- Thé -

14 minutes de lecture

Lundi 30 décembre 2002, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.

Face au désordre qui lui restait encore à ranger dans l’appartement, Maria se passa une main sur le visage. Adrián chantait sous la douche, insouciant et guilleret. C’est lui qui avait organisé cette soirée au dernier moment. Sans réellement se soucier de l’état des lieux. Et Maria commençait à paniquer à la vue de son salon. Vêtements abandonnés, romans à l’eau de rose à moitié entamés, bols de chips depuis longtemps vidés traînaient sur le canapé et la table basse.

— Adrián, bouge ! cria-t-elle depuis le salon-cuisine, les mains sur les hanches.

Incapable de rester les bras croisés, elle s’empara d’un sac poubelle et entreprit de jeter emballages, mouchoirs, déchets et miettes. Elle sortait d’un déjeuner avec sa mère quand Adrián lui avait appris par SMS qu’il invitait Mike et Ethan pour la soirée. Il restait à peine deux heures avant leur arrivée.

— Je sors bientôt, l’informa son colocataire depuis la salle de bains.

Maria se contenta de grogner, accroupie près de la table avec un chiffon. Elle aussi rêvait d’une bonne douche chaude.

Le salon était de nouveau fréquentable quand Adrián daigna faire son apparition. À la vue de sa chemise ouverte jusqu’au milieu de la poitrine et son jeans slim, Maria pouffa.

— Quelle dégaine.

Bien décidé à prétendre qu’elle le complimentait, Adrián tourna sur lui-même en agitant ses boucles savamment coiffées. Son parfum musqué avait flotté jusqu’au salon, où Maria plissa le nez.

— Bon, je file sous la douche. Tu as dit que tu te chargeais du repas, hein ?

— Oui, ma douce.

Maria roula des yeux en passant à côté de lui. Adrián n’avait pas trouvé meilleur surnom pour sa fidèle amie. Il aimait lui rappeler combien il trouvait son comportement trop franc et ses manières trop directes.

— Tu pourras nous faire ton super gâteau au chocolat ?

— Ça va pas suffire, tout ce que tu vas préparer ?

Adrián ôta ses lunettes pour lui adresser son plus beau regard de biche.

— Bon, OK.

Avant qu’Adrián puisse lui quémander autre chose, elle claqua la porte de la salle de bains.


Adrián jeta un coup d’œil au miroir, fit des grimaces jusqu’à se sentir à l’aise puis recula pour englober son reflet. L’École de S.U.I puis son travail d’agent avaient sculpté son corps autrefois maigrichon. Sa silhouette conservait une minceur longiligne, mais il avait appris à la mettre en valeur avec des vêtements près du corps. Il se trouvait même charmant, ce soir. Ses boucles brunes s’étaient joliment formées et les bracelets dorés attiraient l’attention sur ses mains de pianiste.

Il remonta ses manches de chemise sans tarder. La préparation des tacos et des enchiladas lui prendrait du temps. Maria l’avait précédé en préparant les légumes et la viande, mais le plus gros l’attendait. Bien qu’il ait quitté son Mexique natal dès ses douze ans, il n’avait pas oublié la cuisine de son enfance. Sa mère l’avait rapidement choisi comme assistant de cuisine parmi ses frères et sœurs et le garçon avait grandi au milieu des pâtes à travailler, des épices à sélectionner et des ingrédients à assembler.

Plongé dans ses travaux culinaires, il ne remarqua Maria que lorsqu’elle entreprit de sortir bols, couverts et assiettes. Adrián la toisa de la tête aux pieds avant de soupirer :

— Maria, tu veux pas faire un petit effort vestimentaire pour une fois ?

La remarque la fit évidemment tiquer. Avec un rictus, elle se retourna vers son ami et contempla son jeans noir et son pull rouge.

— Un problème ?

— Pourquoi tu mettrais pas la robe noire que tu as achetée l’autre jour ? Elle est longue en plus, t’auras pas trop froid.

Perplexe, Maria sortit quatre verres en grommelant :

— Adrián, c’est une foutue soirée entre potes. Pas un dîner de Noël.

— Oh, Maria. C’est plus que ça.

— Comment ça ?

Adrián repéra la crainte légère derrière son regard dubitatif.

— Ma douce, tu as pas compris ? Je l’ai pas joué innocent en invitant Mike et Ethan. Disons que la soirée est une sorte de… double date ?

Sa colocataire le dévisagea en silence. Adrián haussa des épaules amusées.

— Maria, sérieusement ? Je ferais pas tout ça non plus si c’était juste une soirée à faire des jeux de carte débiles et à boire de l’alcool dégueulasse.

Son amie vira à l’écarlate.

— Mais Adrián ? T’es malade ? Je comprends pas, on parle bien de Michael Lohan et d’Ethan Sybaris, là ?

Adrián s’esclaffa en guise de réponse.

— Mais… tu… Adrián, je comprends vraiment pas.

— Oh, je vois bien, soupira-t-il avec un sourire penaud.

Il lâcha son couteau de cuisine pour s’approcher de son amie.

— Écoute, il y a clairement de bonnes ondes entre nous quatre.

— D’accord, mais y’a une différence entre rigoler ensemble à une soirée et…

Elle mima un geste vague qui pouvait tout et rien dire. Adrián décida de s’approprier l’une des possibles définitions.

— Maria, pour être honnête, j’ai bien l’intention de mettre Mike dans mon lit.

Maria resta pétrifiée un instant, étira les lèvres en sourire incrédule puis secoua la tête.

— OK, j’étais pas prête pour ça. (Alors qu’Adrián éclatait de rire, elle enchaîna :) Attends, donc l’idée c’est qu’Ethan et moi on vous tienne la chandelle ? Tu aurais dû l’inviter à une soirée ciné ou je sais pas qu…

— Maria, j’ai dit un double date.

Le rouge disparut de ses joues pour y laisser un fard blanc.

— Ah non. Non, non, non.

— Ethan t’a jamais vue autrement qu’avec un jeans ou un t-shirt. Quand t’as essayé ta robe l’autre jour, je t’ai entendu dire pour la première fois que tu te trouvais jolie. Alors mets-la pour…

— Adrián, c’est quoi ce mauvais plan ?

L’intéressé se cala contre la table de la cuisine, bras croisés.

— Je crois qu’il y a un bon feeling entre lui et toi.

— Sérieusement ? Ça fait dix jours qu’on se parle normalement sans se regarder de travers.

— Oui et ça fait dix jours que vous vous dévorez mutuellement des yeux, rétorqua son ami avec son impitoyable sourire rayonnant.

Maria fronça les sourcils, garda la bouche close. Elle ne pouvait pas nier qu’elle s’était plus rapprochée d’Ethan au cours des dix derniers jours que lors des huit dernières années. Ce qu’il lui avait expliqué le soir de la fête d’entreprise, à propos de sa mère et de son héritage invisible, avait jeté un pont entre eux. Pour autant, ils n’avaient jamais flirté.

— Je sais même pas si je suis attirée, Adrián. Et tu sais pas pour Ethan non plus.

— Quand l’un est aveugle, l’autre est parfaitement clairvoyant, se contenta de souffler Adrián d’un air énigmatique.

Avec un clin d’œil, il retourna à la préparation de ses plats mexicains.


Plantée devant sa commode, Maria se froissait les méninges. Adrián avait jeté doutes, honte, espoir et peur en elle. Était-elle réellement aveugle comme il le prétendait ? Avait-elle laissé penser à Ethan qu’il l’intéressait ? Bon sang, comment aurait-elle pu faire une chose pareille alors qu’elle le considérait comme un collègue plutôt sympa ?

Les doigts sur le tissu doux de sa fameuse robe noire, elle plissa les yeux. Elle ne pouvait pas nier le charme qu’elle lui trouvait. Il était beau garçon et ses camarades de l’École comme leurs collègues en avaient souvent parlé. Pour autant, c’était un gouffre entier qui séparait l’appréciation commune du physique d’un presque inconnu et la possibilité d’une relation.

La jeune femme siffla entre ses dents, déplia sa robe. Si, comme Adrián le prévoyait, Mike et lui se draguaient toute la soirée, elle ne comptait pas faire office de plante verte. Soit elle quittait l’appartement ce soir pour laisser son colocataire s’amuser, soit elle jouait le jeu du double date. Ayant déjà passé une heure à faire le ménage et la cuisine, Maria escomptait bien profiter de la soirée.

Elle se tortilla pour retirer jeans et pull. La dernière fois qu’elle avait enfilé la robe, c’était dans la cabine d’essayage du magasin. Les lumières tamisées de la chambre rendaient le vêtement encore plus joli. Maria tourna sur elle-même, lissa les quelques plis au niveau de ses hanches puis pinça les lèvres. La coupe était classique et la couleur sans prise de risque, mais elle s’y sentait à l’aise. Et c’était le principal.


Les deux colocataires venaient de disposer les plateaux de chips et de tacos quand la sonnette retentit. Adrián s’élança comme une fusée pour ouvrir avant de serrer Mike dans ses bras. Surpris, l’intéressé s’esclaffa puis tapota généreusement le dos de son hôte.

— Ça fait plaisir de te revoir, lança-t-il avant de tendre un paquet au jeune homme. Petit cadeau pour vous remercier de l’invitation.

Des chocolats de Noël. Adrián ne tarda pas à les exhiber sous le nez de Maria, qui échangea un check enthousiaste avec Michael.

— T’es le meilleur !

Une fois l’entrée libérée de la carrure imposante de Mike, Ethan put refermer derrière lui. Il adressa un sourire penaud à ses hôtes. Il n’avait su que sur le chemin la nature de la soirée. De peur qu’il refuse de venir, Michael l’avait prévenu au dernier moment. Comme il avait vu son ami en chemise, Ethan l’avait imité. Pour autant, c’était une chemise décontractée et il portait un simple jeans – même si celui-ci n’était pas troué.

— Désolé pour la tenue, souffla-t-il à Maria alors qu’Adrián et son compère s’installaient au salon. Mike m’a prévenu en chemin.

Son interlocutrice secoua la tête, agacée.

— Adrián m’a fait le coup aussi. Désolée.

Conscient qu’ils remettaient les excuses sur la table, ils échangèrent un regard complice.

— Je croyais qu’on devait arrêter.

— On va essayer, la rassura Ethan avant de hausser les épaules. Toi, au moins, tu as enfilé de beaux vêtements.

Maria le remercia d’un sourire avant de l’inviter à prendre place. Elle espérait que le peu de maquillage qu’elle portait masquait sa gêne. Elle n’avait jamais eu de copain. N’avait jamais cherché à en avoir. Sa vie de célibataire ne l’avait jusqu’ici jamais dérangée outre mesure.

Alors qu’Ethan se glissait sur le canapé à côté de Michael, un éclair de doute la traversa. Et si Ethan était venu par pure formalité ? Après tout, il avait peut-être déjà quelqu’un dans sa vie. Elle savait qu’il n’était plus avec Grace, sa petite-amie de l’École, car leur séparation avait fait le tour des discussions en terminale. Pour autant, il s’était écoulé plusieurs années depuis. Largement le temps de s’installer dans une nouvelle relation.

— Maria, ça va ?

Ethan lui tendait le bol de chips. Elle se ressaisit sans tarder, refusa la nourriture avec un sourire poli. Les portes de curiosité et d’intérêt qu’avait ouvert Adrián avec cette soirée s’étaient refermées. Pour qui se prenait-elle ? Dix jours qu’Ethan et elle se comportaient ensemble de façon civilisée. Ils ne savaient décidément rien l’un de l’autre.

En lançant une discussion à propos des meilleures épices, Adrián et Mike accaparèrent l’attention d’Ethan. Maria découvrit avec surprise qu’il s’y connaissait plutôt bien. Apparemment, après son emménagement avec Michael, il avait entrepris d’être le cuisinier de la colocation. Maria les écouta encore un moment puis se leva. Malheureusement, la cuisine et elle faisaient deux. Les seuls plats qu’elle réussissait jusqu’au bout sans les faire brûler, c’était son fameux gâteau au chocolat et les spaghettis. Guère intéressée par la discussion des trois hommes, elle s’éloigna vers la cuisine. Après s’être versé un verre de rhum, elle y trempa les lèvres et en savoura le parfum de vanille. Elle ne buvait pas beaucoup – car elle tenait très mal l’alcool – mais un verre de rhum en soirée lui déplaisait rarement.

Son verre était presque terminé quand Ethan la rejoignit dans la cuisine.

— Désolé, je me suis laissé emporter par cette histoire d’épices. Je voulais pas que tu te sentes mise de côté.

— Non, c’est moi. J’avais juste besoin de m’isoler un moment.

Il n’y avait que la lumière de la hotte et celle éloignée du salon pour éclairer la pièce. Calée contre un plan de travail, Maria observait l’immeuble en face. Si elle avait craint plus tôt d’être maladroite dans une possible tentative de drague, elle n’y pensait même plus. Ce n’était pas le sujet de la soirée. Les doutes et la honte au creux de ses méninges avaient remplacé le reste. Maria n’était qu’une idiote. D’ailleurs, sa mère le lui avait encore rappelé à midi.

— Tu bois quoi ?

— Du rhum. (Elle fit glisser la bouteille vers son invité.) Sers-toi, je t’en prie.

Après avoir ôté le bouchon et humé l’arôme, Ethan se remplit un verre. La vanille les enveloppa tous deux, séparés par l’évier et une soirée mal organisée.

— Je me suis rendu compte que je sais rien de toi, Maria.

Le ton sérieux de sa voix tira Maria de sa contemplation. La lumière faible ne l’aidait pas à devenir l’expression de son visage. La dernière fois qu’elle l’avait vu aussi grave, c’était lors de la soirée d’entreprise. Ce n’était pas spécialement un bon souvenir ; Ethan lui avait semblé cassé ce jour-là.

— Pareil pour moi. Tu as corrigé les idées que j’avais de toi, expliqua Maria en reposant son verre, mais je sais pas qui tu es vraiment.

Ethan lui adressa un sourire dépité en agitant le rhum entre ses doigts.

— Mike et Adrián ont pas assuré sur ce coup.

— Au moins, ça a l’air de bien se passer pour eux.

Maria s’était tournée vers le salon, où leurs deux amis étaient penchés l’un vers l’autre. Ils parlaient à voix basse, mais leurs sourires n’étaient pas des secrets.

— Je savais pas, pour Mike.

— Savais quoi ? s’étonna Ethan en avalant une gorgée d’alcool.

— Qu’il aimait les hommes.

Ethan sourit, pencha son verre dans la direction de Michael.

— Il est aussi sorti avec des femmes. Je le soupçonnais depuis un moment d’être aussi attiré par les hommes, mais Adrián est le premier à le mettre suffisamment en confiance pour qu’il puisse y penser vraiment.

— C’est son super-pouvoir, acquiesça Maria avec un regard tendre pour son ami.

— Ils sont tous les deux géniaux, approuva Ethan avec un rire léger. On se sent bien banals à côté.

Avec une moue perplexe, Maria se tourna vers lui. Ethan Sybaris, banal ? Elle voyait difficilement ce qu’il pouvait avoir de banal. Son nom de famille était connu dans toute la ville, ses exploits passés de l’École couraient encore sur les lèvres des anciens élèves et les rumeurs chuchotaient sur le nombre de partenaires que son physique avantageux avait pu lui octroyer.

Maria préféra ne rien dire. Elle ne le connaissait pas. Leur discussion de la dernière fois en avait été la preuve la plus évidente. Ethan avait l’air rempli de coins cachés et de surfaces à gratter. Il y avait ces petites surprises qui tiraient des sourires : sa passion pour la cuisine, sa gêne face à une tenue peu soignée. Puis des vérités qui faisaient grimacer, comme sa relation avec Alexia Sybaris.


Ils ne disaient plus rien. Maria était retournée à sa contemplation de l’immeuble. Ethan déchiffrait l’étiquette du rhum. Le silence de la cuisine n’était pas tendu pour autant. Ils avaient tous les deux accepté l’étrangeté de cette soirée.

— Tu aurais du thé ?

La demande tira un rire incrédule à Maria.

— Du thé à vingt-deux heures ? Après du rhum ? (Tout en tirant le tiroir où elle rangeait les boîtes de thé et d’infusion, elle marmonna :) Et ça se dit banal.

Amusé, Ethan remplit la bouilloire d’eau puis choisit un mug dans le placard que venait de lui indiquer Mari a. Un chat affublé d’une paire de lunettes de soleil était gravé dessus.

— Banal, hein ?

Maria haussa les épaules, sortit les boîtes de thés pour qu’il choisisse. Une fois sa boisson chaude en main, Ethan ferma les yeux et s’efforça au calme. La fin d’année n’était pas très drôle pour Mike et lui. Ils n’avaient plus de famille. Ils passaient les fêtes ensemble, mais c’était difficile d’ignorer le bonheur des personnes qui les entouraient.

— Au fait, tu as parlé de ton père l’autre jour. Tu le vois encore ?

— De temps en temps. (Ethan contempla son thé, soupira.) Rarement, en fait. Une fois par an grand max. Généralement pour mon anniversaire, en janvier. Avec mon frère, on a appris son existence qu’à quinze ans.

Si l’explication sur le père d’Ethan le peina, Maria tiqua avant tout à la mention de son frère.

— D’ailleurs, il devient quoi Edward ? Je pensais qu’il allait venir à S.U.I comme toi.

— Moi aussi. Mais il a préféré aller bosser ailleurs.

Comme la voix d’Ethan s’était durcie, Maria ne chercha pas à creuser plus. Il y avait définitivement un tas de point à déterrer chez Ethan. Mais elle devait y aller en douceur au risque d’enfoncer une brèche et de tout faire foirer.

— Et toi ? souffla Ethan d’un ton plus avenant après quelques secondes. Tu dis pas grand-chose sur toi, Maria.

L’intéressée joua avec la bouteille de rhum pour calmer sa nervosité.

— Moi, je suis vraiment banale, Ethan.

Le jeune homme était persuadé qu’elle avait pourtant des choses à raconter. Si elle ne voulait pas le faire ce soir, il attendrait. Ils avaient mis huit ans à engager la conversation. Ils pouvaient bien patienter quelques semaines de plus avant un échange plus profond.

— Je trouve ça plutôt bien, murmura-t-il après coup. Une petite vie rangée, ça me déplairait pas au fond.

— Sérieux ?

La stupéfaction de Maria lui tira une grimace embarrassée.

— J’ai toujours été entouré de tellement de problèmes, d’emmerdes et compagnie que… ben l’idée d’avoir une vie à moi, que je mène comme je l’entends, même si c’est simple, me dit bien.

Maria s’approcha de lui pour lui tapoter le bras.

— T’as bien raison. (Avec une œillade malicieuse, elle ajouta :) Même si l’Ethan que j’ai connu à l’École et l’Ethan d’aujourd’hui ont pas l’air d’être les mêmes.

— J’ai toujours mon côté un peu contestataire parfois, avoua-t-il du bout des lèvres.

— Ça nous fait un petit point commun.

Maria l’avait lâché d’un ton anodin, mais Ethan la contempla sans sourire. Crispée par son changement d’attitude, elle recula d’un pas.

— Désolée. Je… je voulais pas te mettre mal à l’aise. Je suis pas très douée pour ça.

— Non, non, Maria, c’est pas ça.

Ethan laissa mourir la suite de ses pensées. Que pensait-il au juste ? Qu’éprouvait-il pour cette collègue qu’il connaissait à peine ? Une curiosité certaine, bien sûr, de l’amusement pour ses conventions peu sociales, de l’enthousiasme pour une éventuelle nouvelle amitié.

Il avait encore l’arôme du rhum à la vanille dans la bouche, mélangé au thé noir de sa boisson. Les goûts disparurent pourtant de son palet alors qu’il observait Maria en toute impunité.

— Oui ?

Ethan remarqua finalement le rouge de ses joues. Cette fois, il l’avait gênée.

— Maria, tu as quelqu’un ?

Elle cligna plusieurs fois des yeux avant de comprendre qu’il était sincèrement curieux.

— Non.

Elle inspira, posa la question sans vraiment y réfléchir :

— Et toi ?

— Non plus. (Ethan reposa sa tasse à demi-vide, enchaîna :) Tu as des baskets ?

— Évidemment, ricana-t-elle, soulagée que la question dissipe le froid dans sa poitrine.

— Tu aimerais faire un tour ?

Maria considéra sa robe, grogna.

— Je me change. (Elle leva le nez, osa regarder Ethan dans les yeux pour la première fois de la soirée.) Et j’arrive.

Elle avait oublié qu’il avait les yeux ambrés. Cette pensée la troubla alors qu’elle se dirigeait vers sa chambre. Adrián et Mike avaient déserté le salon. Elle les entendait discuter tranquillement dans la chambre de son colocataire.

Cette soirée n’était peut-être pas si désastreuse.

Annotations

Vous aimez lire Co "louji" Lazulys ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0