La palette de couleurs
Les murs extérieurs sont rouge sang. Pourtant aucun meurtre ne fut commis. L'encadrement des fenêtres est blanc. L'herbe verte plantée devant le bâtiment à but éducatif se reflète sur les vitres des baies. Le toit terrasse, après les longs travaux d'étanchéïté reverdit enfin tandis que le chevrefeuille s'enroule autour des balustrades métalliques blanches.
J'attends avec impatience l'été pour voir fleurir les milliers de coquelicots sur le toit plat en contrebas. J'attends aussi que les engins mécaniques (amené sur site au moeyen d'une grue jaune) fichent le camp pour laisser place aux chats du voisinage un blanc et son compère noir qui se poursuivent sur leur territoire dès que les ouvriers sont partis. Ils grimpent avec dynamisme et élégance, l'escalier de secours en métal gris, ou bien ils se vautrent sur les gaines d'aération de la même couleur, qui doivent être formidablement agréables lorsque le soleil a tapé toute la journée.
Il manquait du jaune ! C'est chose faite. Les forthysias sont tous fleuris, buissons parfaitement colorés.
J'aime observer les divers tons de verts se découper sur les façades rouges. Ce petit coin de paradis entre les hauts immeubles de bureaux et d'habitation est sympatique et bien fréquenté par de multiples volatiles colorés. Merles noirs, pies bicolores, moineaux, pigeons et de petites mésanges.
Peut-être aurons nous cet été, la chance de voir des gens y faire des barbecues, comme ce fut le cas plusieurs étés consécutifs ? Mais avec le Covid, sait-on jamais ? Nous les avons enviés ces participants : chaises-longues, parasols, shorts et tongs autour de leur barbecue de fortune fabriqué dans un demi bidon de métal. Ils éclataient de rire et ne nous voyaient pas, agglutinés, à les envier; à les admirer prendre du bon temps.
Je me souviens que l'un d'eux caressait le chat noir étalé façon carpette, sur le métal chaud de la gaine d'aération.
Quelle vie de pacha !
Paris, le 5 mars 2021
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