Tentante est la mort
TW - suicide
Je me demande comment font les gens
pour vivre
je regarde des vlogs d’une étudiante en psycho
une routine de vie tellement clean
révisions qui ont l’air pas si difficiles
je ne sais pas ouvrir mes cours
pour avoir mon année
comment les gens font pour étudier
iels n’ont certainement pas
l’envie constante de décéder
des maladies mentales en coulis dans les veines
iels n’ont certainement pas
une lutte armée dans son propre esprit
un dégoût profond de ses propres os
une faim ignoble de sommeil
pour oublier
qu’il faut se réveiller, se lever et continuer
à chaque fois, je pense que
ça ne pourrait
pas être pire
mais ça l’est
j’aimerais avoir la force
de m’abandonner
de me lâcher
jeter mes traitements
me jeter du toit
m’offrir le suicide
comme unique beauté
parce que la mort
a l’air tendre et accueillante
je veux me glisser dans ses bras
qu’elle m’enveloppe
m’étouffe et me noie
qu’elle me dévore
de toutes les façons qu’elle désire
je veux juste qu’elle m’emporte
loin
de la vie
de l’existence
de l’oxygène rance
qui sort de mon corps
de mes membres
qui se meuvent
de subir chaque jour
la routine d’être
ma psy me dit
qu’elle a l’espoir que je guérisse
je n’ose pas lui dire
que je n’en ai que faire
de l’espoir
de l’avenir
de m’en sortir
du bonheur
je n’en ai que faire
d’espérer arriver à dépasser
la dépression
les TCA
les traumas
je n’en ai que faire
d’avancer
moi, je ne veux que stagner
passer mon temps à me détruire
et à rester échouer sur mes draps
qu’ils s’enroulent autour de mon cou
que je coupe trop fort ma chair
avec mes lames, entre mes larmes
que le sang s’écoule
en torrent
je veux qu’on m’abuse
qu’on me fasse mal
que je souffre
de toute mon ignominie
je ne mérite que la souffrance
et ma douche brûlante
hier soir
après quelques coups de lame
mes yeux fixés sur le rideau noir
et ma tête, répétant son discours de haine
la guérison n’existe pas
c’est un leurre pour retarder l’échéance de la fin
je veux cesser d’y croire
je veux cesser d’avoir peur
de rater les choses belles
que la vie pourrait m’apporter
je ne veux pas regarder devant
en suppliant de ne rien louper
je me veux tuer
sentir la vie me quitter
je veux qu’on m’emporte
qu’on me découpe
qu’on m’achève
je veux de la mort
dans toute sa saveur
et peu importe
si elle me fait peur
et peu importe
pour mes remords
il n’y a rien après
j’en suis sûr
qu’un désert de souffrance
une valse continue de vide
un tourbillon d’inutile
à quoi bon
passer chaque jour
à se demander
pourquoi
comment
pour aller où
à quoi bon
chercher un sens
à la vie
et s’il n’y en avait pas
et si on arrêtait de me faire croire
que guérir serait beau
que demain serait bien
que je vais y arriver
et si on me disait plutôt d’abandonner
de lâcher
ce serait plus facile
je prendrais ma lame
dans sa pochette bleue
puis surtout
les plaquettes de médicaments
qui s’entrechoquent
peu importe le nombre qu’ils sont
tant qu’ils me vident
de tout battement, sang et respiration
la bouteille de vodka
en reine cachée
parmi les aliments
pour achever le cocktail
donner plus de goût à l’inévitable
et cesser
enfin
d’espérer
de respirer
que le vide de mon être
soit enfin métamorphosé
en réalité
en infinité
que la mort me dévore tout entier
je n’attends qu’elle
et son baiser glacé.
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