ÉLÉGANCE ET BEAUTÉ
AU BOUT DE MES RÊVES
J’irai au bout de mes rêves
Tout au bout de mes rêves
J’irai au bout de mes rêves
Où la raison s’achève
Tout au bout de mes rêves
J’irai au bout de mes rêves
ÉLÉGANCE ET BEAUTÉ
Je rêvais d’un Yorkshire, ce superbe animal à la robe soyeuse, depuis que ma marraine m’avait offert un livre sur les chiens à l’occasion de mes quatorze ans. Toutes les races y étaient représentées. J’en avais lu mille fois les pages, toutes sans exception. J’étais devenue incollable sur la gent canine ! Malgré l’immense variété de chiens, mon attention s’était portée comme une intime évidence sur le Yorkshire. Bref, avec ma première paie, je me suis acheté une petite York… du moins, c’est ce qu’il m’a été dit car, en réalité, elle n’était pas inscrite au LOF.[1]
Cette petite chienne s’est vite amourachée de maman et, pour gagner un peu d’argent, mes parents l’ont fait saillir. Quelques mois plus tard, Hattigane naissait à la maison. Ce chiot m’adorait et il n’avait de cesse de me le démontrer, ce qui ne l’empêchait pas de faire preuve parfois d’un caractère… de cochon !
Ainsi, au retour de nos vacances à Bergerac, il a fait une fête phénoménale à ma sœur et à mon frère. Par contre, sans doute pour me reprocher mon absence, il m’a superbement ignorée. Je n’en revenais pas. Quelle vexation ! Par bonheur, sa colère n’a pas duré et il m’a bien vite réclamé des câlins. Il ne me quittait plus, tellement il était possessif. Et moi, j’en étais « bleue » !
Entretemps, la médecine affichait de nets progrès et j’avoue qu’à cette époque, j’espérais encore me remettre un jour debout. Pourtant, à cause de ma station assise prolongée, mes hanches s’étaient figées à angle droit, au point de ne plus pouvoir allonger mes jambes. Enfiler mon pantalon en position couchée — un acte banal pour la plupart — m’imposait de terribles souffrances ; m’installer sur un plat-bassin était devenu carrément impossible. En 1996, j’ai donc recouru à l’opération.
J’ai dû rester couchée assez longtemps avant de reprendre une position assise. C’est durant cette immobilité forcée qu’on est venu m’annoncer la triste nouvelle : la fin accidentelle de mon loulou Hattigane, l’un de mes chiens préférés. Une planche s’était détachée du hangar et lui avait brisé la nuque.
Encore une fois, mon cœur a pleuré. Mon doux loulou, cet amour de chien, venait de me quitter. Quel triste coup du sort ! Cette nouvelle douleur m’était plus pénible encore que les souffrances physiques auxquelles j’avais fini par m’habituer.
Je suis alors partie dans un centre de rééducation pendant quelques semaines, le temps de parfaire ma remise en verticalité. Quelle ne fut pas ma surprise d’y recevoir un jour, la visite de mon patron !
J’avais le regard triste. Profondément triste. Quand il m’a demandé la raison de ce désespoir, je n’ai pu m’empêcher de lui faire part de la disparition brutale de ce chien que j’adorais. Touché par ma détresse, et sans m’en informer, il a demandé à sa secrétaire de me trouver un nouveau petit compagnon.
Ma surprise fut immense, vous l’imaginez ! Pour la première fois de ma vie, j’allais posséder un chien identifié, avec de vrais papiers. Non seulement, je disposerais de son arbre généalogique complet, mais il s’agirait d’un véritable Yorkshire Terrier. De fait, quelques jours plus tard, le charmant petit Mathys faisait partie de ma vie.
Je l’emmenais partout avec moi, comme ce jour de novembre où j’étais allée visiter une exposition canine à Courtrai, en Belgique. Les Belges sont généralement très accueillants lors de telles manifestations, et celle-ci était exceptionnelle par sa grandeur.
Je m’y baladais tranquillement, quand un éleveur m’a demandé s’il pouvait m’enlever Mathys pour mieux l’observer. Il l’a examiné sous toutes les coutures et l’a trouvé superbe. Sur le coup, je me suis dit qu’il voulait simplement se montrer gentil devant une personne en fauteuil. Or, quelques minutes plus tard, un second éleveur m’a tenu les mêmes propos.
À ce moment, je me suis dit qu’effectivement, Mathys était peut-être un chien exceptionnel. Toutefois, pour en avoir le cœur net, je devrais l’inscrire, lui aussi, à une exposition au cours de laquelle des juges estimeraient sa beauté à sa juste valeur et certifieraient sa race.
Ainsi fut fait. Mathys n’avait pas encore un an lorsqu’il a participé à sa première compétition. Elle se déroulait à Amiens. C’est là que mon loulou a gagné sa première coupe. Rien de tel pour prendre goût à ces journées extraordinaires au cours desquelles je rencontrais des gens animés par la même passion.
Cette expérience m’a donné des ailes. Puis, j’ai cogité et une idée a germé dans mon esprit : si je possédais un mâle d’une telle qualité, pourquoi ne pas envisager un petit élevage de Yorkshire ? Il me restait à trouver la femelle adéquate pour mon Mathys.
Je me suis renseignée auprès des meilleurs élevages et, début juillet 1997, la chance mettait sur ma route une petite merveille prénommée « Nice ». Cette petite boule de poils m’a tout de suite adoptée. C’était un véritable amour, elle avait un immense besoin de protection.
Au fil du temps, son pelage est devenu magnifique, d’une parfaite longueur naturelle. Quand j’y plongeais les mains, j’avais l’impression de les enfouir dans une chevelure soyeuse. Elle était si agréable à toucher, ma Nice !
J’ai participé à quelques expositions avec mes petits chiens. Ils ont remporté plusieurs coupes et autant de fanions. J’étais fière d’eux. Maman les bichonnait. Finalement, nous formions, elle et moi, un charmant petit duo avec nos amis à quatre pattes !
Si l’exposition était trop éloignée de la maison pour rentrer dans la journée, nous dormions à l’hôtel. Maman discutait avec d’autres éleveuses. En effet, les élevages de cette race étaient majoritairement dirigés par des femmes. Maman semblait heureuse, mais heureuse de quoi ? Heureuse de me satisfaire ? Tout simplement heureuse d’être là ? D’être ailleurs qu’à la ferme ? J’espère qu’elle l’était avant tout pour elle-même, c’est ce que je voulais.
Nous avons participé à la Nationale d’Élevage de Mâcon. Les plus beaux Yorks de France y concouraient et nous avons été extrêmement bien accueillis. De plus, Mathys et Nice y ont très bien figuré : Nice a terminé deuxième en classe baby ; Mathys s’est retrouvé huitième dans sa catégorie.
Quel week-end mémorable ! Même la présidente du club a tenu à nous féliciter. À cette occasion, j’ai revu l’éleveuse de ma petite puce. Discuter avec de vrais passionnés est si exaltant ! Franchement, j’ai adoré.
Une autre exposition nous a conduites à Dieppe pour une démonstration de chiens de chasse. Or, à chaque passage de ma puce sur le ring, des coups de feu éclataient. Nice était terrorisée ; à tel point que, lors des expositions suivantes, elle a carrément refusé de pénétrer sur le ring. Dorénavant, ces concours avaient perdu leur charme et n’étaient plus du tout un jeu pour elle. J’ai donc décidé de ne plus y participer.
Nice a seulement mis bas à deux reprises. Je tenais tellement à elle, qu’il était hors de question de l’accoupler davantage. J’avais trop peur de la perdre. J’ai gardé les deux petits de sa première portée. Sa fille a eu elle-même trois portées, puis nous avons mis fin à la fois aux expositions et à l’élevage.
L’élevage est une expérience passionnante. J’aurais aimé en faire mon métier mais, physiquement, je n’y serais pas arrivée seule ; j’aurais dû trop solliciter mon entourage.
[1] Livre des Origines Français.
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