Et le feu brûlera
Est-elle venin
ou remède
dans mon corps
en ébullition
je ressens
les pulsations
de son rythme
qui résonnent
contre mes os
comment contenir le grondement
de sa lave
qui paralyse ma tristesse
enveloppe qui recouvre
mon moi charnel
elle se heurte
à cette couverture
bleue
autour de moi
tel un halo
non pas de lumière
mais de misère
entendez-vous
le bruit de ma colère
qui résonne
contre les murs
les cœurs
et mes écœurements
voyez-vous
dans mon regard
la rage qui s’éveille
là
sous la peau palpitante
orage noire
éclair déchirant
qu’elle m’ouvre en deux
cette colère
je veux qu’elle brise
qu’elle cogne
qu’elle crache
qu’elle soit le volcan
que tout mon cœur
ne cesse de retenir
qu’elle explose
si fort
que la Terre en tremble
que vos pieds s’ancrent
dans le venin rampant
de mes ressentiments
sentez-vous le poids
de mes souffrances
sur vos épaules inadaptées
vous ne pourrez jamais
(sup)porter
la colère
qui me dévore
la colère n’est pas le poison
que l’on dit être
le véritable poison
est le silence
au fond des artères
terrer ses sentiments
pour éviter
d’allumer l’incendie
mais je me moque
désormais
de faire brûler
les territoires
de chaque être
je me moque
de vos limites
que vous dressez
comme des remparts
vous ne méritez pas de défense
juste mes offenses
je brûlerai vos abris
vos faux abris
ceux que vous avez construits
pour échapper
à vos fuites
vos fautes
vos mots
moi, je n’ai pas d’abri
seulement ma couverture bleue
qui m’agrippe
s’est insérée dans ma peau
a fait fusion de ma chair
mon enveloppe qui s’écaille
se craquelle
il faut laisser glisser
lentement
le sang colère
qui va s’écouler
et vous dévorer
l’incendie sera grandiose
sur fond de piano
une véritable fête
ma voix ne taira plus jamais
ses défaillances
et ses vaillances
ma langue déliée
ira retirer la chaîne
qui l’entravait
le feu brûle
et le silence noie
je préfère brûler
et apprendre à nager
à contre courant
contre vos marées
plus aucune tolérance
pour vos erreurs
vos ratés
vos violences
serrer les poings
serrer les dents
la mâchoire
le cœur
les poumons
le sang
et le silence
quand est-ce qu’on nous apprend
à desserrer les larmes
et les armes
à laisser tomber nos mains
qui nous enserrent
et compressent
la culpabilité
de vos erreurs
à vous laissez porter
ce que vous avez semé
et ce n’est rien de vivant
c’est éteint
aride
désertique
de la terre séchée
qui craque sous les semelles
dont le souffle tourne en boucle
comme le dernier
si je brûle
la terre sera grandiose
lueur de courage
dans son désespoir
il faut planter
les fleurs
les êtres
la vie
et l’avancée
marcher
le regard droit
le menton relevé
le tempo cadencé de mon pas
qui est musique
le buste tendu
sourire
desserrer les poings
refroidir le sang
garder la tête froide
être brasier
pendant la (re)quête
je ne conquiers rien
conquérir, c’est pour
les oppresseurs
les détenteurs
les possesseurs
qui pensent
que le monde leur appartient
et le feu brûlera
rongera
mangera
votre monde d’affamés
d’infamies
votre sol pourri
sur lequel vous crachez
gémissez
geignez
et le feu brûlera
votre sol imparfait
brûlez-vous
face à mes mots
brûlez-vous
quand je tape de mes pieds
contre la terre séchée
de vos désertions
brûlez-vous
quand elle jaillit
au fond de mes entrailles
mais résistent à la porte de mes lèvres
de ma chair
brûlez-vous
face à mon silence
qui sort de l’absence
brûlez-vous
par ma violence
rythme saccadé
ou lancinant
clignotement sous mes paupières
pour garder le contrôle
je m’en vais
de votre terre
votre monde
votre immondice
je m’en vais
je pars
quitter votre toxicité venimeuse
est-elle venin
ou remède
regardez-vous
je prends
je suis
remède
et vous êtes venin
et le feu brûlera
et ma colère envahira le monde.
Annotations
Versions