Freudien.
Dans le parking de mon père cet après-midi sous le soleil de juillet butiné par une mouche pourrissait un testicule
Enfin je n'ai pas bien vu ce que c'était mais je ne vois pas quoi d'autre vraiment cela aurait pu être
Une datte peut-être mais les dattes n'ont pas ces veines
Une limace peut-être mais les limaces n'ont pas ce petit capuchon muni d'un tube
En toute vraisemblance il s'agissait d'un testicule avec son épididyme et son spermiducte
Mais que pouvait bien faire un testicule avec son épididyme et son spermiducte à pourrir butiné par une mouche sous le soleil de juillet cet après-midi dans le parking de mon père ?
Vraiment c'est étrange
Et assez disconvenant parce que c'est le genre de détail qui se ferait volontiers passer pour un signe, une métaphore, une abstraction
Comme si je n'avais pas réellement trouvé dans le parking de mon père cet après-midi sous le soleil de juillet butiné par une mouche un testicule avec son épididyme et son spermiducte
Comme si je disais ça simplement par goût de l'énigme pour insinuer par effet d'analogie que j'en veux aux testicules de mon père dans un mouvement trop explicitement oedipien
Alors que non
J'ai réellement trouvé dans le parking de mon père cet après-midi sous le soleil de juillet butiné par une mouche un testicule avec son épididyme et son spermiducte
J'ai beau chercher, ça n'a pas de sens
Aucune raison ne pourrait l'expliquer
C'est juste comme ça, voilà tout
Des fois, Freud mériterait de se calmer
Des fois, on trouve de ces choses dans son parking et on n'y peut rien
Le bonheur des mouches nous regarde peu
D'ailleurs elles non plus ne nous regardent pas
Elles ne font que se laver les pattes sur des choses sales
Et butiner ce qu'on ne pourra jamais comprendre
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