Ils franchirent la porte, tremblant. Arthur garda sa capuche. Au comptoir, se trouvait une cloche et il sonna. Du fond de la pièce, arriva un homme moustachu ayant perdu une grande partie de ses cheveux, se pencha vers eux et demanda ce qui menait deux voyageurs à l’aube dans l’auberge du Renard. Myrddin posa brusquement une bourse sur le comptoir. L’aubergiste les amena en haut sans poser de questions. La pièce était banale, deux lits simples et de quoi ranger ses affaires.

Myrddin ferma la porte, épuisé de cette longue marche et s’allongea pensif sur le lit près de la fenêtre. Tandis qu’Arthur retira aussi son capuchon, qui dévoila un corps frêle et squelettique. Son visage avait une mâchoire avancée ainsi que des yeux perçants. Il s’allongea péniblement pour s’endormir comme un loir. De son côté, Myrddin scrutait le plafond, sans cligner des yeux. L’homme s’ennuyait, c’est alors qu’il fit un bon hors du lit et alla visiter ce village.

Dès la sortie de l’auberge, il pouvait voir qu’il était à côté d’une église. Rempli d’une certaine curiosité, il poussa la porte. Devant lui, entre les sièges, près de l’autel, un homme observait avec minutie des vitraux. L’homme brun habillé d’une simple tunique dit : « Rare sont ceux qui viennent à cette heure-ci. Quelque chose à confesser ? »

- Vous-vous trompez mon père, je suis de passage. Cette fresque, que raconte-t-elle ?

- C’est l’histoire du barde Taliesin, le haut barde, il est originaire du haut pays des chérubins et son premier nom fut Gwion Bach, le gardien du feu. Il se garde le nom que son maitre lui a donné pour répandre la bonne humeur.

- C’est un héros Cymry non ? Que fait-il dans une église chrétienne ?

- Vous avez une bonne intuition. En effet, c’est le choix du baron régnant sur ce patelin. Il est étrange, il s’intéresse beaucoup au Pays du dragon rouge alors que nos situations entre nos deux Royaumes sont tendues.

- Il me rappelle un homme, rencontré il y a fort longtemps. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée.

- Attendez ! Votre nom ? Vos yeux me semblent ceux d’un guerrier fatigué par la guerre mais votre démarche ne l’est pas. La peine, le chagrin, vous être encore en deuil.

- Je suis Peter, fils de David, voyageur itinérant. Une épée ? Un mot qui m’est inconnu. J’ai encore du voyage, vous n’êtes pas un très bon observateur dit-il en quittant l’église car les cloches venaient d’annoncer le début de la journée.

Le jeune homme alla réveiller Arthur, il savait que sa propre curiosité avait emmené Arthur à la vue de tous, il l’avait senti, il le retrouva seul, le druide lui fit signe de le suivre. Sur un sentier, Myrddin s’exclama : « Arthur, tu ne peux pas te montrer à la vue de tous, tu sais que cela pourrait nous attirer les foudres de l’inquisition »

- Mais-mais, tu ét-étais partit et je-je me n’avais pas un quelconque souvenir de m’être reposé dans cette auberge.

- Passons pour cette fois, nous sommes encore loin pour le Royaume d’Albu. Cela fait des années que nous ne sommes pas allés là-bas toi et moi. Nous devons voyager rapidement dit-il en se métamorphosant. Il changea en tout point, ce qu’il portait a été déchiré par ces muscles saillants et ces bois majestueux. Ses pieds devinrent des sabots. Cette forme lui permettait d’atteindre Albu en quelques jours. Arthur le chevaucha. Dans cette forêt, il était intégré au décor, galopait, n’empruntant pas les chemins communs par peur des autres voyageurs.

Au clair de lune, Myrddin se reposait les sabots en regardant Arthur manger du pain un peu durci. L’homme-cerf pressa son ami de se remettre en route en le touchant à l’aide de son museau.

-Myrddin ? Pourquoi avoir revêtit cette forme ? La dernière fois, c’était lors de notre fuite contre Pan, un ancien dieu de la nature. Je me rappelle ce jour où tu m’as emmené avec toi. Dans une forêt d’Albu, habitée par une sorcière…. Déjà un siècle s’est écoulé et tu es toujours aussi jeune alors que le poids des années s’écrase sur moi. Régulièrement, quelquefois, mes souvenirs ne sont plus qu’un vague rêve. Mon métabolisme fait que je ne suis pas sensé vivre sur terre mais sous terre. Je résiste autant que je le peux, je m’accroche à la vie…. Dit-il en regardant intensément les étoiles. Nous sommes si petits à l’échelle de l’univers, je me demande d’où je viens, est-ce cette étoile ? Ou celle-ci ? Avant de mourir, j’aimerai retourner une dernière fois à la maison, sur ma planète.

Sur ce monologue, Arthur s’endormit, adossé sur Myrddin. Il fut réveillé par le bruit des oiseaux gloussant en ce doux et chaud matin d’automne. Myrddin se leva soudainement et laissa son ami monter.

Les deux jours suivants, le druide galopa, continuant d’éviter les chemins communs. Un merle vint annoncer à Myrddin qu’il avait atteint la forêt calédonienne. Il se posa dans une clairière lumineuse, se retransformant en humain et se rhabilla. Jouant quelques notes de flute, une masse d’animaux de la forêt vinrent à lui.

- Cher rouge-gorge, peux-tu m’informer ce qui se trouve dans les environs…. Très bien fit-il en hochant la tête. Un village de malfamés à l’est, intéressant. Avant cela, il me faut du bois et trouver à manger en s’adressant à un renard roux. Celui-ci retourna chasser, il trouva des pommes et quelques branches.

Ils installèrent un camp de fortune, un feu installé au centre de la clairière, et ont utilisé des feuilles pour se faire un lit.

- J’y vais Arthur, reste ici.

- Non, pourquoi tu serais le seul à être en danger ? Je veux t’aider autant que possible.

- En effet, reste ici. C’est dangereux où je vais, c’est une investigation que je me dois de résoudre seul. Te laisser ici est ma façon de te protéger. Ah ! fit-il en se baissant au niveau d’un écureuil roux. C’est toi Bran, j’ai une requête à te faire, vieil ami, protège-le pour moi en l’empêchant de me suivre.