soin cette fois-ci de surveiller chaque cargaison. Quand il s’aperçut que l’une avait disparu celle qui contenait l’eau, il porta la main sur ses lèvres et siffla son grand frère, Cléfer. Dans la nuit éclairée par l’astre lunaire, c’est à peine si le visage de cet homme se distinguait et seul ressortaient ses longs cheveux gris ainsi que la couleur rouge écarlate de ses iris.

Le dénommé Cléfer assis près d’un feu à veiller sur les siens ne dormait que d’un œil et dès qu’il entendit le sifflement, son deuxième s’ouvrit. Le temps qu’il comprenne l’objet de cette alerte, il prit aussitôt son épée d’une poigne ferme prêt à défourailler. En se levant, il sortit son arme comme si sa vie en dépendait. Ce n’est que lorsqu’il vit au loin les yeux rougeoyants de son frère qu’il comprit qu’il n’en était rien. Cléfer rangea son épée, saisit un pendentif qu’il portait précieusement autour de son cou. Un bijou de forme cylindrique qu’il ouvrit délicatement et inhala une fumée blanchâtre et luminescente.

Aussitôt ses paupières s’ouvrirent grand et son regard s’éveilla soudain. Cléfer effectua un pas devant l’autre en essayant de ne pas réveiller les membres de son clan. Il avança lentement en caressant le museau de chaque animal. Et quand il arriva devant son frère, ses larges épaules protégées par des épaulettes en acier ne laissaient aucune place au corps frêle de son frère, sauf à sa tête. L’air agressif qu’avait pris Cléfer fit reculer son cadet d’un pas et il lui demanda :

— À quoi penses-tu, Craven ?!

Le grand homme l’observa droit dans les yeux puis détourna son regard pour réfléchir et se mit à sourire comme s’il connaissait déjà la réponse.

— Es-tu certain de vouloir savoir ?

Cléfer avança d’un pas et grogna.

— Allons, ne t’énerve pas grand frère ! Interrogeons l’Astre et tu sauras.

Il lui tendit sa main que Cléfer saisit fermement.

Après cela, il serra les poings en restant dans un silence funèbre. Silence que Craven rompit.

— Allons-y ensemble, comme au bon vieux temps !

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