TOUJOURS PLUS HAUT

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ENVOLE-MOI

Envole-moi, envole-moi, envole-moi 
Loin de cette fatalité qui colle à ma peau

TOUJOURS PLUS HAUT

Désormais, tout se passait bien dans ma vie : j’étais libre, ce qui m’a permis de retourner plusieurs fois à Lourdes.

Cette fois-là, grâce à la présence de Shanon, les directeurs de train m’ont vite repérée. J.-L. B., J.-M. W. et leurs conjointes étaient dirigeants d’entreprise. Ils étaient passionnants et nous avons longuement discuté tous ensemble. Mais quelle surprise lorsqu’ils nous ont proposé, à ma sœur, à mon frère et à moi, d’être les secrétaires du train ! Être reconnue parmi eux, non plus comme une malade, mais comme une personne capable d’aider, c’était Byzance. Vous imaginez ? Moi, la personne inapte à tant de choses, je pouvais leur être utile !

Quand nous sommes arrivés à Lourdes, tout le monde craquait pour Shanon, tant il était exceptionnel et beau. Il faut dire que voir déambuler dans le sanctuaire, une personne en fauteuil électrique, accompagnée d’un chien d’assistance, cela ne se voit pas couramment !

Les hospitalières étaient aux petits soins. Avant de venir me lever, elles se précipitaient pour sortir Shanon, qui faisait ses besoins sur commande. J’avais moi-même le droit de porter l’uniforme des hospitalières, tout en vivant assise. Si vous saviez comme je comprenais Sainte Bernadette, lorsqu’elle disait que la Vierge la regardait comme une simple personne qui parle à une autre personne ! Ce sentiment d’être comme tout le monde, de pouvoir exprimer ses compétences et de pouvoir se « fondre dans la masse » me donnait des ailes.

Moi, la petite fille différente, prisonnière de ses incapacités et dépendante vis-à-vis de tant de choses, je pouvais enfin aider mes semblables. Quel remerciement vous m’avez offert en m’accordant votre confiance ; quel honneur vous m’avez fait ! Pour beaucoup de personnes, cela peut sembler anodin. Pour moi, jusqu’à ce jour, c’était inouï, presque impensable. J’ai pu alors découvrir les coulisses d’un pèlerinage.

Vous vous en doutez, assurer le transport de plus de trois cents malades demande une préparation inouïe. Toutefois, peu de personnes imaginent le travail réalisé en amont par les secrétaires : enregistrer les inscriptions, imprimer les étiquettes, affecter les personnes aux accueils ou dans les hôtels, prévoir les gardes, transporter les bagages.

Pour ma part, comme je l’écrivais plus haut, à peine avais-je franchi les portes du train que j’ai rencontré des gens brillants. J.-L. B. et son épouse ont même eu la gentillesse de me faire visiter leur usine. J’étais fascinée par les processus de fabrication. J.-L. n’avait jamais eu à répondre à autant de questions, paraît-il.

Ils m’ont également invitée au restaurant. Grâce à eux, fait exceptionnel, j’ai savouré du champagne rosé et des huîtres. J.-L. les assaisonnait avec du vinaigre à l’échalote pendant que son épouse me tartinait une tranche de pain de seigle avec du beurre salé. Je me suis réellement régalée. Au fond, je serais bien un peu épicurienne !

En tout cas, curieuse de tout comme je le suis, j’ai trouvé cette expérience passionnante. J’ai découvert une autre façon de vivre. Je me délectais lorsqu’ils parlaient de bourses, de flobarts et d’autres domaines à propos desquels je ne connaissais rien auparavant. Cerise sur le gâteau, ces nouveaux amis m’ont permis de faire la connaissance d’une association dont les membres se retrouvent régulièrement pour élaborer des programmes et faire bouger les choses. 

À l’occasion d’une de leurs réunions, j’ai eu la chance de montrer ma voiture et mon chien à ces personnes. Plus question de Monsieur ou Madame Tout-le-Monde ! Il s’agissait de personnes issues de milieux favorisés, qui possédaient en prime un très haut niveau de connaissances.

Ces personnes ont fait partie de ma vie dans mes moments fastes. Durant cette période, je réussissais tout ou presque. J’étais tenace et perspicace. Grâce à elles, j’ai appris des tas de nouvelles choses, c’était génial. Plus important encore, elles m’ont aidée à croire davantage en moi. Et Dieu sait si j’en avais grand besoin !

Pour que j’avance, il fallait que l’on me fasse confiance, il fallait me tirer vers le haut… et ils l’ont fait ! Qu’ajouter d’autre, sinon qu’ils étaient vraiment sympathiques ?

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