Chapitre II

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Le lendemain matin, Anselm se leva, mais n’enfila pas son costume de magicien, sensé attirer les clients. Alors que son amie dormait encore, il avala quelques baies et partit vers les rues de la Cour. Dehors, le soleil était levé et la ville commençait à s’animer doucement. Les boutiques ouvraient leur portes, et à chaque marchand qu’il voyait, Anselm proposait ses services. Mais à chaque fois, on le refusait plus ou moins polimement. Ses habits trahissaient son origine des Basses Rues, qui n’avait pas bonne réputation. Midi finit par sonner au clocher du Palais, qui dominait tout Kevnidenn. Le ventre vide, Anselm s’autorisa un peu de repos, et s’assit sur un banc, au milieu d’une place passagère.

Devant lui, peint sur les façades de grands hôtels, s’offrait à ses yeux un portrait gigantesque de Sa Majesté Shéhérazade. C’était une jeune fille à la peau exotique et aux yeux jaunes comme ceux d’un chat, traits typique des contrées d’Orient, d’où était originaire feu son Altesse la Reine Mère Shira. Si elle était si jeune au pouvoir, c’était à cause du terrible drame qui était arrivé moins d’un an auparavant. Quelques personnes, probablement des hommes venant de Sterenn, ville qui ne se soumettait qu’à moitié à la famille royale, s’étaient introduits dans le Palais, et avaient fait explosé la salle du Conseil, sans qu’on ne retrouve jamais les coupables. Avaient péri dans les flammes le Roi Idriss et sa femme, le Prince heritier Trestan, avec le Haut Gardien des Sceaux et une dizaine de majordomes, servantes et soldats.. Ainsi, sa Majesté Shérézade, à seulement dix-sept ans, gouvernait d’une poigne de fer le Royaume de Gwiad, et réussissait à maintenir une paix relative entre ses différentes villes.

Anselm regarda plus attentivement et remarqua sous le portrait une annonce placardée et marqué du sceau royal :

«Placez votre force et votre détermination au service de sa Majesté en participant aux travaux de rénovation du Palais !»

Cela pouvait être une solution. Il aurait de cette manière un salaire presque correct, et il échapperait ainsi à la misère des Basses Rues. De plus, il ne doutait pas qu’on l’engagerait malgré son apparence crasseuse. Le Palais peinait à trouver assez de main d’œuvre pour reconstruire la partie qui avait disparue lors de l’attentat, car la croyance populaire le voulait maudit. Lorsque Cailleach avait entendu cette histoire, elle avait simplement secoué la tête avec dédain et déclaré : « Si ce lieu était maudit, je l’aurais senti pendant mes méditations. ».

En moins d’un quart d’heure, il arriva sur la Place du Soleil. Devant lui se dressait l’immentisime Palais, donc les murs blancs brillaient de mille feux. De grandes grilles, gardés par des des soldats en uniformes, protégeaient la forteresse. Il repéra une longue file d’attente devant la porte de Pobl, qui servait à accueillir les gens du peuple invités à accéder au Palais. Evidemment, chacun était méticuleusement controlé, et un garde escortait ceux qui avaient l’honneur d’entrer dans le château. Anselm se plaça dans la file et fit la queue pendant près de deux heures. Assoiffé, il arriva enfin devant les soldats qui controlaient l’entrée.

« Nom ? » grogna un garde imposant, tout en le dévisageant de haut en bas. Anselm déclina son identité, les yeux baissés. Il ne préfèrait pas froisser l’ego du soldat, qui semblait déjà le mépriser.

« Motif d’entrée ? continua l’homme sur le même ton.

- C’est pour travailler pour les travaux de rénovation, expliqua Anselm.

Le garde haussa un sourcil moqueur et marmonna une quelconque reflexion quand à sa maigreur, à l’intention de son collègue, qui sourit. Puis il reprit son un ton plus audible :

- Va avec ces gens-là, dit-il en pointant un petit groupe d’homme qui attendait quelques mètre à côté. Présente-toi au maître de chantier et croise les doigts pour qu’il accepte que tu bosses.

Anselm le remercia, et rejoignit l’endroit indiqué.

- Eh toi, l’interpella immédiatement un homme du groupe monté comme un taureau, avec une barbe rousse et touffue. Tu viens te rallier aux galères maudites ?

Sans lui laisser le temps de répondre, il l’attrapa par les épaules et le secoua comme un prunier.

- Bon sang, pas bien vaillant le jeunot, gronda-t-il. T’as déjà travailler sur un chantier ? T’a déjà travaillé tout court ? Qu’est ce que tu fais de tes journées ?

- Je suis cartoman… commenca-t-il.

- Aucune idée de ce que c’est, mais ça suffira pour venir travailler avec moi. Le boulot commence aux première cloches et finit quand je décide que tous mes gaillards ont assez trimé. T’auras ta paye chaque dimanche, et si tu trouves à redire à ton salaire, tu n’auras qu’à te l’enfoncer dans le cul !

Anselm acquiesa, quelque peu intimidé par le flux de parole ininterompu de l’homme.

- Au fait, j’oublies même de me présenter, se rappela le rouquin. Je suis Quinn, maître de chantier des rénovation du Palais de sa Majesté. Ravi de t’avoir sous mon commandement, gamin !

Anselm eut un rire gêné, tandis que Quinn rassemblait la dizaine d’ouvrier autour de lui et les menait dans l’enceinte du Palais. Tout respirait l’opulence et le raffinement. On sentait, dans la forme des arches et dans les drapés flottants devant les fenêtre, la présence orientale qui avait si bien plus au Roi Idriss qu’il en avait ramené une reine. Très rapidement, trois gardes en armes les rejoignirent, pour s’assurer qu’aucun ouvrier ne tente de s’infiltrer dans le Palais. Quinn guida tout le monde vers l’aile Ouest, en passant par les somptueux jardins. Arrivés à destination, on lui expliqua très simplement sa tâche : tourner une roue avec trois autres personnes, qui actionnait la poulie pour monter les bloc de marbre en haut des échafaudages, où d’autres hommes reconstruisait peu à peu le mur soufflé par l’explosion. Le soleil, à son zénith, rendait chaque geste pesant, mais Anselm continuait à pousser la roue, à travers les plaisanteries graveleuse et les rires gras des autres hommes. Enfin, une pause leur fut autorisée, et il s’assirent tous au sol.

- Dis donc gamin ! le héla un barbu nommé Brieg. T’es bien silencieux depuis ton arrivée, raconte nous donc quelque chose où l’on va croire que tu nous prend de haut ! Tu dois bien avoir un nom pour commencer !

Anselm se présenta, et les groupe se mit soudainement à s’intéresser à lui. Plusieurs rire surpris se firent entendre quand il expliqua qu’il était voyant, et un garçon quelque peu plus vieux, Tugal, se dépêcha de lui fournir un jeu de tarot pour qu’il leur montre son talent. Anselm mélangea les cartes d’une main agile, et en posa trois sur le sol, face cachée. Puis il retourna la première, représentant le passé.

[description de la lecture des cartes que je ferais plus tard :))) -> fusil de thekov]

Ebahi, Tugal récupéra ses cartes en félicitant Anselm.

- Allez bande de puceau, bougez-vous le cul et remettez vous au travail, cria Quinn un peu plus loin.

Tous se remirent à leur occupation, ainsi jusqu’à ce que la cloche de six heure ait sonné. Rapidement, Anselm reprit le chemin des Basses Rues, et arriva enfin chez lui. Il raconta sa journée à Cailleach, puis, épuisé, partit dormir, le ventre vide.

Cela devint sa routine ; se lever, manger juste assez pour ne pas faire de malaise, aller au place du Soleil, retrouver les autres « maçons maudits », tourner la roue, encore et encore, puis s’en retourner chez lui, où Cailleach tentait tant bien que mal de soulager son dos qui lui faisait souffrir le martyr force de potions et de massages.

Une semaine passa, il eut entre temps sa première paye, sûrement moindre pour la Cour, mais qui lui permettait déjà de payer la moitié du loyer de leur maison à demi souterrain dans les Basses Rues. Mais un beau jour, cette monotonie fut pertubée par Quinn, qui interrompit brusquement les discussions de ses ouvriers.

- Vous tous ! appela-t-il. Sa Majesté veut vérifier l’avancement des rénovationsvisiter aujourd’hui le chantier pour en vérifier l’avancement. Nous allons donc avoir à midi la visite de la Demoiselle Nessa, assistante personnelle de la Reine ! Tenez vous bien, prévint Quinn, ou je vous promet que vous ne verez pas votre salaire dimanche soir.

Effectivement, à midi pile, une cinq gardes accompagnant la demoiselle. Aussitôt, les ouvriers lâchèrent leurs outils et effectuèrent une basse révérence, et s’immobilisèrent, aussi droits que possibles. Anselm, malgré sa faible position sociale, s’autorisa un léger coup d’œil au visage de la femme. Il avait cette impression de l’avoir déjà croisé quelque part, mais ne parvenait pas à se souvenir où. Demoiselle Nessa parcourut les ouvriers du regard, et demanda :

« Lequel d’entre vous est maître de chantier ? »

Quinn s’avança de deux pas avec avec déférence, et la femme échangea quelque mots avec lui, puis lui tendit une lettre. A ce moment, Anselm remarqua sur sa paume une estafilade presque cicatrisé, et il se comprit enfin pourquoi il avait l’impression de l’avoir déjà rencontré : c’était la cliente qui avait demandée une lecture de rune à Cailleach, une dizaine de jours plus tôt ! Il ne l’avait pas reconnu plus tôt, car cette fois, à la place d’une cape noire, elle portait une riche robe bleue, mais c’était elle, il en était sûr ! Perdu dans ses pensée, il ne se rendit compte que trop tard qu’il la fixait impolimment. La demoiselle tourna les yeux et croisa son regard, et il devina à son très léger haussement de sourcils qu’elle l’avait reconnu. Quinn surpris avec choc la scène, et marcha à grands pas vers Anselm.

- Mais qu’est ce qui ne va pas chez toi ? rugit-il en lui flanquant une gifle. Baisse donc les yeux si tu tiens à la vie !

Il se retourna vers la dame, désolé, et reprit sur un ton respectueux :

- Toute mes excuses, mademoiselle. Je m’assurerais que ce garçon apprenne la bonne conduite.

- Nul besoin, déclara. Je préfère m’en charger. Ser Herveig, escortez le.

Demoiselle Nessa se retourna et d’un signe, appela le reste des gardes qui l’escortait à la suivre. Ser Herveig, un soldat grisonnant, posa une main ferme sur l’épaule d’Anselm et le guida à sa suite. On le fit entrer dans le Palais, et on l’assit dans un salon lumineux et comfortable, où demoiselle Nessa s’assit en face de lui et d’un geste, congédia les gardes.

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