—Il était une fois une princesse qui vivait dans un château de ..

—Qu’elle époque le château ? XIIe, XIIIe ?

—Écoute, mon bébé, ta maman est déjà super sympa de te raconter une histoire pour que tu puisses faire un gros dodo et de beaux rêves, alors qu’elle est crevée après deux heures de RER , mais si tu mêles ton grain de sel à chaque fois que je dis un mot…

—Non, non, Maman, J’écoute…

—Donc, cette princesse vivait dans un château du XIIe, début XIIIe, et se morfondait dans sa solitude car elle n’avait aucune amie, ni aucun prétendant. Un jour, un prince charmant qui passait sur un cheval blanc...

—Hongre ? Pur-sang ? Combien au garrot ? C’était un chevalier avec une armure et un heaume ?

—Non, un bonnet phrygien et un cheval à bascule. Bon, je crois qu’on va arrêter là car déjà papa fait la tête parce que tu as réussi à programmer le micro-onde sur une semaine alors qu’il n’arrive même pas à se faire chauffer une tasse d’eau.

—Allez, Maman continue, s’il te plaît.

—Alors notre gars, le chevalier au heaume à plume, il déboule dans la chambre et il voit l’autre affalée sur le plumard. Non, mais attends, je débloque complètement, mon bébé, je suis vidée. On reprend : Le chevalier pénètre dans la chambre de la belle après y avoir été convié par le Roi.

—C’est quoi son mode de protection à la princesse ?

—Ben, des gardes armés à l’entrée de sa chambre.

— Ce n’est pas ça que je veux dire, elle est vierge ou quoi ?

—Mon bébé, on ne parle pas de choses comme çà à cinq ans. J’étais sûr que tu mettais ARTE en cachette. Pourquoi, tu ne regardes pas les émissions culturelles sur TF1 comme tous les garçons de ton âge ?

—ça finit comment l’histoire, Maman ?

—Tous les soirs, tu me fais le coup de l’histoire pour dormir.

—Justement, moi, j’ai perdu ma part d’enfance et je me soigne pour la retrouver.

—Bon en attendant, fait dodo, n’oublie pas que tu passes ton bac dans une semaine.