La nuit le sang quitte mes veines.

 Elles viennent.

 Mon corps inanimé est la proie des envies de minuit. Je reste là, étendu sur un lit, pas besoin d’ouvrir les yeux :

 Elles sont à mon chevet.

 L’atmosphère de la pièce est presque insoutenable, j’entends les battements assourdissants de mon cœur, l’air me brûle les poumons, c’est horrible !

 C’est la peur. Si je bouge, je suis fini. Je dois juste les laisser prendre ma substance vitale sans bouger.

 C’est là, je sais que c’est là. Elles sont là.

 Ce petit bruit imperceptible au fond de la pièce, cette présence qui me donne envie de hurler. Tous mes sens sont en alerte, du petit grincement discret dans l’escalier de la maison, au souffle juste derrière moi.

 Ne pas bouger.

 J’ai tellement mal au cœur, la pression est trop forte, la peur trop intense, je veux que ça s’arrête ! C’est tout autour de moi, au-dessus de moi, à côté de moi et le pire…devant moi. Ne pas comprendre ce que c’est, vouloir ouvrir les yeux, suffoquer, mon cœur me fait mal, personne dans la maison…seul avec ces choses. 

 Et là je sens une douleur atroce.

 Des aiguilles plantées violemment dans mes bras. Je sens ces barres cylindriques fouiller ma chair, se retourner, s’ôter, se replanter au même endroit. Un souffle chaud dans mon oreille gauche et une aiguille pénétrant doucement mon cou, je ne dois pas bouger. La douleur est indescriptible, les aiguilles semblent infinies.  

 Elles s’enfoncent lentement, perçant les tissus et mes muscles. Mon cou est prit d'assault, l'une d'elle rencontre de la résistance et pousse un coup sec, et traverse un cervicale. Je ne dois PAS bouger.

 Ces petits bruits envahissent mes oreilles, je sens mon sang comme être aspiré de mes veines, j’ai peur, l’impression de me noyer dans la peur, mon cœur me fait mal, je le sens battre dans ma tête, les choses autour de moi, la chose devant mon lit, des aiguilles géantes qui ne cessent de s’enfoncer, j’ai la tête qui tourne…pas bouger.

 Fini, le sang a quitté mes veines, cette nuit.