Chapitre 6 ( version 2)
Au pas de course, Aelina quitta la petite échoppe. Haletante, le rouge commençait à lui monter aux joues et il lui devenait de plus en plus difficile de respirer correctement tant elle courait à toute vitesse. Elle n’avait qu’un seul but : s’éloigner de lui pour dissimuler sa honte. Pourquoi avait-elle réagi comme ça ? Pourquoi n’avait-elle pas su lutter contre ce terrible désir d’effacer toutes traces de cette fille ? Mais qu’est-ce qui clochait chez elle ? D’ordinaire, elle ne se montrait pas si audacieuse, surtout pas envers un homme. Alors pourquoi ? Quelle était la raison de cette réaction démesurée ? Oui, il s’était montré à son écoute. Oui, il lui avait témoigné de l’empathie et même proposé son aide, mais de là à agir comme une petite amie, il y avait un monde.
En pleine confusion, elle atteignit néanmoins le hall de son immeuble. Craignant qu’il la suive encore, elle scruta les alentours à la recherche de sa silhouette si remarquable, en vain. Personne ne l’avait filée. Seul le silence de la nuit et l’écho du vent se manifestèrent. Essoufflée, elle se dirigea vers l’ascenseur qu’elle emprunta et se rua dans les couloirs de son étage. Arrivée devant sa porte, elle se terra à l’intérieur et se laissa glisser le long du mur. Genoux remontés sur sa poitrine, elle cacha sa tête dans ses coudes et se força à prendre de longues inspirations pour tenter d’apaiser la crise de panique qui menaçait d’éclater et d’emporter toute sa raison. Une inspiration. Une expiration. Une inspiration. Une expiration. La crise s’éloignait. Son cœur s’apaisait, mais son cerveau tournait à plein régime. Décidément, son arrivée à Paris ne manquait pas de piquant. Elle avait débarqué il y a quelques heures, et déjà sa vie avait pris un tout autre tournant. D’abord cette rencontre fortuite, puis cette fausse piste et maintenant sa deuxième rencontre avec l’inspecteur qui venait de la mettre dans tous ses états.
Dissimulée derrière ses jambes, elle sanglota, un flot de larmes découla de ses yeux vert émeraude, entrecoupé de spasmes ; la crise d’angoisse était bien là. Pourquoi avait-elle décidé de s’installer à Paris, déjà ? Ah oui, pour retrouver son passé. Pour espérer devenir enfin complète, entière et ne plus douter à chaque pas. Pourtant, pour le moment, elle avait plutôt l’impression d’être engloutie dans une spirale infernale d’interrogations et de déceptions. Était-ce réellement tout ce qu’elle ressentait en ce moment ? Elle repensa à la scène qui s’était déroulée juste avant, éprouvait-elle de l’attirance pour ce garçon ? Bien sûr que non, elle venait à peine de le rencontrer. Depuis quand était-elle aussi émotive ? S’emballait-elle si facilement pour un mec ? Ça ne lui ressemblait tellement pas ! Et pourtant, elle devait bien admettre qu’il ne l’avait pas laissée indifférente. Quel caractère ! Elle essaya d’oublier la scène qui tournait en boucle dans sa tête en se concentrant sur autre chose : sa recherche.
La voici revenue au point de départ. Toutes ces recherches pour des queues de cerises ! Rien ! Elle n’avait plus aucune piste. Comment allait-elle s’y prendre à présent ? Continuerait-elle toute seule ?
À ce moment, une bribe de la conversation lui revint. Il avait proposé de l’aider, en toute honnêteté, toute sincérité. Cela suffisait-il ? Accepterait-elle ? À bien y réfléchir, elle ne possédait pas tellement d’autre moyen, en plus elle ne connaissait rien ni personne ici. Alors s’entourer d’un allié ne serait peut-être pas une si mauvaise idée en fin de compte. Lorsque les larmes se tarirent, qu’elle eut écoulé toute sa tristesse, sa frustration, sa honte, son désarroi, que l’arythmie folle de son cœur cessa, que la raison chassa le doute et le sentimentalisme, qu’elle redressa la tête, elle sut qu’elle venait de prendre la bonne décision. Elle allait accepter l’offre de Nathanaël, se faire aider par la police. Après tout, ils possédaient de nombreuses ressources, avaient la capacité de creuser bien plus loin qu’elle et si elle y songeait correctement, ils trouveraient des pistes bien plus sérieuses qu’elle. Alors quel était l’intérêt de refuser une telle offre ? Aucun. Toutes les cartes venaient de lui être données, elle n’avait plus qu’à jouer la bonne. Miser sur le bon parti. Elle avait choisi la police. Elle l’avait choisi. Elle ne reculerait pas, elle voulait découvrir la vérité et apparemment c’était bien à ses côtés qu’elle avait le plus de chance de mettre la main dessus.
Déterminée, elle se releva, fouilla dans ses affaires, rassembla tous les documents qui composaient son dossier et les classa dans une pochette sur laquelle elle inscrivit le nom du capitaine Leroy. Une fois sa besogne faite, elle entreprit de se détendre, fila vers la salle de bain pour se démaquiller, se doucher et enfiler enfin une tenue plus confortable. Fascinée elle aussi par la couleur noire, elle sortit de ses valises, qu’elle n’avait pas encore déballées, un pyjama en satin noir qu’elle revêtit. Puis, elle noua ses longs cheveux avant de se glisser dans son lit. Malgré les températures douces pour un mois de septembre, Aelina, éreintée par sa journée, remonta la couverture jusqu’à son visage et s’endormit rapidement.
Au bout de quelques heures, elle commença à s’agiter. Un orage éclata et une pluie diluvienne s’abattit sur la cité de la lumière, rendant l’atmosphère propice aux cauchemars et à la détresse. Perdue dans les méandres de son inconscient, Aelina se retrouva dans un étrange couloir bordé de portes. Sur chacune d’entre elle, un dessin qu’elle avait réalisé. Comme si son esprit essayait de lui faire comprendre le sens caché de ses croquis, une petite voix lui soufflait d’ouvrir l’une de ces portes, de pénétrer à l’intérieur et de découvrir les étranges secrets qui s’y cachaient. Hypnotisée par le ton charmeur de son autre, par les secrets qui lui susurrait à l’oreille, par son étrange aura, Aelina s’avança dans le long corridor de travers et passa sa main sur chacune des portes. Un froid étrange se dégageait du bois dont elles étaient composées et comme si elles ne voulaient pas être ouvertes, une décharge électrique obligeait la jeune femme à s’enfoncer plus loin dans le chemin tapi de rouge. Au bout d’un moment, à la place d’une légère impulsion électrique, la portraitiste ressentit de la chaleur émaner d’une des portes. Ce petit changement lui mit la puce à l’oreille ; elle entreprit d’abaisser la poignée de métal et d’entrer. Dans un grincement sinistre, la porte s’ouvrit et une pièce aux contours flous se révéla. Une atmosphère glaciale émanait de ce lieu, un silence sépulcral y régnait, une aura sombre s’en dégageait. En franchissant le seuil de cette porte, des murmures envahirent le silence ambiant. Comme un écho du passé, ces chuchotements dérangeants s’amplifiaient en même temps qu’elle avançait dans la brume épaisse de la pièce. Par la suite, deux silhouettes se dessinèrent et des bribes d’une conversation apparurent, brisant définitivement le silence de la pièce :
- Il est temps… que tu découvres la vérité… que tu saches qui tu es vraiment… réveille-toi, mon ange, réveille-toi. Il ne te reste plus beaucoup de temps… Il arrive… réveille-toi.
Une des silhouettes tendit son bras vers Aelina et une impulsion la chassa hors de la salle. La lourde porte de bois se referma juste devant elle.
Paniquée, Aelina se réveilla en sursaut. À bout de souffle, elle passa la main sur son visage perlé de sueur, refoula une salve de frissons et se recroquevilla sur son lit. Elle resta dans cette position un certain temps. Que venait-il de se passer ? Pourquoi avait-elle rêvé de son passé ? À qui appartenait cette voix qui lui chuchotait à l’oreille ? Pourquoi la silhouette était-elle si floue ? Se pourrait-il qu’il s’agisse de cette fameuse Marie qu’elle avait tant cherchée ? Un millier de questions envahirent son esprit et provoquèrent une nouvelle crise. Effrayée par la puissance de son rêve, Aelina ne réussissait pas à calmer son cœur qui martelait sa poitrine déjà engourdie par l’angoisse, elle avait l’impression de se noyer, de suffoquer, elle ne parvenait plus à rejoindre la surface et quand elle tentait de contrôler ce déferlement de sentiments violents, la portraitiste s’enfonçait encore plus dans la tempête de ses souvenirs. Qui était-elle réellement ? Pourquoi devait-elle se réveiller ? Quel était le rapport entre ses souvenirs qui revenaient petit à petit et sa rencontre avec l’inspecteur ? Plus elle y pensait, plus elle se demandait s’il n’y avait pas un lien direct avec le jeune homme. Son comportement aussi virait à l’étrange quand elle se retrouvait face à lui. Et si toute cette histoire n’était en fait que le début de son périple ? Elle frissonna à sa seule évocation. Chancelante, elle attendit d’être plus stable sur ses jambes avant de descendre du lit et de se diriger vers la salle de bain. Devant le lavabo, elle se passa un peu d’eau froide sur le visage afin de reprendre ses esprits et jeta un coup d’œil à son reflet dans le miroir.
Empreinte de fatigue, sa peau paraissait plus pâle que d’habitude, presque translucide ; ses iris verts entourés d’énormes cernes noirs arboraient une teinte olivâtre, ses lèvres habituellement carmin affichaient une teinte proche du rose pastel. Elle soupira avant de baisser les yeux vers le bassin couvert de gouttes d’eau et se rafraichir encore un peu, mais une image trouble capta son attention.
Derrière elle, dans le miroir, une silhouette transparaissait. Les contours flous, on discernait tout de même le vêtement de l’étrange apparition : une sorte de toge. Aelina plissa les yeux pour essayer de déterminer s’il s’agissait du fruit de son imagination ou la réalité, or, quand elle approcha son visage de la glace, le fantôme esquissa un sourire étrange, presque carnassier. Petit à petit, elle se rapprocha d’Aelina, ce qui permit à la jeune fille d’entrevoir une autre ombre derrière l’être. Une paire d’ailes immaculées, légèrement irisées. Elle cligna des yeux pour vérifier si elle ne rêvait pas. Lorsqu’elle les rouvrit, tout avait disparu : les ailes, la femme, la voix, les murmures. Uniques traces de son passage : des mots écrits avec de la buée :
Réveille-toi !
Seule face à ses cauchemars, face à ses doutes, face à sa méconnaissance d’elle-même, terrorisée par cette nuit étrange, Aelina cria de toutes ses forces avant de s’effondrer contre la baignoire en émail blanc. Accablée par la souffrance, la jeune femme s’allongea à même le sol, un torrent de larmes pour seule échappatoire. Lorsqu’elles se tarirent, incapable de se lever, Aelina sombra dans un sommeil lourd sans rêve.
Le contact froid du carrelage la réveilla et l’obligea à aller rejoindre tant bien que mal, les draps dans lesquels elle espérait enfin trouver la paix.
***
La sensation de son pouce sur ses lèvres encore présente, l’esprit totalement vide, Nathanaël resta assis encore un moment. À l’instar de la fuyarde de ce soir, il se posait un millier de questions. Et celle en tête de liste avait un rapport direct avec la portraitiste. Non seulement, il ne cessait de la trouver sur son chemin, mais en plus, quand elle était dans les parages, il perdait tous ses moyens. Il ne contrôlait plus rien. Ni son corps ni son esprit et encore moins ses actions. Mais qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez lui ? Après tout, ce n’était qu’une fille qu’il avait croisée au détour de son enquête et qui l’avait aidé à se sortir d’un mauvais pas. Alors pourquoi lui portait-il un intérêt si particulier ? Il prit un peu de recul et se repassa les différents événements. En bon flic, il cherchait l’élément qui liait les actions entre elles. Soudain, un éclair de génie lui apporta la solution qu’il cherchait désespérément. Il l’avait rencontrée deux fois et lors de chacune de ces entrevues, son tatouage et son sang angélique s’étaient animés. Comme un appel auquel il était obligé de répondre. Comme si sa vie en dépendait, comme s’il s’agissait d’un devoir. Pourtant, elle n’était qu’une simple humaine, non ? Il poussa sa réflexion plus loin, repensa aux croquis qu’il avait entraperçus lors de leur première entrevue et un nouvel élément retint son attention.
À tâtons, il rechercha le dessin qu’elle lui avait donné. Il l’avait retiré de la poche de son veston d’uniforme pour le glisser dans sa veste au cas où il lui aurait été utile interroger Alex’. Il le trouva dans sa poche intérieure, le déplia et s’attarda sur les détails extérieurs. Au-delà de la précision et de la finesse de traits, Nathanaël découvrit de nombreuses autres petites esquisses discrètes ; aussi imperceptibles qu’un filigrane, des petites créatures apparaissaient çà et là brisant l’apparente harmonie du croquis. Intrigué Nathanaël parcourut la feuille avec ses mains. Sa sensibilité aiguisée par le fait d’avoir découvert quelque chose d’aussi intime l’amena vers une sensation de rugosité. Les yeux fermés pour mieux faire appel à ses sens, il concentra son énergie sur ces petits morceaux cachés, effleura chacune des esquisses, essaya de s’imaginer Aelina les griffonner pour découvrir la signification de ce code qui ne semblait adressé qu’à lui. Quelques minutes plus tard, une image s’inscrivit enfin dans son esprit. Des créatures ailées semblables à des anges apparurent dans sa tête et comme pour ajouter du piment dans cette quête secrète un flash s’ajouta à l’image. Une contrée en flamme, des anges volant en tous sens, des cris, des pleurs et au milieu de chaos infernal, une paire d’yeux émeraude… une sensation de déjà vu, un électrochoc, quelque chose qui s’anime… puis plus rien. Renvoyé brutalement dans la réalité, Nathanaël secoua la tête. Son cœur battait la chamade, des perles de sueur glissaient lascivement sur sa nuque, son pouce sur ses lèvres, il fixait le dessin. C’est à cet instant qu’il comprit. Au-delà de leur rencontre finalement non fortuite, Aelina et lui semblaient partager un destin commun. Un destin lié aux anges, lié à sa nature même, mais pourquoi ? C’était juste une humaine…ou alors…
Il se leva précipitamment, sortit en trombe du café, la chaleur du lieu lui comprimant trop la poitrine, il avait besoin d’air. Il avait même besoin de se divertir, il ne pouvait même pas rentrer chez lui et dormir, il ne réussirait pas ce soir. Il cherchait une solution pour calmer son cerveau qui fonctionnait à toute allure, une solution pour calmer son cœur qui s’affolait plus fort encore, pour sortir cette fille de sa tête, pour récupérer sa raison, faire disparaître cette déraison qui lui vrillait l’âme et lui perçait le cœur. Non, il ne succomberait pas de nouveau aux charmes féminins ! Il en avait fait suffisamment les frais ! Le goût de la trahison revenait régulièrement le hanter et il n’avait pas envie de le tester encore une fois.
Sans réfléchir, il déploya ses ailes, bien indifférent aux éventuels regards qui pourraient se poser sur lui au moment de son envol et fila droit vers le commissariat. Il atterrit dans un recoin sombre, entra par la porte de service. Il passa par son casier pour revêtir une tenue plus confortable, ajouta sa ceinture d’arme et se dirigea directement vers le sous-sol. Là, il emprunta un casque, des lunettes et de gants noirs et parcourut les allées du stand de tir à la recherche d’un box libre. Par chance, à cette heure de la nuit personne n’occupait le lieu et il eut la liberté de choisir. Il prit le stand le plus éloigné de l’entrée afin de déranger le moins possible les équipes de garde. Pressé de vider son esprit et d’enfin retrouver un semblant de sérénité, il inséra des balles dans le chargeur, prépara la cible et la plaça le plus loin possible de lui. Il inspira et braqua son révolver sur la cible, ferma un œil pour ajuster son bras, puis le rouvrit avant de vider le chargeur complet au centre. Il recommença l’exercice plusieurs fois avant de sentir une présence derrière lui. Inquiet, tous ses sens en éveil, il chargea son arme avant de se retourner et de lever son révolver sur l’étrangère.
Quand il croisa le regard de l’inconnue, il écarquilla les yeux et baissa précipitamment son flingue. Surpris, il détailla la silhouette de sa coéquipière un moment. Les mains levées, elle aussi en tenue d’entraînement, elle l’interrogea :
- Que fais-tu là ? Tu n’as pas l’air dans ton assiette ce soir.
Elle baissa doucement les bras pour ne pas l’effrayer davantage ; il continuait de lui faire silencieusement face. Il soupira et reprit ses activités. Elle le relança :
- Tu ne veux pas me répondre ? En tant que collègue, je m’inquiète pour toi. Tu n’as vraiment pas l’air bien.
Sans se retourner, il finit par daigner lui répondre :
- Je ne le suis pas… Il s’est passé trop de choses ce soir et j’avais besoin de me défouler, alors je suis venu ici. Et toi, qu’est-ce que tu fais là ?
- Rien de particulier, j’avais envie de tuer le temps, alors je suis venue m’entraîner.
- Vraiment ? Tu n’as rien à faire d’autre ?
- Je pourrais te retourner la question.
Elle s’approcha un peu de lui, il se colla à la vitre du box pour ajouter de la distance entre eux. Le regard triste, elle reprit tout de même la conversation.
- Depuis quand as-tu cessé de tout me raconter ? Je suis ta collègue, tu sais que tu peux compter sur moi, si tu en as besoin. Avant…
Nathanaël se retourna, s’adossa nonchalamment à la vitre du box, croisa les jambes et la fixa. Un éclat furibond illumina ses pupilles azurines, ce qui incita Livia à arrêter de parler.
- Tu oses me demander ça ? Après ce que tu m’as fait ? Non, mais tu plaisantes j’espère ! Tu as cessé d’être ma confidente ce jour-là, le jour où tu m’as fait basculer en Enfer !
Elle s’approcha encore un peu, esquissa un geste de tendresse envers lui, mais il la repoussa :
- Ne me touche pas ! Tu n’en as plus le droit ! Tu l’as perdu, il y a longtemps.
Blessée, elle se ravisa, baissa les yeux et tenta de poursuivre la conversation :
- Je… sais que je t’ai fait mal, mais crois-moi, je suis désolée. Je… j’ai dérapé cette nuit-là… Cela dit…
Il la coupa.
- Laisse-moi te le redire plus clairement : toi et moi c’est de l’histoire ancienne et on n’a plus rien à voir ensemble.
Livia se fâcha et rétorqua :
- Je te rappelle que je suis ta collègue, j’ai encore le droit de te soutenir ou de te réconforter quand tu en as besoin. Qu’est-ce que tu as ce soir ? D’habitude tu n’es pas si cruel. C’est cette fille, c’est ça ? Elle t’a retourné le cerveau ?
- Ne parle pas d’elle ! Tu ne la connais pas plus que moi et elle n’a rien à voir avec nous. Ce n’est qu’une fille que j’ai croisée.
Un air narquois s’imprima sur le visage de la policière.
- Ne me fais pas rire ! Tu n’as jamais su mentir ! En tout cas, tu ne me la feras pas à moi.
- Peu importe. Sors d’ici ! Tu n’es pas la bienvenue et tu le sais. Si tu tentes encore de te rapprocher de moi, je ne te ménagerai pas. Te voilà prévenue.
Il jeta son casque, ses lunettes et ses gants. Puis il rangea son arme et quitta le box.
Sur les nerfs, il se rhabilla à la hâte, claqua la porte de son casier avant d’ouvrir brutalement la porte par laquelle il était entré. Dehors, l’air frais de la nuit le saisit. Il frissonna, inspira profondément avant de contempler la lune et de lui adresser une prière secrète. Puis, il quitta les lieux et rejoignit son appartement.
Une fois changé, il se glissa dans les draps et s’endormit rapidement, les souvenirs de sa journée tournant encore dans sa tête.
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