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Ce n’était pas de ta faute

ses mains

sa voix

sur ton corps

tu n’y étais pour rien

tu n’as pas guidé ses doigts

vers tes seins

demandé sa langue

dans ta bouche

encouragé sa main

sur tes fesses

tu n’avais que 13 ans

le monde en doute

sur le bout des lèvres

que savais-tu du sexe

de l’intimité

des relations

que savais-tu de ton

non

qui ne sortait pas

de ton corps

que tu ne savais pas faire

respecter

ce n’était pas de ta faute

si tu as longtemps cru

que ça l’était

que tu aurais dû

être

faire

mieux

plus

l’innocence

au fond des pupilles

le cœur un peu gris

déjà

il y a des évènements

qui surgissent comme ça

en vague immense

cognant contre

les portes

de ton être

y laissant son poison

tu aurais pu te noyer

dans ton malaise

dans ton mal-être

lorsqu’il a passé ses mains

sous mes vêtements

qu’il a déposé ses mains

sur mes seins

que plus aucun tissu ne retenait

le contact cruel de sa peau

contre la mienne

je me suis senti partir

le monde avait cessé de tourner

et pourtant, le monde n’avait jamais été

aussi bruyant

les voix des enfants autour

le toucher des sièges

les vitres de l’autobus

mon corps posé contre le sien

lui lui lui

et ses mains

ses foutues mains

celles des autres me font si peur maintenant

ce n’était pas de ta faute

si tu as eu trop peur

pour réagir

si tu as continué à dessiner

des sourires

sur ta bouche

pour cacher

ton cœur qui faisait si mal

dans ta poitrine

le bruit du monde qui s’étiolait

de ton essence qui s’affolait

tu n’avais que 13 ans

l’enfance sur le bout des doigts

l’ignorance des menaces

qui claquaient contre tes oreilles

personne ne te l’a dit

que ton corps n’est pas puni

n’est pas subi

que ta chair est la tienne

juste la tienne

que ton non compte

autant, plus, toujours

que le respect de ta personne

passe avant les autres

comment tu aurais pu savoir

qu’aimer rimait avec

agresser

attoucher

l’amour n’est pas ça

ton toi de 18 ans

ne sait toujours pas

à quoi rime aimer

mais il sait que

ce n’était pas de ta faute

qu’il n’y a jamais eu

deux victimes

seulement une, toi

que l’agression ne venait pas de toi

mais bien de lui

qu’il s’est excusé

pour des faits

qu’il a lui-même compris

il n’avait pas le droit

je le sais maintenant

l’amour ne rime pas avec lui

ni avec elle

l’amour n’agresse pas

ne possède pas

ne fait pas mal

tu méritais bien plus

que des mains qui te font sentir

mort, aspiré, noyé

tu étais assez

ce n’était pas de ta faute.