Tentante est la mort

3 minutes de lecture

TW - suicide

Je me demande comment font les gens

pour vivre

je regarde des vlogs d’une étudiante en psycho

une routine de vie tellement clean

révisions qui ont l’air pas si difficiles

je ne sais pas ouvrir mes cours

pour avoir mon année

comment les gens font pour étudier

iels n’ont certainement pas

l’envie constante de décéder

des maladies mentales en coulis dans les veines

iels n’ont certainement pas

une lutte armée dans son propre esprit

un dégoût profond de ses propres os

une faim ignoble de sommeil

pour oublier

qu’il faut se réveiller, se lever et continuer

à chaque fois, je pense que

ça ne pourrait

pas être pire

mais ça l’est

j’aimerais avoir la force

de m’abandonner

de me lâcher

jeter mes traitements

me jeter du toit

m’offrir le suicide

comme unique beauté

parce que la mort

a l’air tendre et accueillante

je veux me glisser dans ses bras

qu’elle m’enveloppe

m’étouffe et me noie

qu’elle me dévore

de toutes les façons qu’elle désire

je veux juste qu’elle m’emporte

loin

de la vie

de l’existence

de l’oxygène rance

qui sort de mon corps

de mes membres

qui se meuvent

de subir chaque jour

la routine d’être

ma psy me dit

qu’elle a l’espoir que je guérisse

je n’ose pas lui dire

que je n’en ai que faire

de l’espoir

de l’avenir

de m’en sortir

du bonheur

je n’en ai que faire

d’espérer arriver à dépasser

la dépression

les TCA

les traumas

je n’en ai que faire

d’avancer

moi, je ne veux que stagner

passer mon temps à me détruire

et à rester échouer sur mes draps

qu’ils s’enroulent autour de mon cou

que je coupe trop fort ma chair

avec mes lames, entre mes larmes

que le sang s’écoule

en torrent

je veux qu’on m’abuse

qu’on me fasse mal

que je souffre

de toute mon ignominie

je ne mérite que la souffrance

et ma douche brûlante

hier soir

après quelques coups de lame

mes yeux fixés sur le rideau noir

et ma tête, répétant son discours de haine

la guérison n’existe pas

c’est un leurre pour retarder l’échéance de la fin

je veux cesser d’y croire

je veux cesser d’avoir peur

de rater les choses belles

que la vie pourrait m’apporter

je ne veux pas regarder devant

en suppliant de ne rien louper

je me veux tuer

sentir la vie me quitter

je veux qu’on m’emporte

qu’on me découpe

qu’on m’achève

je veux de la mort

dans toute sa saveur

et peu importe

si elle me fait peur

et peu importe

pour mes remords

il n’y a rien après

j’en suis sûr

qu’un désert de souffrance

une valse continue de vide

un tourbillon d’inutile

à quoi bon

passer chaque jour

à se demander

pourquoi

comment

pour aller où

à quoi bon

chercher un sens

à la vie

et s’il n’y en avait pas

et si on arrêtait de me faire croire

que guérir serait beau

que demain serait bien

que je vais y arriver

et si on me disait plutôt d’abandonner

de lâcher

ce serait plus facile

je prendrais ma lame

dans sa pochette bleue

puis surtout

les plaquettes de médicaments

qui s’entrechoquent

peu importe le nombre qu’ils sont

tant qu’ils me vident

de tout battement, sang et respiration

la bouteille de vodka

en reine cachée

parmi les aliments

pour achever le cocktail

donner plus de goût à l’inévitable

et cesser

enfin

d’espérer

de respirer

que le vide de mon être

soit enfin métamorphosé

en réalité

en infinité

que la mort me dévore tout entier

je n’attends qu’elle

et son baiser glacé.

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