Liorike

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Comme je leur avais annoncé la veille, tous les midis alors que le soleil brillait, j’en récitais ces notes autour de mes nombreux fidèles qui me prenaient pour leur Reine, sauf l’un d’entre eux, Liorike qui m’avait démasquée. Mais plus les heures passaient, plus il semblait plus ouvert. À chaque fois qu'ils récitaient mes notes, je lisais toujours un peu plus de lui. À chaque mot que je prononçais, il semblait toujours un plus confiant et le jour qui suivit notre discussion, il était présent et ce deuxième jour, je poursuivis mon histoire, là où je l’avais laissé : juste après m’être enfuie dans les bois en direction de l’Est. Ce jour maudit où j’avais perdu mes parents.

****

Mon cœur, je crois, était tellement torturé que je m’étais effondrée de douleur dans le creux d’un arbre mort. Mon seul refuge avait été une sylve sans vie, dont le creux m’avait donné une chance de me reposer un peu. Mais à cet instant, je ne pouvais plus pleurer, aucune larme ne pouvait couler tant, j’en avais trop versé. Je m’étais endormi, je crois même qu’à cet instant mon âme avait brûlée si fort que j’avais eu fait un rêve où je vivais en paix et où je voyais mes parents ensemble se tenir la main et me dire de prendre soin de moi, car personne d’autre ne le ferait mieux que moi-même. Cette nuit-là, fut aussi courte que leur message dont la parole était impeccable.

Je me réveillais cette fois-ci, plus courageuse et j’avais poursuivi en petites foulées toujours vers l’Est et je me retrouvai la lumière du jour qui commençait tout juste à poser ses premières couleurs, je me rappellerai toujours de cette matinée quand je sortis de ce bois, face à moi s’étendait un ravin et pour la première fois de ma vie je vis le monde comme jamais je ne l’avais eu vue… et je vis haut dans le ciel planer le Gardien de Vallée de Guerre, comme s’il me surveillait, moi, Anaëlle, comme s’il veillait sur moi. Un courant d’air frais balaya mes cheveux et cela m’avait du bien de me sentir vivante, cela m’avait redonné goût à la vie, et ce même si elle avait été brisée à jamais. Je profitai du spectacle de mère nature, dont le visuel ressemblait à un canyon, mais dont la nature avait été béni par sa grâce.

J’étais perdue dans l’immensité du monde et je ne pouvais m’empêcher de regarder derrière moi avec une pensée dirigée vers mes parents dont le message m’avait redonné foi en l’avenir. Je crois qu’à ce même instant alors que j’en récitais mes notes, je versais des larmes. Sans pouvoir en ressentir la douleur. Sans même pouvoir ressentir qu’au fond de moi, je souffrais. Sans même encore comprendre qu’au plus profond de moi, je ne cherchais qu’une chose: les revoir. Alors que mes larmes coulaient à flots, je remarquai que tous avaient partagé mon chagrin.

Je fis alors une courte pause, simplement pour ponctuer cette note en plongeant mon regard au loin sur cet empire où la paix était maîtresse et j’avais, je crois, pour la première et depuis que j’étais devenue Destinée, trouvé un véritable chez-moi. Mais ce monde n’était mien, ce monde ne pouvait être le mien et je regardai de nouveau ces fidèles qui n’étaient pas mien non plus. Je leur avais dit ceci — ce sera tout pour aujourd’hui — à cela tous ou presque étaient repartis sans dire mot, tous sauf Liorike qui attendait toujours dans le plus grand silence. Je m’étais à nouveau perdue à regarder à l’horizon, mes pensées se dirigeaient vers, toi, Cléfer Clarens.

Cette journée-là, je me rappellerai qu’elle était passé si vite. Je m’étais aperçu de cela quand le soleil déclinait. J’avais encore passé une partie de ma journée à penser, à réfléchir à vous autres et surtout au monde que j’avais laissé derrière moi, sans oublier celui dans lequel j’étais. Sans savoir de quoi il en résultait. Sans savoir que de votre côté la reine de Destin t’avait, toi, réanimé et s’apprêtait jouer son rôle celui que j’avais peur d’endosser. Puis dans l’orangé du soleil couchant, je vis une forme apparaitre. C’était toi, sans aucun doute, cela ne pouvait être que toi. Je me retournai pour te demander si c’était bel et bien un Gardien comme celui de Vallée des Guerres, mais tu étais déjà parti Liorike le mage noir. J’avais alors appelé Tayhra. Et tu arrivais avec un plateau de fruits en main. Quand tu le vis planer, tu m’avais demandé d’une voix douce :

— Reine Destinée, il semblerait que cet immense volatile me rappelle celui dont vous en récitez les notes, qu’en pensez-vous ?

Tayhra était grande, mais elle avait un certain flaire.

Ma nuit avait été courte, même si je m’étais rapidement endormi. Je me réveillai en sursaut avec le prénom de ce Craivien en tête : Nimbel. Puis un autre élément m’était resté aussi en tête : il fallait que je reprenne mes droits, mais comment faire ? Je me sortis de mon lit, pour me vêtir d’une tunique crème, ornée de broderies dorées sur les bordures. Vêtement trouvé sur un meuble conçu pour cet effet. Après m’être chaussée, j’étais allée prendre l’air frais. J’avais enfin osé sortir de ma chambre. Devant l’entrée deux piliers avec aux extrémités un récipient fait de cuivre, brulait des flammes dont la source magique semblait venir de moi.

Face à moi se prolongeait un couloir dont la profondeur et la hauteur m’avaient impressionnée. Ce couloir était soutenu par une rangée d’une dizaine de colonnes fait en marbre marron impérial. J’avançai en centre de ceux-ci. Personne dans pas même un garde.

Il était vrai qu’à cette heure-ci tout le monde devait dormir fut ma pensée du moment. Je m’étais surprise à m’embraser de nouveau pour mieux en apercevoir les recoins. Même si loin de moi était l'idée d’avoir eu peur dans ce palais, mais il fallait croire que le noir de la nuit était comme omniprésent. Après cela, je vis une sortie. Je me dirigeai vers elle.

Dès que j’en franchis le seuil, des marches en colimaçon me faisaient face. Je les descendis sur la pointe des pieds pour faire le moins de bruit possible. Je me rappelais les avoir descendus un bon moment avant de me retrouver devant un immense hall, éclairé par des torches posées à même des massifs et d’autres, accrochées sur les pylônes éclairant ainsi les lieux. Je ne vis toujours personnes, pas âme qui vive et pourtant, immense était le palais, puis j’entendis murmurer au loin.

Ces voix attirèrent aussitôt mon attention. Je me rapprochais de la position, je serais les poings seraient prêts à user de ma force s’il le fallait. Mais arrivée au lieu de ces émanations, rien. Simplement un autre accès. Je le franchis et un autre couloir plus sombre et étroit. Au fond de celui-ci, j’aperçus une forme, une ombre fuir que je me mis à héler.

Mais elle semblait avoir peur. Agacée de cela, je m’étais énervé à tel point que le temps se mit à s’écouler plus lentement, et j’avançai vers cette présence. Déterminée, j’avançais à grands pas. Cependant, franchir ce couloir, m’avais semblait être une éternité et quand j'arrivai au bout, il s’étendait un jardin à perte de vue, je fronçai les sourcils. Interrogée de cela, car personne n’était là. Rien et encore moins d’intrus, je levais la tête pour observer le ciel et je vis en gros plan une planète dont la taille m’avait semblé être dix fois plus grande que la Lune.

Subjuguée de voir un tel phénomène, j’eusse même eu un frisson me courir le long de l’échine. Un nouvel élément me vint soudain à l’esprit, je dois dormir. Cette réflexion me réanima. Ce monde n’est pas si loin que le mien, il fallait que je trouve une solution et vite, fut ma dernière pensée au réveil. Quand je m'étais levée de mon lit, j'avais refait le même trajet. Parvenue dans ce jardin, je fixai le ciel, mais la planète avait disparu pour ne laisser place qu'aux étoiles. Puis j’entendis une voix me dire :

— Nous nous sommes bien trompés sur vous, Anaëlle Flores. Ou devrais-je plutôt vous appeler, Destinée ?

En voilà des manières de m’interpeler ! Cette pensée m’avait traversé l’esprit comme une flèche et je me tournai vers l’origine de cette voix aussi vite qu’elle avait été lancée. Et je vis un homme trapu au visage ingrat coiffé d’une natte grise, c’était bien lui mais son aura était plus sombre encore et j’avais prononcé sur ton narquois :

— Nimbel, en voici des manières de répondre à une reine du Destin, et je m’approchai de lui avec un sourire aux lèvres, le genre de dire que j’allais bien me régaler.

Mais au moment où je voulus l’attraper, il s’effaça en éclatant d’un rire argentin. Si Nimbel était bel et bien ici, il se pourrait même que d’autres aussi. Cette réflexion je l’avais eu alors que je regardai dans le ciel cette étoile cherchée la veille, apparut soudainement. Ainsi, j’allais devoir assumer la protection de ce monde, car lui aussi allait être en danger ou l’était-il déjà à cause moi ? Ce raisonnement tournait en boucle dans ma tête, jusqu’à ce que les premiers rayons du soleil m’en sortent.

J’aperçu le Gardien planer et se diriger vers le soleil levant. J’étais enfin déterminée à reprendre du service et surtout à endosser le rôle qui m’avait été attribué, ici même, sans que je n’eusse eu le temps d'en connaître le rôle qui m'avait été attribué. Celui de cette Flamme que j’avais remplacé dont l’empire était en paix. Quand je retournai dans le hall, le palais avait repris son court et je vis des gardes s’afférer à reprendre leur post, j’avais interpellé l’un d’entre eux qui m’avait semblé être un gradé et lui avait dit ceci :

— Officier ? Je veux que renforcez la garde du palais et surtout la nuit. Est-ce bien clair ?

À cela, il avait exécuté d’un hochement de tête et s’empressa de faire passer le mot quand je vis sortir du l’entrée qui menait à ma chambre, Liorike. Ce dernier me cherchait et quand il traversa le hall éclairé par les rayons solaires, je vis qu’il avait l’air mécontent. Avait-il quelque chose d’important à me dire ? Mais je redoutai le pire et quand il me fit face, il avait fermé ses paupières et qu’il les rouvrit il m’eut dit :

— Destinée, j’ai bien peur que vôtre venue ait perturbé beaucoup d’éléments et par la même occasion emporté avec vous des êtres dont l’âme est aussi noire que la plus sombre des obscurités pour cela, je vais me charger d’investiguer les terres qui sont nôtre pour traquer les intrus. J'aurai besoin de vous : de vos pouvoirs accompagnez-moi, je vous en prie. Car j’ai appris qu’il y avait eu des meurtres dans la cité à proximité du palais, et ce depuis votre arrivée. Au total cinq, dont deux femmes et trois hommes, prêtresses et mages.

L’avenir s’annonçait plus sombre que prévu mais je ne voulais pas quitter le palais, car je devais réciter les notes tous les midis. Cette pensée me fut coupée par la parole de Liorike.

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