Chapitre 22 : L'Echo Du Remord
La cabane était plongée dans une pénombre calme, rythmée uniquement par les craquements discrets du feu. La lumière tremblotante jetait des ombres vacillantes sur les murs, comme si elles chuchotaient des souvenirs à Max. Il était agenouillé près de l'inconnu, le regard fixé sur lui, le cœur lourd.
Le visage du blessé était pâle, presque paisible malgré les contusions. Max passait lentement un linge humide sur son front, répétant le geste sans vraiment y penser. Il ne parvenait pas à détacher ses yeux de cet homme, cet être qu’il avait presque détruit par erreur.
Son souffle était court. Sa gorge, nouée.
Il murmura, plus pour lui-même que pour l’autre :
« Je suis désolé… Je croyais… »
Il n’arrivait pas à finir sa phrase. C’était comme si les mots étaient trop lourds, comme s’ils se refusaient à sortir. Il se redressa doucement, se laissant tomber contre le mur, face à lui.
« J’ai cru que tu étais… cette chose. Je n’ai pas réfléchi. J’ai juste… réagi. »
Ses yeux se remplirent de larmes qu’il ne chercha pas à cacher. Il serra les poings, puis les relâcha lentement. Il avait l’impression de se briser un peu plus à chaque battement de cœur.
« Tu m’as pas attaqué. T’as rien dit. Et moi… J’ai vu une menace là où il y avait peut-être quelqu’un comme moi. Quelqu’un de… perdu. »
Un silence retomba, pesant.
Max se leva pour attraper une vieille couverture qu’il déposa avec soin sur le corps encore inconscient. Il arrangea un coussin sous sa tête, ajusta les pans du tissu… comme s’il pouvait se racheter à travers ces gestes simples.
Puis il se rassit, plus loin cette fois, pour ne pas l'effrayer s’il se réveillait.
Il resta là longtemps, à veiller. À espérer.
Et alors que ses yeux se fermaient presque malgré lui… il y eut un frémissement. Léger, mais bien réel.
Max redressa la tête aussitôt. L’homme venait de bouger la main. Son visage tressaillit, et lentement, très lentement, il ouvrit les yeux. Des yeux brumeux, perdus, qui croisèrent ceux de Max.
Celui-ci se pencha un peu, doucement, comme s’il approchait un oiseau blessé.
« Tu… tu es réveillé ? »
L’homme tenta de bouger, mais une grimace de douleur l’arrêta aussitôt. Max tendit les mains, inquiet :
« Non… n’essaie pas. Tu es blessé. Tu dois te reposer. »
Un silence tendu s’installa, jusqu’à ce qu’une question s’échappe des lèvres de l’inconnu. Une question simple, douloureuse.
« …Pourquoi ? »
Max ne répondit pas tout de suite. Il baissa les yeux, honteux.
« Parce que je t’ai fait du mal. Parce que je dois réparer. »
Il releva le regard, plus fragile que jamais.
« Parce que je ne voulais pas… et que maintenant, je ne peux plus l’ignorer. »
L’homme ne répondit pas. Ses yeux se refermèrent lentement, sombrant à nouveau dans l’inconscience.
Et Max resta là, silencieux… dans ce calme étrange que l’entité, pour une fois, ne venait pas troubler. Mais elle observait. De loin. En silence. Comme si elle attendait.
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