Max était allongé dans l’herbe fanée, son corps meurtri, son souffle court. La pluie froide s’abattait sur lui, lavant doucement le sang séché sur son front. Il ne bougeait plus. Son épée gisait à quelques blocs, brisée. Tout était flou. Les arbres, le ciel, le monde… tout semblait s’effacer, lentement, comme une image trop longtemps exposée à la lumière.

Il n’avait plus la force. Plus d’énergie. Il ferma les yeux. Et pour la première fois depuis longtemps… il se sentit presque en paix.

— Tu veux continuer à jouer ? murmura la voix.

Elle était douce cette fois. Presque inquiète. Presque.

Mais Max ne répondit pas.

Son esprit s’éloignait. Il sentait la chaleur quitter ses doigts, sa poitrine à peine se soulever. Un frisson parcourut l’air autour de lui. Le monde, lui-même, semblait retenir son souffle.

L’entité regardait.

Elle était là. Tapie dans l’ombre, sans forme définie, pure conscience tordue. Depuis le début, elle avait observé. Manipulé. Rendu les mobs plus rapides, les nuits plus longues, les grottes plus profondes. Juste pour voir jusqu’où Max tiendrait. Juste pour voir… s’il tiendrait plus que les autres.

Et il avait tenu.

Bien plus.

Mais là… là, il s’éteignait. Et l’entité ne ressentait pas la joie qu’elle attendait. Pas la satisfaction d’avoir gagné. Non. Ce qu’elle ressentait, c’était…

Le vide.

Elle s’approcha. Flotta autour de Max, comme un vent invisible qui aurait hésité à souffler la dernière flamme.

— Tu t’arrêtes là…? souffla-t-elle. Tu abandonnes…?

Toujours aucune réponse. Juste ce souffle, de plus en plus rare, de plus en plus faible.

Alors l’entité murmura, pour elle-même, un rien plus fort :

— Peut-être que… j’ai trop joué avec toi…

Un silence. Un vrai. Celui que même le vent respecte.

Et puis, dans un élan inexpliqué, l’entité recula. Elle fit apparaître un faible halo de lumière autour de Max. Une chaleur douce, presque imperceptible. Un petit pixel de vie.

Un battement.

Max fronça légèrement les sourcils. Son souffle se stabilisa, un peu. Son esprit, au bord du néant, sentit quelque chose… comme un regret venu d’ailleurs. Comme si le monde n’avait pas fini avec lui.

L'entité resta là, sans bouger, à le regarder.

— Ce n’est pas encore l’heure, pas vrai…? murmura-t-elle. Tu vas continuer à jouer, Max. Pas parce que je t'y oblige… mais parce que tu le veux.

Et sur ces mots, elle disparut à nouveau dans les ténèbres, laissant derrière elle ce mince éclat d’espoir… ou de contrôle.