BOULETTE

10 minutes de lecture

C'est le jour J : l'échange a lieu aujourd'hui. Je le sens bien, tout va bien se passer ! J'ai confiance pour une fois !

De ma position, je contacte les équipes en place afin de vérifier le bon respect des créneaux horaires : rien à signaler.

Mon équipe et moi nous engageons à l’heure initialement prévue. On rejoint l’un des quartiers le plus éloigné du centre-ville, en passant par les souterrains désaffectés, pour y retrouver Chung Liu. Arrivés à l’heure et au lieu indiqués, on procède discrètement à l’échange, avant de nous séparer et de partir dans des directions différentes, toujours par le biais des souterrains.

C’est bon pour moi. Je pense que ça l’est aussi pour les autres… Je vais bien voir ça : dans 2 minutes et 43 secondes, l’échange devrait être clos par Johanna et le deuxième frère Liu.

2 minutes 44 s’écoulent. Je reste calme et reçois le message attendu de la part de mon amie : un simple « Ok ».

Nickel, on a réussi sans se faire prendre. C’est un soulagement pour ma part. C’était le premier échange entre nos deux clans et on ne sait jamais si l’autre ne nous trahira pas…

Mais le temps n’est pas venu de se reposer. La journée ne s’arrête pas là, on a une petite soirée de prévue ce soir entre les membres les plus importants de chaque gang.

On se retrouve à l’adresse donnée : un grand appart’ dans le quartier populaire. Le proprio, l’un de mes camarades, y a déjà tout préparé : il n’y a plus qu’à attendre tout le monde pour commencer !

Les Frères Liu arrivent en même temps en élégants costumes. Je mesure ma magnificence face à eux avec dans mon sweat et mon jean…

La soirée se passe bien : la plupart des bras droits dont Johanna et Octave sont torchés et il ne reste que le trio Liu et moi de sobre, mais bon…

On profite de ce moment pour discuter de nos problèmes quotidiens, de nos ennemis chiants, de nos objectifs inexistants et des projets futurs envisageables entre nous… un couple tel que Johanna et Chongan par exemple : le deuxième frère Liu l’a quitte pas des yeux de toute la soirée.

Si ça peut rapprocher un peu plus nos gangs, je suis pas contre, mais bon… C’est pas que je l’aime, il est super sympa comme mec, mais je vois pas vraiment Johanna avec… Parce que, ouais, j’ai mon mot à dire pour ça : c’est ma meilleure pote, okay !

Bref. La fête se termine super tard. Tellement tard qu’on préfère rester sur place pour dormir.

« On se refait ça quand tu veux Rachel !

_ Ouep, pas de souci, Chung ! Rentrez bien !

_ Ouais ! On s’appelle dès qu’on a des offres intéressantes !! »

Eh bien nous voilà avec des alliés commerciaux… voire alliés tout court : on s’entend merveilleusement bien !

Je repars chez moi après avoir aidé le proprio à ranger. Je marche à une vitesse étonnamment lente vers mon domicile : faut croire que la fatigue me réussit pas… Ce soir couchée tôt !

Arrivée, je m’effondre sur mon lit. Je me réveille que quelques heures plus tard lorsque mon ventre crie littéralement famine. Je me fais vite fait quelque chose à manger, comme des pâtes, puis je m’affale devant la télé à rien faire le reste de la journée.

Le soir arrive : je vais me préparer pour dormir. Alors que je sors de la douche, les cheveux trempés, la sonnette retentie… QUI vient m’emmerder CE soir ?!

Je mets vite fait un pull au-dessus de mon pyjama et vais ouvrir, les cheveux dégoulinants… autant que ceux de celui en face de moi.

« Georges ?

_ Désolé pour le retard, j’ai eu un empêchement en ville.

_ …

_ T’avais oublié pas vrai ?

_ … Ouais, désolée : j’étais de sortie hier…

_ Tu veux qu’on reporte à demain ? Ça ne me dérange pas, tu sais ?

_ Non, non, on a pas à reporter : cette soirée est sacrée. J’arrive dans 5 minutes, entre en attendant. Je me grouille !

_ T’inquiète on n’est pas pressés : les feux sont lancés que dans 2 heures. »

Merde, merde, merde ! Comment j’ai réussi à oublier ça ?!

***

Cinq minutes plus tard elle est prête. Habillée, maquillée, coiffée. Elle est sublime. Elle ne porte qu’un léger pull rouge carmin au-dessus d’un jean bleu clair avec de magnifiques Doc noirs, mais la façon dont elle est coiffée la rend cent fois plus magnifique qu’habituellement. Elle a relevé ses cheveux colorés en un chignon tressé. Quelques mèches s’échappent ci et là, mais cela ne la rend que plus charmante.

« Tu es magnifique… »

C’est sorti tout seul… Tant pis. Elle est au courant qu’elle est radieuse comme ça !

« Merci ! T’es pas mal non plus dans cette tenue !

_ …Merci ! »

Je ne porte qu’un t-shirt noir en-dessous d’un teddy de la même couleur, et un jean foncé… Mais si elle trouve ça passable… ça me va !

Nous sortons en ville, côte à côte. Les lumières sont partout. La fête rend la ville colorée ! Le jaune et le rouge sont mis en priorité cette année : c’est sublime. J’adore cette fête, c’est mon moment préféré chaque année : c’est l’un des seuls événements qui me rend joyeux !

Les lumières et les couleurs rendent les gens aimables et amoureux il faut croire. Les lampions illuminent les pensées… et les gens.

Nous nous promenons dans la foule, regardant les stands érigés partout dans les rues. Ici et là, des objets souvenirs, des lampions miniatures illuminés… c’est aussi mignon qu’un marché de Noël.

Nous continuons à marcher jusqu’à la grande place. Chaque parcelle d’herbe est recouverte de lumières. Des lampions bleus, rouges, jaunes, oranges… Tout autant de lumières que d’étoiles dans le ciel.

La fête se clôt avec le magnifique feu d'artifice annuel. Encore un jeu de couleurs et de lumières... Encore sublime.

***

Une semaine est passée depuis la soirée. Je suis surchargée par le boulot et les obligations : les vacances doivent attirer les cons, vu qu'ils sont nombreux à se frotter aux tigres. C'est épuisant... Je n'ai même pas le temps de me poser un peu : je bosse à temps plein tous les jours au café, et une fois rentrée, je travaille pour mon examen avant de ressortir pour casser des gueules et des rêves.

Comme ce soir... Même ruelle que d'habitude : je leur donne toujours la même adresse, pas trop loin de chez moi, pas trop près du QG, aucun moyen de remonter jusqu'à nous.

Ce con est déjà là. Prêt psychologiquement... selon lui. Je vais encore putain de m'ennuyer : ça se voit sur son visage qu'il est pas de taille !

« Approche que je te défonce !

_ Pourquoi tout de suite la vulgarité ?! »

Ce mec me fait chier au plus haut point : une grande gueule pour un résultat merdique. Il est tellement nul en combat rapproché...

Je pare tous ses coups sans exception : prévisible… Ce combat est d'un ennui phénoménal !

Je suis prise d'une flemme si grande, que j'ai même pas encore mis fin au combat en lui balançant un coup bien placé...

La flemme. Les spécialistes devraient reconnaître ce phénomène non pas comme une maladie mais comme un symptôme d'ennui provoqué par les cons.

Bon aller : je lui fous un upercut assez violent. J'en ai marre de juste parer ! J'enchaîne avec des coups droits de plus en plus violents. En vrai, j'ai besoin de me défouler : il m'a soulée en m'ennuyant autant ! Il reste sans réaction au sol au bout d'un unique round. Perdu. Il aura juste récolté "quelques" bleus... Et peut-être une ou deux côtes cassées et une arcade ouverte... Peut-être.

J'essuie mes mains souillées par son sang sur son t-shirt avant de m'éloigner de la ruelle.

Toujours cette même ruelle… Va falloir que je leur explique que je me bats qu'avec des cons avec un assez bon niveau : je me fais chier à chaque fois sinon ! Mais bon, le point positif, c'est que si je réponds à toutes leurs demandes de baston, j'ai la possibilité de faire du sport presque tous les jours. En me faisant chier, il entretiennent ma santé… Tellement débile en vérité…

Bref, cette tâche chiante faîtes, je rejoins le QG à pieds en prenant soin d'emprunter des chemins que seuls peu connaissent : les souterrains.

J'arrive au QG sans problème. Je rentre dans le bâtiment et rejoins la salle d'entraînement. Déserte. Parfait, je suis seule aujourd'hui.

Je vais chercher mes affaires dans le casier à mon nom et une fois changée, je branche mes écouteurs et commence à m'échauffer.

Suivant le rythme de la musique, je m'entraîne quelques heures. Je sens plus mes poings ni mes jambes à force de frapper dans les punching-ball... J'avais besoin de me défouler, okay ?! Je passe pas vraiment de super bonnes vacances en ce moment !!

Je m'allonge quelques minutes sur le sol, le temps de reprendre mon souffle, puis après avoir retiré mes écouteurs, je vais me doucher.

Je passe la nuit au QG : j'ai pas la foi de rentrer chez moi. Je m'installe dans la salle de réunion sur l'un des canapés défoncés et m'endors presque instantanément.

Rien ne dérange mon sommeil, pas même les premiers arrivants.

***

Je m'ennuie à mourir... Quelle idée aussi de suivre des cours pendant les vacances ?! Tous ces efforts pour réussir un concours... Vive les études !!

Ça fait une semaine que je suis dans mes révisions intensives. Je n'ai pas le temps de faire autre chose de mes journées : réviser, réviser, puis réviser... À croire que je suis en prépa... Aller ! Ce n'est qu'un mois, il me restera deux semaines après !

J'ai tellement hâte de terminer pour pouvoir la revoir ! Je veux vraiment faire quelque chose avec elle : une soirée ou un concert, quelque chose où il y aura de la musique et de l'ambiance !

Bon, j'arrête de me déconcentrer : terminons le programme de la journée ! Plus que quelques heures d'expression orale en anglais et j'ai terminé !

***

La seule occasion qui s'offre à moi pour me détendre un peu arrive en fin de semaine : Johanna me propose une soirée chez elle. J'accepte tout de suite !

J'arrive chez elle à l'heure prévue. J'y retrouve mon amie, Georges, Augustin et... Chang ? D'accord... Leur relation avance bien faut croire !

On sort en ville pour commencer : direction un petit bar pas trop fréquenté. On commande des boissons non alcoolisées pour commencer en douceur : Johanna et son copain nous annonce bien fort qu'ils sont là pour s'éclater un moment.

On passe une bonne heure à parler en buvant plusieurs verres, puis on quitte l'établissement pour passer acheter quelques bouteilles dans une supérette. Après avoir sorti nos cartes d'identité attestant de notre âge au moment de payer, nous nous dirigeons vers l'appartement de Johanna.

Elle habite dans le quartier nord de la ville, plutôt calme et chic : l'appartement est un cadeau de ses parents plutôt aisés.

On arrive chez elle. Elle nous installe dans le salon et pose bouteilles et verres sur la table. Nous reprenons nos discussions en buvant des boissons alcoolisées ou non.

Puis viens un moment obligatoire : l'aller-retour aux toilettes...

Cet instant est un véritable gage de confiance envers ses amis : qui sait ce qui va arriver à notre verre pendant ce temps...

Augustin est le premier à craquer et à se diriger vers le trône maudit. Bien sûr, Johanna en profite pour corser son jus d'orange avec de la vodka... Quitte à jouer au plus forts, autant commencer dès le départ !

Il boit bien obligé le contenu de son verre dans les minutes qui suivent son retour. Georges et moi craquons en même temps. Nous passons un pacte : nous devons faire l'aller-retour puis boire nos verres ensemble.

Pari tenu : revenus ensemble de l'endroit à éviter, nous levons nos verres empoisonnés d'un même mouvement. Je reconnais le goût du whisky dès la première gorgée... Quel gâchis d'en avoir versé dans de la limonade !

La soirée devient de plus en plus alcoolisée au fur et à mesure des heures. Johanna et Chang n'attendent plus de nous voir partir pour remplir nos verres...

Tenant très bien l'alcool, je vois évoluer le comportement de mes amis : Johanna est la première à dormir sur la table, très rapidement suivie par Chang. Augustin tiens autant qu'Octave : ils s'endorment ensemble en plein milieu d'un débat sur le sexe féminin et les moyens de séduction.

À mon plus grand étonnement, Georges reste limpide tout ce temps : il tient aussi bien que moi il faut croire !

Nous nous occupons tous les deux à allonger nos amis sur l'immense canapé du salon, puis nous terminons la soirée ensemble. À parler en picorant les gâteaux apéro qu'il reste.

Alors que nous parlons de nos problèmes personnels (j'évite bien entendu de lui parler du clan), Augustin décide de se réveiller :

« Salut vous deux... hic !

_ Tu ferais mieux de te recoucher : t'es torché.

_ Non, non, je vais très bien : TOUT VA BIEN !

_ C'est ça, c'est ça... Va te recoucher.

_ Non, moi je veux parler !

_ ...

_ Tu sais Rachel... Hic ! Je te trouve super cool... Hic ! T'es gentille, super sympa et surtout... Surtout... T'es trop belle !

_ C'est ça, c'est ça : c'est l'heure de dormir !

_ Non : moi je veux faire ça avant ! »

Et avant même que j'ai eu le temps de me reculer, il me fait un énorme câlin... Et se rendort sur moi... Georges se fend la poire à côté... Sympa. Il m'aide quand même à le recoucher.

Puis tout part en vrille. Pendant qu'il jouait son cinéma, Augustin s'est amusé à mettre une bonne dose d'eau de vie dans nos verres : c'est ce qu'il a déclaré le lendemain...

Et là, trou noir. Je me souviens de l'alcool, de Georges riant à pleine voix, de nous deux sortant dans la rue, puis remontant chez notre amie et... C'est tout. Je me suis réveillée par terre, au milieu de la cuisine, dans les bras de mon ami. Gênant. Il me dit :

« Je sais qu'on est remontés et qu'on a sorti des pâtes instantanées du frigo. On les a mangé au sol et on a discuté. Après ça, on a dû s'endormir d'un coup : je m'en souviens plus... »

Je m'en rappelle absolument pas non plus... J'espère que la mémoire me reviendra !

***

Je m'en rappelle parfaitement du après, mais j'ai pas forcément envie de lui dire. Augustin vient derrière moi et me chuchote un petit "Tu t'en souviens, hein ? ". Je ne réplique pas : il voit toujours mes failles.

***

Voili voilou pour ce chapitre (enfin corrigé) !!

J'espère que vous l'aurez apprécié ;3

D'autres chapitres et projets arrivent petit à petit ~~

A bientôt !!

BNT

Annotations

Vous aimez lire BurondoNoTako ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0