Après une nuit très agitée, le petit groupe se réveille difficilement. Le dernier tour de garde avait été assuré par Éloïse. Mathias est toujours incrédule quant aux révélations de sa mère la veille. François propose qu'ils aillent dans la dépendance. En chemin, Matthias questionne sa mère.

— Dis-moi maman, pardon « AngéliqueB », ça m'a travaillé toute la nuit. Tu sais ce que c'est la fantasy n'est-ce pas ?

— Oui un peu. Mais je n'ai jamais ni vraiment lu ni rien écrit dans ce style.

— Toutes ces questions que tu posais sur nos pseudos et sur nos différents écrits, tu faisais semblant de ne pas connaître ? Tu as interrompu la lecture du manuscrit d'Audrey alors que toi aussi tu publies des histoires du même genre !

— Je sais oui et je suis désolée mais je devais continuer à jouer mon rôle tu comprends ?

— Ouais, et tu sais également prononcer Scribay ?

— Ça non mon chéri. J'ai toujours eu du mal, je dis toujours « Scripaille ».

Matthia secoue la tête sceptique. En bas des escaliers, Quentin propose d'aller dans une direction différente.

— Et si nous allions voir la chambre du comte De La Tour ?

— Quoi, quelle idée ! répond Lola terrifiée.

François lui demande quelles sont les raisons de sa peur.

— C'est que... J'y ai pensé toute la nuit. Vous n'avez pas l'impression qu'il nous observe quoi que nous fassions ? S'il apprend qu'on a fouillé dans cette pièce... La porte de la dépendance qui s'ouvre alors que nous sommes seuls ici. Et parmi ses lectures « Carrie », ses films préférés « La neuvième porte »... Puis cette référence à l'Enfer de Dante, la barque tout ça... Peut-être que les autres sont au purgatoire et nous coincés ici. Si c'est le cas alors le comte n'est autre que...

François la stoppe net.

— Stop ça suffit ! Ce raisonnement m'étonne de toi Lola, la fatigue te joue des tours. Depuis quand on juge quelqu'un sur ses goûts cinématographiques ou sur ses lectures ? Je t'assure que si tu connaissais mon genre de films, ma femme te dirait que je suis un psychopathe !

— Et moi donc, renchérit Matthias, si tu savais les séries que je regarde...

— Si tu parles de celle où des gens meurent en jouant à des jeux d'enfants, c'est trop violent mon chéri.

— Il y a une explication logique et rationnelle pour toutes choses, reprend François, même « ça » . Je pense toujours que nous sommes les protagonistes de son œuvre, c'est pour cette raison qu'il nous observe. Il a sûrement mis des caméras partout, c'est tout. C'est un être humain comme nous tous et nous allons dans sa chambre maintenant. Je ne tolérerai pas une autre allusion au prince des ténèbres, est-ce que c'est clair ?

— Je suis tout à fait d'accord avec François, ajoute Quentin. Il se joue de nous et nous allons le démasquer.

Quand ils entrent dans la chambre François appuie sur l'interrupteur pour éclairer la pièce. Lorsque la lumière s'allume, Éloïse s'arrête net et pousse un cri de stupeur. Sous les yeux ébahis de tous, le corps du comte Geoffroy De la Tour est affalé sur le lit, dans une posture étrange.