Elle a beau avoir les yeux grands ouverts, elle ne voit que la pénombre autour d'elle. Le néant. Et elle a froid. Ce froid semble arriver à pénétrer sa chair et ses muscles pour aller glacer ses os. Jamais elle n'avait eu aussi froid.

Son corps est si lourd qu'il lui faut faire plus d'effort que d'ordinaire pour se mouvoir. Elle a l'impression de couler, couler au fond d'un endroit qu'elle ne connait pas, couler toujours plus profond, toujours vers le froid et l'ombre.

Elle commence à se débattre mais sa chute ne fait que s'accentuer tandis qu'elle cherche à s'agripper par tous les moyens à quelque chose qui pourrait la ramener à la surface, mais ses doigts engourdis ne rencontrent que cet élément résistant tout en étant insaisissable.

La détresse finit par avoir raison de ses inquiétudes, le cri de terreur qu'elle lâche est sourd. Rapidement elle suffoque, de l'eau gelée s'infiltre insidieusement par ses narines et sa bouche, lui brûlant de froid la trachée, prenant place au sein même de ses petits poumons de terrestre.

Elle a beau s'agiter, embraser le néant autour d'elle de son feu bleu destructeur, elle n'arrive à rien brûler, elle sombre toujours un peu plus jusqu'à ce que sa vision se trouble. Levant le regard vers le ciel, elle aperçoit une faible lueur bleutée… la surface n'était pas si loin… Et pourtant elle s'éloigne encore.

Abattue, la jeune kitsune n'arrive plus à lutter contre cette eau froide qui semble avoir posé sur elle ses griffes acérées. Ses yeux finissent par se fermer, préfèrant croire qu'elle s'endort simplement.

Lorsqu'elle ouvre à nouveau son regard doré, c'est avec des yeux exorbités et en inspirant une bouffée d'air qui ne manque pas de la faire toussoter.

Une main sur son cœur palpitant à folle vitesse, Clara est affolée mais soulagée de voir que sa vision n'était qu'un affreux cauchemar. En tant que manipulatrice de feu, il n'y avait pas plus mauvais scénario que d'être entourée totalement d'eau.

Là, à genoux dans son lit, la fillette lève un regard encore choqué vers le miroir présent face au lit. L'image qu'elle renvoie l'inquiète d'avantage. Elle aurait pu se faire peur avec ses yeux grands ouverts, ses petits crocs de renard prêt à se défendre contre une menace invisible. Cette allure apeuré n'est brisée que par la poupée de chiffons sur laquelle blanchissent les jointures de ses doigts tellement elle met de force dans cette poigne.

Se voyant ainsi perturbée, avec ses long cheveux argentés emmêlés et rebelles, elle se force à respirer plus calmement avant de se rallonger paisiblement. Un cauchemar… Cela arrivait à tout le monde n'est-ce pas ? Et très peu se réalisaient au final… Il ne fallait pas qu'elle en vienne à craindre le sommeil.