M'en aller

6 minutes de lecture

J’ai pensé être guéri de toi

j’ai pensé que ça allait mieux

que tu ne m’impactais plus

qu’il était temps que j’en m’en aille

que je ne retienne plus les émotions

qui m’assaillent

et que je les libère

en vérité

je ne serai jamais guéri

toutes mes séquelles saignent

tu es dans chaque souvenir douloureux

dans chaque peine sentimentale

ma vision de l’amour te retient en fardeau

tu impactes mes angoisses mes peurs

tu es là pour la relation d’après

fantôme errant qui me poignarde sauvagement

j’ai pensé que tu ne me contrôlais plus

que j’avais repris le contrôle

que j’étais de nouveau un tout

j’avais tort

j’oblige ma gentillesse à s’exprimer

ma bienveillance à te regarder

je tends encore toute ma douceur

dans les paroles que je t’adresse

je ne voudrais t’en dire plus aucune

je n’arrive pas à laisser les messages que tu envoies

à appuyer sur le bouton bloquer

pour pouvoir nous quitter

définitivement

j’ai un problème avec l’engagement

à laisser derrière

et c’est de ta faute

tu me retiens

tu me domines encore

agrippé à tes paroles, je m’émeus

je constate tes changements

tes évolutions

et tes sur-places qui font si mal

je n’arrive plus à haïr

les parties de toi

qui ont frappé si fort

je n’arrive plus à t’en vouloir

d’avoir été si douloureuse

avec mon cœur

je ne souhaite

encore

que ton bien

ton bonheur

je t’écris ma poésie dans des mots quotidiens

les émoticônes sourire pour être doux

te rassurer pour te protéger

et cesser de hurler tout ce que tu as commis

tes injustices

tes impardons

tes non-dits

et la non reconnaissance de tes erreurs

je porte en moi

les semences d’une bataille

qui n’a jamais été la mienne

c’était ta lutte

avec tes parents

le monde

les gens

tes émotions

tes angoisses tes doutes tes peurs tes insécurités

tes malheurs tes détestations tes pleurs

j’ai pris sur moi les luttes qui te traversaient

nous n’étions pas une guerre, en guerre

nous n’avions pas à nous battre

pour nous écouter nous expliquer nous aimer

tu me dis m’avoir écouté

avoir pris rendez-vous chez une psy

j’ai su que j’avais fait naître

des fruits qui ont pu mûrir

tu as décidé de prêter attention

à mes mots jetés

des années auparavant

à mes supplications

pour m’éviter

de crouler sous tes exactions

j’ai eu mal

de savoir

que ma parole n’a compté qu’après

après que mes os ont saigné

le liquide de mes veines

j’ai pleuré

de toute la douleur

contenue

que je pensais avoir avortée

tu me dis n’avoir toujours voulu que mon bien

le bien a fait pleuré

dévoré l’amour propre la confiance la relation à l’intime à la vulnérabilité l’amour la partenaire montrer ses pleurs son corps son cœur ses cicatrices ses faiblesses aimer être aimé la légitimité d’un jour être comblé par un amour qui répare accepte condamne la violence et construit une armée contre mes angoisses et mes échecs

je cherche le bien que tu me promets

m’a soi-disant promis

tu dis parler de moi à chaque nouvelle rencontre

tu dis que je t’ai fait grandir

mais moi

moi j’ai rapetissé

j’ai courbé le dos sous la douleur

les coups des émotions trop violentes

tes mots en poison

l’eau de mes yeux m’a noyé

moi je ne parle pas de toi

aux gens

quand je les rencontre

je tais les secousses

de mes tremblements

je parle

en rigolant

des conséquences de tes actes

sur moi

parce que c’est de ça dont il est question

la puissance d’un être

sur un autre être

tu t’es servi de mon amour

pour appuyer sur mes plaies

pour te conforter dans l’idée

qu’à un endroit de ta vie

tu avais du pouvoir

du contrôle

et un lieu où tu pouvais te réfugier

malgré les mauvais traitements

parce que l’amour de l’autre

l’a érigé

j’étais l’autre

notre histoire n’était pas de l’amour

ta dépendance

ton besoin de fuite

de refuge

face à mon sur romantisme

mon besoin d’amour

mon non-respect de moi-même

et mon aveuglement sentimental

tu dis qu’on était deux enfants

qu’on s’aimait comme des gamins

j’étais un adulte

qui était amoureux

d’un être

qui ne voyait notre relation

que comme un amour adolescent

qui l’a abaissé au rang

de légèreté infantile amoureuse intense

tant d’adjectifs pour un amour qui a tant brisé

je ne t’ai ni aimé comme un enfant

ni comme un adolescent

ni comme un adulte

je t’ai aimé avec toute mon âme

tout mon soul mon corps mon cœur

je t’ai aimé avec mes défauts mes constitutions mes affects mes douleurs et mes vertus

je t’ai aimé avec ce que j’avais ce que j’ai pu ce que je devais

je t’ai aimé avec tout mon être

sans critère

sans barrière

sans frontière

avec tout l’univers

au fond du thorax

et je crois qu’une partie de moi

aimera toujours une partie de toi

parce que je crois

que tu as frappé tellement fort

que j’ai ton empreinte

incrustée dans le corps

ton nom dessiné dans la peau

tu étais la première

tu as blessé

et tu as fait naître

tu as enfanté la douceur

dont je pouvais faire office

mes sacrifices pour le bonheur d’une autre

la pureté d’un amour qui ne souhaite que donner

tu as crée des souvenirs

aux couleurs merveilleuses

au goût du premier amour

tu as fabriqué des mots

qui ont glissé le long de ma peau

comme une caresse

tu as montré

à nos regards

la beauté de la conjugaison de nos êtres

ça ne réparera jamais tout

mais une partie brille

de sa magie

et du ciel bleu que l’on contemplait

quand le monde nous appartenait

j’ai tout un deuil de toi à faire

il est loin d’être terminé

comme je le pensais

je ne perds pas espoir

que tu saches réparer

et que tu puisses aimer sans blesser

et que tu acceptes l’amour que l’on peut t’envoyer

il y a une meilleure toi qui va naître quelque part

et il est temps que tu la trouves

je méritais mieux

je méritais plus

et j’ai été assez

mon amour n’a jamais été parfait

juste sincère

je voulais un amour

qui brille qui chante qui embrasse qui soutient

je voulais un piano en son

une mélodie qui m’enlace

je n’ai connu que le bruit de mes larmes

qui tombent

de mes cris qui s’envolent

de mon cœur qui tambourine

je n’ai plus l’impression d’avoir le droit d’être aimé et d’aimer

je crois que je mourrais avec un cœur

qui déborde d’amour à donner

et un creux immense dans le ventre

de ne pas l’avoir comblé

par les feux d’artifice d’une relation qui apaise

il faut que j’éteigne les lumières de notre ville

pour pouvoir en construire une nouvelle

qui en contiendra plus

les comètes se sont explosées sur nos têtes

et je m’en vais

dans une autre galaxie

rencontrer un univers

en abondance, sans privation

et j’aurai des fleurs

pour couronner ma chair

des bras pour adoucir mes peurs

des mots comme regards doux

le parfum de la douleur

ne me hantera plus

je souhaite nous quitter

Victoria

te laisser

dans le passé

en te souhaitant d’évoluer

tu m’as fait si mal

mais je ne m’abaisserai jamais

à te souhaiter autant de douleurs

que tu m’as causées

je te souhaite de trouver une galaxie

où les fleurs ornent ta chair

et où les comètes ne s’abattent pas

mais sont un spectacle à contempler

nous étions deux êtres

non conçus pour s’aimer

pourtant on l’a fait

un peu

mal

on s’est aimé.es

comme deux enfants

deux adultes

deux êtres

deux corps

deux univers

deux batailles

deux âmes

et le bruit du monde s’est éteint avec nous

je dois m’en aller

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