Chapitre 25 : La Poursuite De L'Ombre
Le soleil s’était à peine levé, projetant ses premiers rayons dorés à travers les feuillages encore humides de rosée. Dans la cabane, un silence tendu s’était installé. Max jetait des coups d’œil nerveux à la fenêtre, comme si l’ombre de la nuit précédente allait réapparaître à tout moment.
L’homme, toujours méfiant mais moins distant, finit par se lever, enveloppé dans une vieille couverture. Il jeta un regard vers Max.
— Tu crois vraiment qu’on devrait la suivre ? demanda-t-il, la voix grave mais posée.
— Je sais pas ce que c’était… mais elle nous observait. Et elle est partie quand elle a vu qu’on l’avait repérée. C’est peut-être notre seule piste pour comprendre ce qui se passe ici…
Le jeune homme hocha lentement la tête. Il regardait Max avec un mélange de scepticisme et de curiosité. Il ne lui avait toujours pas donné son nom, et Max respectait ce silence… pour l’instant.
Ils sortirent enfin. L’air du matin était frais, chargé d’humidité. Le sol laissait voir des traces fines, presque invisibles, mais Max les repéra tout de suite. Des empreintes, à demi effacées, mais bien là. L’ombre de la veille n’avait pas quitté la forêt en silence.
— Là, regarde, fit Max en désignant les marques dans la terre.
— Hm. C’est étrange. On dirait… quelqu’un de très léger. Ou alors, elle évite volontairement de laisser des traces.
— C’est ce que ferait une entité, non ?
— Ou un humain malin.
Ils s’engagèrent dans la forêt. Plus ils avançaient, plus les bruits alentours devenaient étouffés. Pas un chant d’oiseau, pas un bruissement. Même les feuilles semblaient figées, comme si la forêt retenait son souffle.
Au détour d’un arbre, ils trouvèrent un tissu accroché à une branche. Un morceau noir, presque déchiré, trempé de rosée. Max le prit entre ses doigts. Il n’avait rien de particulier… mais il était là, comme un indice laissé derrière. Volontairement ?
— Tu penses qu’elle veut qu’on la suive ? demanda le garçon.
— Ou qu’on tombe dans un piège…
Un craquement. Net. Juste derrière eux.
Les deux jeunes se retournèrent en même temps, alertes. Mais rien. Juste la forêt, toujours aussi figée.
— On est suivis, marmonna Max.
Ils reprirent leur marche, plus prudents, plus lents. À mesure qu’ils progressaient, les empreintes semblaient devenir plus nettes, plus rapprochées. Comme si l’ombre avait cessé de fuir. Comme si elle voulait… être trouvée.
Ils finirent par déboucher sur une clairière. Là, tout était calme. Trop calme. Un cercle de pierres trônait en son centre, ancien, rongé par la mousse. Et sur l’une d’elles… une inscription.
Max s’approcha. Il dut frotter la surface pour la lire : “JEU”. Un seul mot, gravé à la hâte, en lettres irrégulières.
Le garçon derrière lui lâcha un souffle inquiet.
— C’est quoi ce délire…
— Elle veut vraiment qu’on joue, murmura Max. Depuis le début.
Il se redressa, et son regard se posa sur les arbres tout autour de la clairière.
Quelque chose bougeait. Une silhouette. Mais cette fois… ce n’était pas la même. Elle était plus grande, plus droite. Et elle n’avait pas fui.
Elle les observait.
Max sentit ses muscles se tendre.
— T’es prêt ? demanda-t-il sans détourner les yeux de la silhouette. L’autre sourit doucement, un peu ironique :
— J’ai pas traversé tout ça pour reculer maintenant.
Ils firent un pas en avant. Et l’ombre, lentement, leur tourna le dos… pour s’enfoncer plus loin dans les bois. Mais cette fois, elle voulait clairement qu’on la suive.
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