Paris

15 novembre 1889

Cher Victor,

Je te présente mes plus sincères excuses pour l’excessivité de ma lettre passée. Je ne veux pas que Père et Mère aient un quelconque moyen de me joindre. S’il reste à cet homme une infime trace de bon sens, qu’il n’en parle pas. Je t’en prie, si tu en apprends plus à ce sujet, fais moi en part le plus vite possible.

Et concernant Tom, effectivement que je ne t’écouterai pas. Il est d’une gentillesse sans faille avec moi. Personne n’a été aussi bon avec moi depuis mon arrivée sur Paris. Tu me connais Victor, je sais me défendre. Que veux-tu qu’il me dérobe ? Je suis aussi pauvre que lui. Et épargne moi cette histoire de Dieu ! Laisse le donc tranquille, il n’en a que faire de mes relations ou non, et tu devrais l’imiter. Cela ne te regarde en aucune façon. Mais, je comprends ton inquiétude, aussi, je ne t’en veux pas. J’espère que tu n’es animé d’aucune rancoeur envers moi, sache que mon coeur se briserait.

J’étais tellement affectée par cet idiot, que j’oubliais de te donner des nouvelles. L’Exposition Universelle a pris fin il n’y a pas si longtemps. L’architecte Gustave Eiffel y a construit une tour, comme tu dois le savoir. Il se trouve que c’est elle qui a remporté le premier prix. Le Paris tout entier semble la trouver hideuse, mais je l’apprécie beaucoup. Elle est différente, elle fait contraste au milieu de cette vieille ville. J’aime beaucoup.

Tout va bien de mon côté, ne t’en fais pas. Je commence à jouer régulièrement dans les mêmes cafés, j’ai l’impression que certains gérants nous apprécient, Tom et moi.

Ne t’en fais donc pas pour moi, s’il m’arrive quoique ce soit, tu seras au courant dès que possible.

Je t’embrasse, Ana.