Chapitre 15
Joy savait que la situation avec Marcus était profondément injuste, et l’inquiétude pour sa meilleure amie se mêlait à une colère sourde qui grandissait en elle. Comment Marcus pouvait-il causer tant de douleur à Daniela, la personne qui s’inquiétait le plus pour elle ?
— Je vais me promener, annonça-t-elle brusquement d’un ton déterminé.
Toujours perdue dans ses propres pensées, Daniela hocha vaguement la tête, incapable de percevoir l'agitation de Joy. Mais cette dernière sentait qu’elle devait sortir, qu’elle avait besoin d’air, d’espace pour laisser éclater cette colère avant qu’elle ne l’étouffe. En l’espace de quelques heures, quelques jours, elle était passée d’une incompréhension envers sa meilleure amie à une totale compassion. Elle-même ne comprenait ses changements d’humeur mais, à chaque fois, elle les ressentait au plus profond de son cœur.
Ses pas, rapides et nerveux, la conduisirent vers le parc. À chaque foulée, elle sentait sa frustration monter.
En arrivant au parc, ses yeux cherchèrent instinctivement la silhouette familière de la Dame. Joy la repéra, assise calmement sur son banc habituel, le regard tourné vers l’horizon.
— Pourquoi êtes-vous toujours là ? lança Joy avec une pointe d’agacement dans la voix en s'approchant. Vous saviez ce qui allait se passer, pas vrai ?
La Dame tourna lentement la tête, et ses yeux profonds plongèrent dans ceux de Joy.
— J'en sais beaucoup, répondit-elle calmement, mais je ne peux pas forcer les gens à voir la vérité. Ils doivent la découvrir par eux-mêmes.
Cette réponse ne fit qu’attiser la colère de Joy.
— Tu avais raison depuis le début à propos de Marcus ! s'exclama-t-elle, les poings serrés. Il ne mérite pas Daniela.
La Dame la regarda avec patience, comme si elle avait déjà vu tant d'autres traverser cette même tempête de colère.
— Et que comptes-tu faire, Joy ? demanda-t-elle doucement, sa voix pleine de sagesse, sans jugement.
— Je sais pas ! cria Joy, la frustration l’envahissant complètement. Elle mérite mieux que ça, mieux que lui !
La Dame la regarda avec compassion.
Joy se laissa tomber sur le banc, le souffle court, les yeux brûlants de colère. Elle ne comprenait pas comment Marcus pouvait agir de manière aussi cruelle.
— Parfois, la seule chose que nous pouvons faire, c'est être présent. Ça fait partie de la vie. Mais si tu la laisses te dominer, elle te consumera et te détournera de ce qui est vraiment important.
Ses mots résonnèrent dans l’esprit de Joy. Elle avait raison. Elle ne devait pas laisser sa colère la guider. Elle prit alors une grande inspiration, se souvenant de ses promesses à Daniela.
— Vous avez raison, murmura-t-elle finalement, sa voix s’adoucissant. Je ne peux pas l’aider si je suis pleine de colère. Je dois lui montrer qu’elle mérite mieux, mais je ne dois pas lui montrer ma colère. Elle a besoin de moi… elle a besoin que je sois là, vraiment là. Si elle m’a demandé de la soutenir, c’est parce qu’elle sait que peu importe ce qui se passe entre nous, nous serons là l’une pour l’autre.
La Dame hocha la tête avec un léger sourire, comme si elle avait attendu que Joy parvienne à cette conclusion. C’était une simple vérité, mais qui demandait du temps pour être pleinement comprise.
La Dame hocha la tête, un léger sourire apparut sur ses lèvres.
— C’est un bon début.
Joy se leva lentement, l'esprit plus clair. Étrangement, cette simple discussion sembla lui avoir enlevé toute sa colère, désormais focalisée sur le soutien à devoir apporter à sa meilleure amie. Aussi, elle réalisa à quel point elle avait été cruelle avec la femme à ses côtés, elle qui n’était en réalité que de bons conseils qu’elle avait simplement mal interprétés. Au final, rien de ce qui se passait n’était de sa faute.
— Merci, dit Joy, en tournant un regard plus doux vers la Dame. Je m'excuse pour la dernière fois… Je ne vous ai pas écoutée comme il fallait. J’étais trop en colère.
La Dame lui sourit, un sourire doux et plein de compréhension.
— Ce n’est rien, Joy. La colère fait partie de la vie, tout comme le pardon. Je l’ai déjà oublié.
Soulagée, Joy lui fit un léger signe de tête avant de quitter le parc. Son cœur était désormais bien plus léger.
En quittant le parc, elle se sentait prête à affronter ce qui l'attendait. Il ne s’agissait plus de Marcus et de ce qu’il avait fait. Il s’agissait de Daniela et de l’amie qu’elle devait être.
Annotations
Versions