M'en aller
J’ai pensé être guéri de toi
j’ai pensé que ça allait mieux
que tu ne m’impactais plus
qu’il était temps que j’en m’en aille
que je ne retienne plus les émotions
qui m’assaillent
et que je les libère
en vérité
je ne serai jamais guéri
toutes mes séquelles saignent
tu es dans chaque souvenir douloureux
dans chaque peine sentimentale
ma vision de l’amour te retient en fardeau
tu impactes mes angoisses mes peurs
tu es là pour la relation d’après
fantôme errant qui me poignarde sauvagement
j’ai pensé que tu ne me contrôlais plus
que j’avais repris le contrôle
que j’étais de nouveau un tout
j’avais tort
j’oblige ma gentillesse à s’exprimer
ma bienveillance à te regarder
je tends encore toute ma douceur
dans les paroles que je t’adresse
je ne voudrais t’en dire plus aucune
je n’arrive pas à laisser les messages que tu envoies
à appuyer sur le bouton bloquer
pour pouvoir nous quitter
définitivement
j’ai un problème avec l’engagement
à laisser derrière
et c’est de ta faute
tu me retiens
tu me domines encore
agrippé à tes paroles, je m’émeus
je constate tes changements
tes évolutions
et tes sur-places qui font si mal
je n’arrive plus à haïr
les parties de toi
qui ont frappé si fort
je n’arrive plus à t’en vouloir
d’avoir été si douloureuse
avec mon cœur
je ne souhaite
encore
que ton bien
ton bonheur
je t’écris ma poésie dans des mots quotidiens
les émoticônes sourire pour être doux
te rassurer pour te protéger
et cesser de hurler tout ce que tu as commis
tes injustices
tes impardons
tes non-dits
et la non reconnaissance de tes erreurs
je porte en moi
les semences d’une bataille
qui n’a jamais été la mienne
c’était ta lutte
avec tes parents
le monde
les gens
tes émotions
tes angoisses tes doutes tes peurs tes insécurités
tes malheurs tes détestations tes pleurs
j’ai pris sur moi les luttes qui te traversaient
nous n’étions pas une guerre, en guerre
nous n’avions pas à nous battre
pour nous écouter nous expliquer nous aimer
tu me dis m’avoir écouté
avoir pris rendez-vous chez une psy
j’ai su que j’avais fait naître
des fruits qui ont pu mûrir
tu as décidé de prêter attention
à mes mots jetés
des années auparavant
à mes supplications
pour m’éviter
de crouler sous tes exactions
j’ai eu mal
de savoir
que ma parole n’a compté qu’après
après que mes os ont saigné
le liquide de mes veines
j’ai pleuré
de toute la douleur
contenue
que je pensais avoir avortée
tu me dis n’avoir toujours voulu que mon bien
le bien a fait pleuré
dévoré l’amour propre la confiance la relation à l’intime à la vulnérabilité l’amour la partenaire montrer ses pleurs son corps son cœur ses cicatrices ses faiblesses aimer être aimé la légitimité d’un jour être comblé par un amour qui répare accepte condamne la violence et construit une armée contre mes angoisses et mes échecs
je cherche le bien que tu me promets
m’a soi-disant promis
tu dis parler de moi à chaque nouvelle rencontre
tu dis que je t’ai fait grandir
mais moi
moi j’ai rapetissé
j’ai courbé le dos sous la douleur
les coups des émotions trop violentes
tes mots en poison
l’eau de mes yeux m’a noyé
moi je ne parle pas de toi
aux gens
quand je les rencontre
je tais les secousses
de mes tremblements
je parle
en rigolant
des conséquences de tes actes
sur moi
parce que c’est de ça dont il est question
la puissance d’un être
sur un autre être
tu t’es servi de mon amour
pour appuyer sur mes plaies
pour te conforter dans l’idée
qu’à un endroit de ta vie
tu avais du pouvoir
du contrôle
et un lieu où tu pouvais te réfugier
malgré les mauvais traitements
parce que l’amour de l’autre
l’a érigé
j’étais l’autre
notre histoire n’était pas de l’amour
ta dépendance
ton besoin de fuite
de refuge
face à mon sur romantisme
mon besoin d’amour
mon non-respect de moi-même
et mon aveuglement sentimental
tu dis qu’on était deux enfants
qu’on s’aimait comme des gamins
j’étais un adulte
qui était amoureux
d’un être
qui ne voyait notre relation
que comme un amour adolescent
qui l’a abaissé au rang
de légèreté infantile amoureuse intense
tant d’adjectifs pour un amour qui a tant brisé
je ne t’ai ni aimé comme un enfant
ni comme un adolescent
ni comme un adulte
je t’ai aimé avec toute mon âme
tout mon soul mon corps mon cœur
je t’ai aimé avec mes défauts mes constitutions mes affects mes douleurs et mes vertus
je t’ai aimé avec ce que j’avais ce que j’ai pu ce que je devais
je t’ai aimé avec tout mon être
sans critère
sans barrière
sans frontière
avec tout l’univers
au fond du thorax
et je crois qu’une partie de moi
aimera toujours une partie de toi
parce que je crois
que tu as frappé tellement fort
que j’ai ton empreinte
incrustée dans le corps
ton nom dessiné dans la peau
tu étais la première
tu as blessé
et tu as fait naître
tu as enfanté la douceur
dont je pouvais faire office
mes sacrifices pour le bonheur d’une autre
la pureté d’un amour qui ne souhaite que donner
tu as crée des souvenirs
aux couleurs merveilleuses
au goût du premier amour
tu as fabriqué des mots
qui ont glissé le long de ma peau
comme une caresse
tu as montré
à nos regards
la beauté de la conjugaison de nos êtres
ça ne réparera jamais tout
mais une partie brille
de sa magie
et du ciel bleu que l’on contemplait
quand le monde nous appartenait
j’ai tout un deuil de toi à faire
il est loin d’être terminé
comme je le pensais
je ne perds pas espoir
que tu saches réparer
et que tu puisses aimer sans blesser
et que tu acceptes l’amour que l’on peut t’envoyer
il y a une meilleure toi qui va naître quelque part
et il est temps que tu la trouves
je méritais mieux
je méritais plus
et j’ai été assez
mon amour n’a jamais été parfait
juste sincère
je voulais un amour
qui brille qui chante qui embrasse qui soutient
je voulais un piano en son
une mélodie qui m’enlace
je n’ai connu que le bruit de mes larmes
qui tombent
de mes cris qui s’envolent
de mon cœur qui tambourine
je n’ai plus l’impression d’avoir le droit d’être aimé et d’aimer
je crois que je mourrais avec un cœur
qui déborde d’amour à donner
et un creux immense dans le ventre
de ne pas l’avoir comblé
par les feux d’artifice d’une relation qui apaise
il faut que j’éteigne les lumières de notre ville
pour pouvoir en construire une nouvelle
qui en contiendra plus
les comètes se sont explosées sur nos têtes
et je m’en vais
dans une autre galaxie
rencontrer un univers
en abondance, sans privation
et j’aurai des fleurs
pour couronner ma chair
des bras pour adoucir mes peurs
des mots comme regards doux
le parfum de la douleur
ne me hantera plus
je souhaite nous quitter
Victoria
te laisser
dans le passé
en te souhaitant d’évoluer
tu m’as fait si mal
mais je ne m’abaisserai jamais
à te souhaiter autant de douleurs
que tu m’as causées
je te souhaite de trouver une galaxie
où les fleurs ornent ta chair
et où les comètes ne s’abattent pas
mais sont un spectacle à contempler
nous étions deux êtres
non conçus pour s’aimer
pourtant on l’a fait
un peu
mal
on s’est aimé.es
comme deux enfants
deux adultes
deux êtres
deux corps
deux univers
deux batailles
deux âmes
et le bruit du monde s’est éteint avec nous
je dois m’en aller
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