Joy se réveilla, avec encore quelques sueurs dues à son cauchemar. Le pire de tous.

Incapable d’affronter cette journée, elle prit une décision radicale : elle n’ira pas en cours. En plus, elle ne voulait qu’une chose, et son corps le savait, c’est pourquoi ses jambes l’emmenèrent presque d’elle-même vers un lieu plus que spécial pour la jeune femme, et qu’elle n’avait pas fréquenté depuis longtemps : le cimetière.

C'était là qu'elle allait lorsque rien ne semblait plus avoir de signification, quand, petite, elle s’était disputée avec ses copines, ou encore pour se plaindre de son père qui, déjà, ne s’occupait pas d’elle.

Dans les rues désertes de sa ville, elle se déplaça d'un pas lourd jusqu'à arriver aux portes rouillées du cimetière. Sous ses pieds, des allées couvertes de feuilles.

Le cimetière était un lieu étrangement tranquille et paisible, contrastant fortement avec la tempête qui grondait dans sa tête.

Arrivée sur la tombe de sa mère, Joy s'agenouilla en silence. Elle resta là un moment, les yeux fixés sur la pierre gravée : Amelia Carter - Une mère aimante. Elle ressentait toujours un pincement au cœur lorsqu'elle lisait ces mots.

— Maman, murmura-t-elle en caressant doucement la tombe. Je sais plus quoi faire.

Elle parlait doucement, comme si la pierre pouvait l'entendre et lui répondre. Mais il n'y eut que le silence. La seule présence qui lui répondait ces jours-ci était cette mystérieuse femme du parc. La Dame du parc, avec ses paroles réconfortantes et ses insinuations troublantes.

— Tout a changé depuis que je l'ai rencontrée. Mais... je ne sais pas si c'est bien ou mal, avoua-t-elle, perdue dans ses pensées. Papa, Léo... elle ne peut pas être responsable, n'est-ce pas ? Ça n'a pas de sens…

La pluie commença à tomber doucement sur le sol. Joy ferma les yeux, cherchant désespérément du réconfort dans le murmure du vent. Mais il n'y avait aucune réponse. Elle savait qu'elle ne trouverait aucune solution ici, auprès de sa mère.

Après quelques minutes de silence, elle se leva lentement, le cœur toujours aussi lourd, et rentra chez elle.

Lorsqu'elle franchit la porte d’entrée, elle fut saisie d'un mélange étrange de soulagement et de tension. Joy n'avait aucune envie de voir son père après son retour de l'hôpital. Elle était consciente qu'il se trouvait dans sa chambre, sans doute allongé sur son lit, fatigué. Mais elle ne ressentait rien. Ni culpabilité, ni crainte, simplement une neutralité froide.

Elle se dirigea immédiatement vers sa chambre et s'étendit sur son lit. Chaque soir, les heures s'écoulaient, et comme chaque soir, Joy était consciente qu'elle devrait bientôt retrouver la Dame du Parc.

De manière automatique, elle se leva et se dirigea vers la fenêtre. Au niveau inférieur, à travers le rideau de branches, elle distingua la figure de la femme assise sur le banc, immobile, comme à son habitude. Joy demeura immobile.

Et si elle avait quelque chose à voir avec ce qui s'était passé ?

Les événements tragiques se succédaient depuis qu'elle avait rencontré cette femme, mais il était impossible de savoir comment. Pourtant, l'idée ne pouvait plus être ignorée.

Joy continua de la regarder, incapable de détourner le regard. La Dame du Parc ne bougeait pas. Elle attendait. Elle attendait toujours.

Finalement, Joy poussa un soupir et ferma les rideaux. Ce soir, elle ne la rejoindrait pas. Pour la première fois depuis leur rencontre, elle se contenterait de l'observer de loin. Son esprit était peu à peu rempli de méfiance, mais elle ne pouvait s'empêcher d'y croire.

Joy s'installa près de son lit, perturbée, et demeura là, dans l'obscurité, incapable de trouver la tranquillité.