Antagonistes et alliés: La Direction VI

13 minutes de lecture

Cluj, 2 avril 1990

Cher Maurice,

Je trouve enfin le temps de t’écrire alors que les célébrations du Festivo Dello Estinto se sont achevées pour laisser presque aussitôt place à la nuit de Walpurgis, prisée par les nôtres en ce pays.

Tu dois te douter que Marina m’a délégué toute l’organisation ici, à Cluj, et je peux enfin me reposer après plusieurs mois très riches en évènements.

Lors de la chute du Régime (que je me refuse à qualifier de communiste après toutes les exactions auquel il s’est livré, un ultime reste de mon attachement à mes années mortelles), les nôtres sont sorti danser dans les rues, en liesse. J’ai vu des Caïnites sourire pour la première fois depuis cinquante ans.

Tu vis en Amérique et je sais que nos frères et soeurs de Caïn du nouveau monde auront du mal à comprendre pourquoi nous, Caïnites du Sabbat, avons partagé une telle joies à l’idée de voir un gouvernement mortel tomber, au point de faire spontanément la fête avec moult rumeurs de “fraternisation” avec la Camarilla ou les Indépendants la nuit de Noël 1989. Je vais tenter de le remettre au clair au mieux, pour que tu en fasses échos à New York selon les circonstances et termes qui te paraîtront appropriés:

L’Histoire, paraît-il, ne se répète pas, mais bégaie. Serait-ce crédible que de croire qu’une seule fois et uniquement dans l’Histoire de l’Humanité, des mortels se seraient rassemblés pour se dire “tiens, fondons une organisation dédiée à la chasse aux Caïnites” ? Dit comme ça, c’est improbable, non ?

L’expropriation des possédants a aussi touché les nôtres dès 1947. C’est à dire que des membres de la Securitate ont frappé aux portes de vastes domaines appartenant à des Revenants ou des Caïnites, et ont prévenu que les propriétaires allaient être exproprié au nom de la transformation socialiste de l’agriculture. Oui, je sais que tu te souviens de cette histoire, je te l’avais raconté dès notre première rencontre. C’est en partie grâce à ce contexte que la Sire de mon futur époux a épargné ma tête, pour que je les aide à gérer tout ces changements. Marina, elle aussi, connaît bien le bolchevisme pour avoir grandi en Russie, mais nous étions les deux seules caïnites à des kilomètres à la ronde à avoir un peu de bons pour traiter avec le nouveau fonctionnement mortel: Tout les vampires locaux ont commencé par éclater de rire: Imagine la tête du Démon moyen à qui on annonce que ses terres dorénavant sont propriétés de l’Etat, et que ses métayers sont désormais fonctionnaires… Mais le régime ayant purgé tout ce qui ressemblait à un bourgeois ayant un peu d’influence, intellectuels, fonctionnaires et nobles inclus, la grande majorité des Caïnites ayant des terres via une goule en prête-nom ou de l’influence se sont retrouvés comme des marionnettistes sans marionnettes. Les familles de Revenant ont été totalement inutiles, voire ont eu des attitudes et des réactions qui ont aggravé le problème. La Securitate, la police secrète du régime a fini par comprendre que quelque chose faussait le décompte des terres et que ses agents disparaissaient ou ne lui rapportaient pas tout. Et les Roumains sont loin d’être bêtes: aucun peuple n’a autant de mot pour désigner un vampire que celui-là. Bien sûr que la Securitate a eu une branche pour débarrasser des “monstres de la bourgeoisie capitaliste”, et qu’elle a eu sa période de gloire. Mais la majorité de Démons qui vivent ici ne veulent pas perdre la face et l’admettre à voix haute. Je serais très intriguée de savoir ce que la Securitate sait exactement sur nous cela dit. Je ne dois pas être la seule: Ce n’est sûrement pas un hasard si une partie de ses archives à Brașov en 1987 a notoirement été jetée aux égouts…


Extrait d’une lettre de Marlène Meitner, envoyée à son Sire adoptif, Maurice de Malepierre, tout deux Toréador anti-tribus

Une surveillance implacable de tout un peuple

Dans l’extrait ci-dessus, Marlène a tout résumé, ou presque.

La Direction VI a eu un rôle insignifiant dans l’histoire Caïnite à l’échelle mondiale en terme d’échelle de temps ou de capacité mondiale de nuisance. Elle n’a pas joué à la même échelle que la Seconde Inquisition. Mais en Roumanie, sur les années où à elle a été active, son impact a été considérable. Les rapports de pouvoir vampirique locaux a été largement redessiné par son impact, et en dépit de son démantèlement officiel en 1989, elle n’a pas disparu sans laisser de traces.

Revenons aux bases: la Securitate (de son nom complet Departamentul Securității Statului, soit le Département de la Sécurité de l’État) a été la police secrète roumaine de l’ère communiste.

Reconnue pour sa brutalité et son efficacité, elle a été l’une des pièces maîtresses de la survie du régime jusqu’à son effondrement, harcelant et neutralisant toute tentative de constitution d’un contre-pouvoir. Elle a censuré tout ce qui pouvait l’être, lancé des rumeurs, écouté la quasi-totalité des communications venues de l’étranger, humilié des dissidents, monté des franges de la population les unes contre les autres.

Ses membres ont été pour partie des fonctionnaire à temps complet par le ministère, recrutés sur concours officiels, mais aussi souvent infiltré comme membres ordinaires de la population, parfois eux-mêmes contraints par chantage. De notoriété publique, la Securitate a été l’une des pires polices secrètes communistes, avec le KGB soviétique.

Son fonctionnement était réparti entre plusieurs branches distinctes appelées “Directions”. Officiellement, la Securitate en a compté neuf qui ceinturaient toute source d’opposition au régime: assassinat et torture en prison, mise sur écoute et espionnage, surveillance des étrangers, délivrance et non délivrance de visa, entre diverses spécialité. La plupart avaient un nom résumant leur mission, à l’exception de la Direction IV (surveillance au sein des forces armées) et de la Direction V (gardes du corps des hauts dignitaires du régime).

… Plus une branche secrète

La Direction VI est née durant les années 1950. Comme l’a résumé Marlène, le régime communiste a voulu appliquer sa doctrine, recenser les terres et les collectiviser.

Les compilations de statistiques du ministère ont très vite révélés des anomalies. Des zones où les biens confisqués des dits “artistocrates bourgeois” semblaient s’être volatilisés, ou ne pas correspondre pas aux archives. Des hectares entiers de terres arables et des bâtiments semblaient avoir disparu de la carte.

Et c’est ainsi que, soixante ans avant la CIA et la Seconde Inquisition, la Securitate admit peu à peu l’existence du monde surnaturel et que la Mascarade se brisa dans les entrailles du ministère. La direction VI, chargée de mater les “aberrations occultes et les superstitions bourgeoises”, fut créée en 1955 dans le plus grand secret sans être jamais reconnue officiellement par le régime.

Des conséquences en rafale

Les rangs des féaux ont été décimé

Les revenants ont payé un prix énorme. Etant souvent familles aristocratiques possédant de vastes domaines, ils étaient des cibles prioritaires du régime qui tenta d’en venir à bout par tout les moyens à sa disposition. Nombre d’entre eux ont complètement sous-estimé la brutalité du régime et ont été exécuté ou déporté en goulag, souvent pour ne jamais revenir.

L’adaptation au nouveau régime s’est faite au prix de beaucoup de souffrances et de sacrifices: renoncer à l’héritage familial, accepter parfois de vivre dans des appartements exigus redécoupés dans leurs anciennes demeures et reprendre de zéro en infiltrant la Nomenklatura. Peu en ont été capables. Il y a eu de notables exceptions, qui restent rares (voir le couvent de Marie-Madeleine dans la section dédiée à Targu Mures). Bien des féaux ont alors changé de noms en gage de bonne fois envers l’administration, et le regretteront parfois après 1989.

Ceux qui ne pouvaient pas le faire ou qui ont été trop orgueilleux pour ces bassesses sont entrés dans une lutte directe contre la direction VI, qui a appris comment traiter avec eux à force d’essais et d’erreur et de perte de nombres d’agents dispensables. Dans certains cas, cela s’est transformé en lutte fratricides entre les premiers féaux infiltrés, tentés de se débarrasser des membres de leurs propres cousins avec lesquels ils étaient en froid.

A la longue, la direction VI a acquis un savoir faire indéniable pour gérer ces opposants: confiscation des biens “éclairs” et enfants envoyés à l’assistance publique pour venir à bout des “paysans obtus face au progrès” ou des “dégénérés aristocrates-bourgeois” en agissant en journée, et en frappant par surprise vite et fort sur dénonciation en envoyant des agents venus des autres régions de la Roumanie qui n’avaient aucun lien sur place.

De très nombreux Revenants ont utilisé toutes les ressources possibles et inimaginables pour quitter le pays. Cette situation a eu mené à une forte immigration vers l’Amérique et des interventions plus ou moins complexes de la Fondation pour l’Héritage Roumain envers le régime. En 1999, la discussion entre les Revenants qui ont fui, ceux qui ont tout perdu et ceux qui se sont adaptés peut mener à des réunions de famille sanglante où les différentes branches d’une même lignée se détestent.

Des Caïnites pris pour cibles à leur tour

Les Tzimisces des Carpates n’aiment pas faire profil bas. Nombre de leurs anciens ont trouvé même le régime communiste pire que l’Inquisition. Les vampires les plus incapables d’accepter de faire profil en ont fait les frais jusqu’au début des années soixante. La technique employée par la direction VI est restée rudimentaire, mais la démolition de refuge en plein jour a fait des ravages pour des pertes humaines acceptables. Un certain nombre d’édifices historiques vides ont été rasés en prévention. Cela a touché des indépendants comme des Sabbats, mais également les Camaristes dont les goules avaient soudainement perdu tout pouvoir chez les humains. De nombreux archevêques, princes ou Voïvodes ont été détrônés durant cette période très mouvementée par des vampires bien plus jeunes qu’eux.

Les loup-garous et autres créatures surnaturelles n’ont pas été épargnés

Tout opposant politique, le plus mineur qui soit, pouvait être menacé par la Securitate. Le régime a tenté de faire entrer le pays dans une forme de modernité à marche forcée, et cela est passé souvent par l’exploitation des terres à outrances. Les Parents des Garous ont été souvent mis sous surveillance, voire arrêté pour pratique de surperstitions anti-communistes. Un groupe de la Direction VI spécialisé dans leur surveillance et la confiscation de leur bien a survécu dans son esprit originel bien plus que les équipes dédiées à la chasse aux vampires. Voir à ce sujet la section dédiée à la société Gazrom.

Les éveillés ont fui

L’idéologie de la Securitate aurait fait passer l’Union Technocratique dans son ensemble pour de aimables hippies. Toute opinion minoritaire a été traquée. La plupart des mages qui le pouvaient ont quitté le pays. Des Technocrates se sont entêtés un peu plus longtemps en espérant changer le régime de l’intérieur, ce qui a mené à des échecs cuisants. Le seul véritable objectif du parti communiste roumain ayant été le maintien de ses cadres en place, la seule vraie contribution des technocrates un peu idéalistes qui se sont obstinés a été de bricoler des machines à écrire intraçables et de truquer les systèmes d’espionnage pour éviter d’être suspecter de quoique ce soit. Quelques agents passés aux Nephandis ont pu avoir un peu plus de succès dans leurs carrières et leurs objectifs, cela dit.

Un effondrement inéluctable, mais partiel

La Direction VI a été aussi corrompue que toutes les autres branches de la Securitate: après quelques années d’une efficacité remarquable, les agents disparus sont sortis des statistiques, et tout s’est passé comme si la Direction VI avait connu un succès éclair, la réduisant à une activité de “veille”. Elle a été largement corrompue et infiltrée à son tour mais de manière plus subtile qu’au début: les caïnites ont fini par apprendre à composer avec le régime. Les chiffres remontés par la base étaient truqués, ceux remontés par chaque étage de la hiérarchie était à leur tour truqués et les plus hautes instances n’avaient plus conscience que les rapports chiffrés qu’ils recevaient sur leurs bureaux ne correspondaient à rien.

Selon les bureaux locaux, la direction a été infiltré par une vaste quantité de groupes différents qui menaient leur propre lutte d’influence. Parmi les plus notables, on notera un noyau dur de la résistance au surnaturel de la première heure, qui a retrouvé des archives de l’Inquisition lors de la perquisition d’un monastère orthodoxe et s’en est servi de base pour comprendre l’ampleur de la menace vampirique. Ce groupe restreint, conscient de la capacité de manipulation des vampires, s’est très vite coupé du reste de la Direction, a cessé de rendre compte de ses succès et a continué la lutte avec une paranoïa constante, après que ses membres aient été réaffectés à d’autres directions.

Une dissolution apparente seulement

Après 1989, la Direction VI a été officiellement dissoute, comme le reste de la Securitate. Ses membres se sont reconverti de diverses manières, comme les autres directions: certains ont repris une activité civile ordinaire, mais on a estimé qu’environ 40% des effectifs avaient rejoint le nouveau ministère de l’intérieur ou les nouveaux services secrets roumains. Une grande partie des archives n’a jamais été rendue publique et a probablement été détruite. La Roumanie a notoirement organisé très peu de procès en dehors de celui, expéditif, des Ceaușescu.

Des agents toujours présents

Voici quelques exemples de profil d’agents de la Securitate remerciés et qui se sont reconverti dans d’autres carrières depuis 1999.

Soeur Maria Theresa

Soeur Maria a commencé sa carrière comme secrétaire, mais a été associé de près au “noyau orthodoxe”. Elle a fermé les yeux sur les exactions du régime pour se concentrer sur sa mission. Maria savait que les entités qu’elle a traqué n’allaient pas disparaître avec la fin du régime, bien au contraire. Les horreurs de Transylvanie allait avoir les coudées plus franches que jamais sans la Securitate pour les obliger à faire profil bas. Elle suspectait que sa propre disparition, en 1990, n’était plus qu’une question de mois, si l’une de ces créatures venait à découvrir son rôle dans la fouille et la collecte d’information sur les châteaux de Transylvanie. Elle a prit une décision radicale en remettant une grande partie de la documentation saisie par la direction VI à un monastère hongrois, où elle s’est convertie et a pris le voile. Elle fait à présent partie de l’Inquisition Catholique.

Matthias Grunberg

Cet ingénieur en géologie haut placé chez Gazrom a été longtemps indicateur pour la Securitate et membre infiltré de la direction VI. Il a été en première ligne pour constater les “incidents” à chaque nouveau forage dans certains lieux transylvains. Après avoir travaillé dans la compagnie gazière nationale toute sa vie, il n’attends qu’une chose: que le pays finisse de vendre ses parts dans la compagnie étatique à la société américaine Endron. Il pense pouvoir garder son poste et bénéficier d’une augmentation de salaire substantielle si l’entreprise bascule pour de bon dans le privé.

En dépit d’un anglais encore balbutiant, il s’est trouvé un nombre d’affinités étonnantes les avocats et les cadres américains venus visiter la compagne nationale. Il a été très heureux de les trouver compréhensif et déjà aux courants des difficultés recensées sur le terrain quand à la résistance de certains habitants face au progrès technologique et l’exploitation des gisements locaux.

Igor Manciu Oprichniki

Il a ravalé son ego en 1950, quand les maîtres lui ont demandé d’abandonner son patronyme et tout ce qui dénotait de son appartenance à la précédente police d’état de la dictature d’extrême-droite. Il a accompli le patient travail de sape a qui a protégé les siens et son maître vampirique à la Direction Générale des Operations Techniques, puis à la Direction de la Sécurité Intérieure. Ses enfants ont fait leurs classes en tant que membre de la nomenklatura et ses petits-enfants briguent à présent des postes aux élections. Leur position l’a dissuadé de rejoindre un lucratif réseau de vol de tracteur, et il se consacre à prouver l’existence de la Direction VI et à retrouver ses fameuses archives. En espérant qu’elles contiennent des choses qui intéressent son maître…

Idées de scénario liées à la Securitate

Au bout de quelques erreurs (repas voyants, petits détails qui érodent la mascarade devant les mortels), les personnages se rendent compte qu’ils sont suivi. Alors qu’ils vont probablement faire garder les véhicules par un membre du groupe lors d’une halte, une cabine téléphonique proche de lui se met à sonner: s’il décroche, il recevra une menace de chantage: un paiement de quelques milliers de dollars sera à déposer dans un point de rendez-vous donné, si les personnages ne veulent pas avoir des problèmes. Une enquête minutieuse permettra de mettre la main sur un ancien agent culotté qui croyait avoir mis au point un plan astucieux pour se faire de l’argent sur des vampires doublés de touristes.

Les personnages sont accueilli lors d’une halte dans un palace flamban neuf: dès 1990, cette famille de revenant Bratovitch est revenue d’Amérique se réinstaller dans leurs anciennes terres et ont entreprit de racheter tout les terrains des alentours petits à petits. Les festivités vont bon train en présence des PJs, mais sont interrompu par l’arrivée d’un homme complètement ivre qui se présente comme “Nicolae Bratonescu”, le seul survivant d’une autre branche familiale qui a été envoyée au goulag, prison, en institut public quand les hôtes des personnages ont dû négocier leur visa de sortie du pays en 1961. Selon lui, l’un des membres de la famille avait trahi ses frères et soeurs et le Voïvode local pour avoir le papier qui lui a permit alors de quitter le pays avec ses enfants. A voir comment les personnages réagissent face à cette situation.

Lors de leur passage au couvent Maria Magdalena, les personnages ont su sympathiser avec l’abbesse, Alecto Zantovitch. La revenante voudrait conserver en l’état l’orphelinat ajouté à son domaine, mais comme les gouvernants ont changé ainsi que les politiques concernant ce type d’institut, un petit rappel d’échange de faveur s’impose. Les PJs reçoivent un dossier avec plusieurs photos particulièrement embarrassantes de haut dignitaire de la Direction de la Milice (il n’y a pas de raison que la Securitate ne se fasse pas piéger à son propre jeu à un moment donné). En repassant à Bucarest, les PJs doivent offrir ce dossier aux officiers à la retraite, ou leurs descendants, sans quoi ces fichus enquêteurs des droits de l’Homme qui cherchent toujours à coller des procès aux dignitaires du précédents régimes vont trouver des coupables.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Lachesis ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0