Le lendemain, alors que tous sont réunis dans le petit salon de la dépendance, Lola prend François par le bras.

— Viens, il faut que je te parle, lui chuchote-t-elle.

Ils se trouvent dans une des deux chambres et s’assoient sur un des deux petits lits. Lola déplit une feuille de papier qu'elle sort de sa poche.

— C'est la liste que j'ai trouvé hier. Pourquoi est-ce qu'il manque les pseudos de Quentin et de Matthias ?

— Tu insinues quoi par là ? Les nôtres n'y sont pas non plus, lui fait remarquer François.

— Je sais, mais je n'arrête pas d'y penser. Et autre chose me tracasse. Où est la barque ? Audrey ne nous a donné aucune information à ce sujet. Elle a dit que nous quitterons enfin cet endroit demain. Pourquoi cette foutue embarcation n'est-elle pas à quai ?

François secoue la tête, incapable de lui répondre. Tout à coup une voix derrière elle la fait sursauter.

— Qu'est-ce que vous faites là tous les deux ?

— Quentin ! Matthias ! Vous m'avez fait une de ces peurs !

— Pourquoi tu as cette liste dans les mains Lola ? questionne Matthias.

— Oh... Euh... bafouille-t-elle. Je me demandais pourquoi nos pseudos ne sont pas notés.

— En effet, enchérit François, c'est bien étrange.

— Et les autres ? continue Lola, vous ne trouvez pas qu'ils sont... comment dire... bizarres ?

Ils acquiescent tous d'un signe de la tête.

— Vous y croyez, vous à cette histoire que nous a raconté Audrey ? Sur le comte et ce truc qu'il boit tous les soirs ? interroge Quentin.

— Alors quoi, reprend Lola, il boit tous les soirs une potion magique qui le fait rajeunir ? Et puis il semblait y tenir à ce concours d'écriture, il y aurait renoncé juste pour faire plaisir à Audrey, une inconnue ? Pourquoi ? Et où est-il ? Personne ne l'a vu depuis hier soir. Ça n'a aucun sens !

— Rien n'a du sens ici, rétorque Matthias. Je ne cherche plus à comprendre, je veux juste qu'on rentre chez nous.

Des bruits de pas se font entendre près de la porte.

— Ah, vous voilà. Si vous voulez bien me suivre au salon.

Ils se lèvent et suivent Edgar sans prononcer un mot.